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24 octobre 1812 – Combat de Malojaroslavetz

Baron Fain – Manuscrit de Mil Huit Cent Douze

 

Nous touchons à l’obstacle qui va changer no­tre marche en une retraite.

L’armée réunie à Borovsk et notre avant-garde portée à Malojaroslavetz, tout semblait autoriser la résolution de marcher vers Kalouga; cependant il n’était pas encore impossible que Koutousov vînt à déboucher d’un moment à l’autre sur Borovsk, et, ce cas arrivant, le parti était pris d’effectuer la retraite sur Viazma par la route de Wéréia, qui désormais nous était ouverte. L’empereur en avait raisonné le 23 avec le prince Eugène comme d’une hypothèse qui perdait toutes ses probabilités. Mais le vice-roi, frappé de la présence des Cosaques que depuis deux jours il voyait constamment sur sa gauche, avait l’es­prit disposé à donner plus d’importance à cette conjecture. Dans la soirée, il ne s’est avancé que de quelques lieues; il a envoyé l’ordre à son avant-garde de rétrograder si l’on entend le canon dans la direction de Borovsk, et le gé­néral Delzons, faisant occuper la position de Malojaroslavetz par deux bataillons seulement, a cru devoir s’arrêter avec le reste de sa division au pied de la ville, en deçà de la rivière d’Ougea.

Cependant la nuit s’est passée tranquillement, et, le jour ayant achevé de dissiper toute inquiétude, le vice-roi s’est remis en marche pour re­joindre Delzons; tous les échelons de l’armée se sont aussi remis en mouvement pour le suivre.

Le 24, le quartier impérial avait quitté Borovsk de bonne heure ; il en était à peine à deux lieues, quand quelques officiers aperçurent à gauche, derrière un ruisseau, à deux cents toises tout au plus, un piquet de dix à douze Cosaques. Les voir et courir dessus fut l’affaire d’un instant; mais on ne put en ramener que deux à l’empereur, qui, arrêté sur le bord de la route, partageait un lé­ger repas avec le roi de Naples, le prince de Neufchâtel et le général Lariboisière. On commençait à interroger ces Cosaques, lorsque sou­dain le canon gronde du côté de Malojaroslavetz. Aussitôt Napoléon monte à cheval et court où le combat se déclare. Rencontré chemin faisant par un officier du vice-roi, il ne tarde pas à être informé de ce qui se passe à l’avant-garde. Les deux bataillons qui la veille ont pris possession de Malojaroslavetz, se sont vus le matin, à la pointe du jour, attaqués par les Russes en nombre supé­rieur; il leur a fallu plier, mais Delzons, avec le reste de sa division, est accouru à leur secours, et la position a été reprise.

Cependant l’ennemi, ne cesse de déboucher avec des forces toujours croissantes. L’action de­vient sérieuse, et le prince Eugène s’avance avec tout son corps d’armée.

À peine instruit de cette alerte, l’empereur dé­pêche l’officier d’ordonnance Gourgaud, qui don­nera l’ordre au vice-roi de conserver Malojarosla­vetz, et lui annoncera qu’on marche pour le sou­tenir. En même temps, il fait presser le pas aux colonnes du prince d’Eckmühl, qui sont les pre­mières sur la route. Le quartier-général et les équipages font halte au hameau de Gorodnia [1], tan­dis que Napoléon continue de se porter en avant.

Vers midi, il arrive en face de Malojaroslavetz, et trouve le vice-roi engagé dans un des plus rudes combats qui aient encore été livrés.

Malojaroslavetz est situé de l’autre côté de l’Ougea, sur une hauteur dont l’escarpement domine notre route. Si les Russes parvenaient à s’y lo­ger, la disposition du terrain et la possession de cet obstacle naturel, leur assureraient une supériorité qui ne nous permettrait plus de penser à forcer le passage. Mais le vice-roi, ses généraux et ses braves soldats ont senti l’importance du mo­ment et de la position. Ils répondent aux attaques multipliées de Koutousov par des efforts de cou­rage et de dévouement qui suppléent à l’inégalité du nombre.

C’est en effet l’armée russe tout entière et forte de plus de 80,000 hommes qui se présente devant nous.

Michail Illarionovich Kutuzov
Michail Illarionovich Kutuzov

Koutousov a fini par comprendre le mouve­ment qui s’est opéré sur sa gauche; mais ce n’est que la veille, la veille seulement, qu’il a levé son camp de Taroutino. Jusque-là, il avait donné peu d’attention aux rapports que Dorokoff lui envoyait des environs de Fomenskoë et de Borovsk. Lorsque, dans la matinée du 23, Miloradowitch est venu lui dire que ses avant-postes s’avançaient sur le chemin de Moscou, au-delà de Voronovo sans rencontrer d’ennemis, il n’y a plus eu moyen de se méprendre. Le moment d’agir sur Borovsk étant manqué, Koutousov a pensé qu’il était temps encore de gagner Malojaroslavetz avant les Français. Toutefois l’exécution ne pouvait être assez vive pour satisfaire sa subite impatience. Une partie de ses troupes était dispersée aux fourrages et aux vivres à plus de vingt verstes du camp, et il avait fallu attendre leur retour. Ne pouvant rallier son monde que dans la soirée, il a disposé d’abord de ce qu’il avait sous la main. La cavalerie légère de Dorokoff et l’infanterie de Doctoroff se trouvaient dans la direction de Borovsk ; il leur a envoyé l’ordre de se porter des premiers sur Malojaroslavetz. Ce sont les co­lonnes de Doctoroff qui ont assailli ce matin les deux bataillons de Delzons. Un plus fort obsta­cle, une ligne plus épaisse n’auraient peut-être pas permis aux Russes de déboucher. Mainte­nant voilà l’armée entière de Koutousov qui dé­file. Elle a marché toute la nuit. On voit les colonnes d’attaque qui se forment et se succèdent dans la petite plaine qui est en arrière entre la ville et les bois.

Eugène de BeauharnaisEugène a d’abord soutenu la division Delzons par la division Broussier; Delzons étant tombé mort, le chef d’état-major Guilleminot l’a rem­placé. Du côté des Russes, Dorokoff a été tué; mais Raeffskoï est accouru ; bientôt il a reçu les renforts de Borosdin, et le vice-roi a fini par en­gager ce qui lui restait de réserve. La division Pino et la garde italienne ont donné. La ville a été prise et reprise plus de sept fois. En proie au fer et à la flamme, elle n’est déjà plus qu’un monceau de cendre et de cadavres. Le général Pino, le gé­néral Fontana, le général Giflenga, aides-de-camp du prince Eugène, ont été blessés.

 

L’empereur s’est placé au bord de la route, sur une éminence, d’où il suit les vicissitudes du combat. C’est de là qu’il donne ses ordres. Il a fait établir à droite et à gauche de fortes batteries qui, d’une rive à l’autre, protègent la défense du vice-roi. Au-dessus du pont de l’Ougea, on a construit un pont de chevalets, pour rendre la communication des secours plus facile. La division Gérard, du prince d’Eckmühl, qui vient de rejoindre, passe sur l’un ; la division Compans passe sur l’autre, et toutes deux se présentent ainsi sur les ailes de l’armée italienne. Leur arrivée termine l’action. Koutousov rappelle à lui ses troupes harassées et se contente d’établir sa ligne en arrière, de façon à couvrir la route de Malojaroslavetz sur Kalouga. Ce n’est qu’à la nuit que l’empereur retourne à son quartier-général de Gorodnia.

Les évènements de la journée lui donnent à ré­fléchir; il est plongé dans de profondes médita­tions, et l’étroite cabane où il a trouvé un abri, le met presque dans la nécessité de penser tout haut en présence des personnes admises à son in­timité.

L’ennemi paraît vouloir prendre position. Si nous l’attaquons, une bataille est inévitable. Dans l’état des affaires, devons-nous la livrer ?

Notre but principal n’est pas de pénétrer sur Kalouga, mais de gagner Smolensk. Il fallait d’abord nous assurer d’un chemin, et nous y avons réussi. Celui de Viazma ne peut plus nous être disputé. De simples combinaisons de marche ont pu être tentées pour nous ménager une route moins épuisée; mais cet avantage secondaire vaut-il qu’on l’achète au prix d’une bataille ? Ce qui répugne le plus à l’empereur, c’est de sacrifier à la victoire pour n’obtenir qu’une meilleure retraite. Cependant le prince Eugène seul a battu Koutousov. Ce qu’il a si bien commencé, toute l’ar­mée réunie n’est-elle pas sûre de l’achever ? En­core quelques pas, et nous atteindrons Kalouga. Nous pourrions du moins nous retirer par la route intacte de Médyn. Pourquoi ne pas recueillir, par un dernier effort, le fruit du combat de la veille ? L’empereur penche évidemment pour le second parti; mais, cette fois encore, il se sent embar­rassé de l’opinion qui s’agite autour de lui. Le génie a ses inspirations; le talent n’a que des cal­culs. Du moment que la volonté de Napoléon a cessé de peser avec sa force accoutumée, c’est à qui l’accablera de ces conseils vulgairement appe­lés les plus prudents.

Il s’agit de finir la campagne et non de la pro­longer, lui dit-on. La question n’est plus de vaincre, mais de rentrer au plus tôt dans des quartiers d’hiver. La route la plus courte et la moins disputée doit être préférée. Il faut donc laisser là Koutousov, sa bataille, et nous en aller !. « Reculer devant Koutousov ! » s’écrie l’empereur, « reculer devant l’ennemi quand on vient de le battre, au moment peut-être où il n’attend qu’un signe pour reculer lui-même !… » [2]

Des officiers ont été laissés aux avant-postes, et pendant la nuit, d’heure en heure, un d’eux se détache pour rendre compte au quartier-général de ce qui se passe sur la ligne des deux armées. Tous les rapports assurent que les Russes restent en présence. L’empereur ne peut se persuader que Koutousov ait cette résolution. Au point du jour, il veut visiter lui-même le champ de bataille.

Le général Gourgaud
Le général Gourgaud

Les officiers d’ordonnance, Gourgaud et d’Aremberg, ont annoncé que toute la nuit on avait entendu, sur notre droite, des pas de chevaux ; on a entendu le même bruit aux avant-postes du général Gérard. Koutousov fait-il un détachement de cavalerie sur Médyn ou ne serait-ce pas plutôt une expédition de Cosaques qui prend un détour pour traverser l’Ougea , et tomber sur quelques-uns de nos bivouacs ? L’événement va bientôt nous en éclaircir.

L’empereur, à cheval, n’ayant encore été re­joint que par trois pelotons de son escorte, s’a­vançait vers Malojaroslavetz, lorsqu’un tourbillon d’alarme et de désordre s’élève tout à coup devant lui et menace de l’envelopper. « C’est Platov ! Ils sont dix mille ! », s’écrie une foule de cantiniers, de conducteurs et d’hommes isolés, qui se précipitent de toutes parts pour échapper à cette horde de Cosaques, dont les uns frappent à droite et à gauche sur les fuyards, tandis que les autres s’efforcent de dérober les pièces d’un parc voi­sin

Napoléon n’a que le temps de passer sur la gauche de la route ; les officiers, l’épée à la main, soutiennent le choc, et dans cette occasion l’in­trépidité du général Rapp brille d’un nouvel éclat. Bientôt les escadrons des grenadiers de la garde accourent. Le duc d’Istrie s’est mis à leur tête, et la route se nettoie.

Un malheur est arrivé. Sous la charge impé­tueuse de nos grenadiers, le capitaine Lecouteux a été frappé comme ennemi, au moment même où il venait de tuer un Cosaque. La redin­gote verte qui   couvrait son uniforme d’aide-de-camp du prince de Neufchâtel a trompé le coup.

Le général Rapp a été renversé et culbuté au plus fort de la mêlée [3].

Les Cosaques sabrés et dispersés, on laisse aux dragons de la garde le soin de les poursuivre; et l’empereur, continuant son chemin, a bientôt gagné les hauteurs où fut Malojaroslavetz. Le champ de bataille est un des plus hideux qu’on puisse voir, et ne témoigne que trop des efforts inouïs qu’on a faits pour s’y maintenir [4]. Napo­léon y est reçu par le vice-roi. « Eugène, » lui dit-il en l’embrassant tendrement, ce combat est votre plus beau fait d’armes [5]. »

Louis Nicolas Davout, maréchal d'empire
Louis Nicolas Davout, maréchal d’empire

L’empereur, accompagné du vice-roi, du prince d’Eckmühl, du duc d’Istrie, passe la plus grande partie de la journée du 25 à recueillir des infor­mations sur les Russes, et à observer leur camp. Il a vu que les deux tiers de leurs morts sont des milices encore habillées de la veste grise. Plus il est à même d’apprécier, la perte immense que l’ennemi vient d’éprouver, et l’état actuel de son infanterie, plus il doute que la résolution de Koutousov puisse être de risquer un nouveau choc. Cependant on lui montre les redoutes que les Russes se hâtent d’élever sur les dehors de leur ligne, et c’est toujours l’avis unanime que Koutousov ne reculera pas.

Le grand nombre de blessés dont le combat de la veille a couvert les débris de Malojaroslavetz, fournit aux partisans de la retraite des arguments plus pressants. « Si l’on risque une bataille, nos ambulances s’empliront encore. Comment les emporter ? Nos blessés seront des hommes perdus. » Le tableau déchirant que l’empereur a sous les yeux prête une grande force à de telles considérations, et c’est vraiment ce qui l’ébranla davantage[6].

« Bien plus, ajoutait-on, si Koutousov se retirait, s’il nous laissait le passage libre, il faudrait nous garder d’avancer. La route qu’il nous céderait nous ferait défiler trop près des coureurs semés autour de lui. S’il n’a recruté son infanterie qu’avec des milices, il a reçu de nombreux renforts de Cosaques; et s’il est faible en ligne de bataille, il n’a jamais été si puissant sur les grands chemins. L’audace de ses hordes indisciplinées n’a pas de bornes. Nous les avons devant nous, derrière nous, sur nos flancs; à chaque pas nous les trouvons. Une seule route peut nous en éloigner pour quelques jours, c’est celle de Viazma , et nous devons nous hâter de la prendre. Le mouvement que les Russes viennent de faire pour couvrir Kalouga l’a déjà dégagée ; s’ils achevaient leur mouvement rétrograde, nous n’en aurions que plus de facilités à nous retirer dans la direction opposée [7]. »

Il est vrai que le retour par Viazma nous fera traverser un désert ; mais on est résigné à braver toutes les privations. Dix ou douze marches sont bientôt achevées, et l’on fera ressource de tout. L’on craint l’hiver, et l’on ne craint pas de se pré­cipiter au milieu d’un pays sans abri ! [8]

Toutefois rien n’est encore décidé. L’empereur laisse l’armée du prince d’Eckmühl en observa­tion devant les lignes de Koutousov, et revient pas­ser une seconde nuit dans la cabane de Gorodnia.

Le 26 au matin, il repart pour Malojaroslavetz; mais, à mi-chemin, il apprend que les ennemis se retirent. Cette nouvelle le soulage de ce qu’il y avait de plus pénible dans le parti proposé de reculer sur Viazma. Koutousov a reconnu l’inu­tilité de sa dernière tentative, et nous quitte le champ de bataille ! L’honneur de nos armes est satisfait ! Dès lors l’empereur ne fait plus difficulté de céder à l’avis de ses généraux. Assis auprès d’un feu allumé sur le bord du chemin, c’est de ce bi­vouac qu’il envoie l’ordre à tout ce qui est encore immobile à Gorodnia de rétrograder sur Borovsk [9].

« Nous marchions pour attaquer l’ennemi, » fait-il écrire par le prince de Neufchâtel à tous les commandants qui sont en arrière; mais Koutousov s’est mis en retraite. Le prince d’Eckmühl s’est d’abord porté à sa poursuite; mais le froid, et la nécessité de se débarrasser des blessés qui sont avec l’armée, décident l’empereur à revenir sur Mojaïsk, et de là sur Viazma. »

Ainsi, dans le même moment, du 26 au 27, l’espace occupé par les deux armées s’est vidé à la fois.

Cependant Koutousov, tout ému de la surprise par laquelle il a failli perdre Kalouga, et de la réception qu’il vient de trouver à Malojaroslavetz, ne croit pas en être quitte à si bon marché. Un corps français, lui dit-on, s’est présenté sur les avenues de Wéréia à Medyn. Le général russe y voit notre armée tout entière qui se retourne de ce côté pour arriver encore sur Kalouga. Il n’est plus occupé que de ce nouveau danger. Il passe les journées du 27 et du 28 à manœuvrer entre Kalouga, Malojaroslavetz et Medyn…. Nous étions déjà de retour sur la grande route de Smolensk ! [10]

NOTES

[1] Ghorodina

[2] Après la bataille de Malojaroslavetz, si glorieuse pour le prince Eugène, si Bonaparte, le second jour, avait poussé son avant-garde, l’armée russe entière, obéissant à des ordres déjà donnés, se serait retirée derrière l’Ocka, et aurait laissé une riche contrée et une ligne de marche sûre, quelque direction que Bonaparte eût pu choisir pour rentrer en Pologne. (Sir Robert Wilson, pag. 23.)

[3] On me replaça sur une selle, dit le général Rapp, dans les mémoires qui portent son nom, et je m’achemi­nai jusqu’au bivouac. Quand Napoléon vit mon cheval couvert de sang, il me demanda si j’étais blessé. Je
lui répondis que j’en avais été quitte pour quelques contusions : alors il se prit à rire de notre aventure, que je ne trouvai cependant pas amusante. (Pag. 226. )

[4] L’intérieur de Malojaroslavetz présentait le spectacle le plus horrible. En y entrant, nous vîmes avec douleur la place où le général Delzons avait péri. Chacun regrettait qu’une mort prématurée eût mis fin à sa glo­rieuse carrière. On donnait également des louanges à l’héroïsme de son frère, qui reçut une blessure mortelle en voulant l’arracher des mains de l’ennemi. Un peu plus loin on nous montra l’endroit où le général Fontana avait été blessé, et au-dessous du plateau, nous vîmes les grenadiers du trente-cinquième de ligne qui rendaient les honneurs funèbres à leur brave colonel.

La ville où l’on avait combattu n’existait plus. On ne distinguait l’alignement des rues que par les nombreux cadavres dont elles étaient jonchées ; les maisons ne for­maient qu’un monceau de ruines, et sous leurs cendres brûlantes paraissaient des squelettes à demi consumés. (M. Eugène de la Baume, pag. 259 et 260. )

[5] Nous ne pouvons nous dispenser d’avouer que le combat de Malojaroslavetz fait le plus grand honneur aux troupes du vice-roi, qui soutinrent les attaques impétueuses des Russes avec une bravoure et une constance admirables. (M. de Butturlin, tom. II, p. 164.)

[6] Au combat de Malojaroslavetz, nous eûmes près de deux mille blessés, dont plusieurs officiers supérieurs, que nous pansâmes sur le champ de bataille, et qu’on fit transporter à la suite de l’armée dans les voitures parti­culières amenées de Moscou. Je dois particulièrement des éloges à MM. Assalini, premier chirurgien du prince; Pinçon, chirurgien principal du corps d’armée, etc., etc. (Le baron Larrey, Mémoires de Chirurgie militaire, loin. IV, pag. 81.)

[7] L’empereur, après avoir discuté un moment, s’approcha du comte de Lobau , et lui dit : « Et vous , Mouton, quelle est votre opinion ? » — « Sire, mon opinion est de se retirer sur le Niémen, par la route la plus courte, par Mojaïsk, et le plus promptement possible. » Ce qu’il répéta à plusieurs reprises. (Le géné­ral Gourgaud, pag. 336.)

[8] Si Napoléon avait réussi à prévenir les Russes sur Ka­louga, il aurait obtenu l’immense avantage de rétablir ses communications avec Smolensk par Iukhnow et Viazma, et avec Mohilow ; et quand même les événemens de la campagne l’eussent obligé de se retirer derrière le Dnie­per, cette retraite, exécutée à travers des pays fertiles et non dévastés, aurait pu s’effectuer sans amener de grands désastres. (M. de Butturlin, tom. II, pag. 149. )

[9] Napoléon s’est reproché souvent d’avoir ainsi cédé à l’opinion des autres. « On lui a entendu dire dans des circonstances encore plus graves, mais inutiles à rapporter » ici, qu’il aurait évité de grands revers, surtout dans les derniers temps de sa carrière, s’il ne s’en était rapporté qu’à lui-même.» (Le général Gourgaud, pag. 343.) fait-il écrire par le prince de Neufchâtel à tous les commandants qui sont en arrière; mais Koutousov s’est mis en retraite. Le prince d’Eckmühl s’est d’abord porté à sa poursuite; mais le froid, et la nécessité de se débarrasser des blessés qui sont avec l’armée, décident l’empereur à revenir sur Mojaïsk, et de là sur Viazma. »

[10] Cette marche rétrograde de Koutousov, qui était une faute grave, aurait pu avoir les plus fâcheuses consé­quences, si Napoléon s’en était aperçu à temps. (M. de Butturlin, tom. II, p. 168,)