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Antoine Charles Louis de Lasalle (1775-1809)

 

Antoine Charles Louis, comte de Lasalle (Artiste inconnu)
Antoine Charles Louis, comte de Lasalle (Artiste inconnu)

Antoine Charles Louis de Lasalle naît le 10 mai 1775 à Metz, dans une famille de la noblesse lorraine. Son père, Pierre-Nicolas de La Salle, commissaire-ordonnateur, est marié à Su zanne Dupuy de la Garde, femme énergique qui a beaucoup d’affection pour son fils.

À 11 ans, il choisit la carrière des armes et, le 19 juin 1786, il entre comme sous-lieutenant de remplacement dans le régiment d’infanterie d’Alsace.

Le 25 mai 1791, il passe sous-lieutenant dans le 24e régiment de cavalerie. Alors que la répression s’exerce contre la noblesse, Lasalle doit quitter son régiment pour rejoindre Paris où sa famille a déménagé au cours de l’année 1792. Il est admis dans la section des Piques et fait partie, dès l’année suivante, des unités de volontaires en partance pour l’armée du Nord.

Le 20 février 1794, il intègre le 23e régiment de chasseurs à cheval et gagne très vite ses premiers galons puisqu’il est fait maréchal des logis le 21 mars de la même année.

Avec son nouveau corps, il assiste à plusieurs combats contre les coalisés et se signale pour « l’attestation de ses bonnes qualités, de sa conduite réglée, de son caractère doux et de ses sentiments vraiment républicains » ainsi qu’en témoigne sa demande de promotion au grade de lieutenant auprès du Comité de salut public, grade qui lui est accordé le 10 mars 1795.

Chasseurs (Knötel)
Chasseurs (Knötel)

La campagne d’Italie

Dix-huit hommes du 1er régiment de cavalerie suivent Lasalle dans son expédition sur Vicence.

Peu après, Lasalle devient aide de camp du général Kellermann, général en chef de l’armée des Alpes. Ce dernier l’emploie comme secrétaire à l’administration du corps. Il est ensuite l’adjoint de l’adjudant-général François Étienne Kellermann, le fils du général qui sert à l’armée d’Italie.

Il est fait prisonnier par les Autrichiens, à Brescia. Conduit auprès du maréchal Wurmser pour être interrogé, ce dernier demande à Lasalle : « mais quel âge a donc votre nouveau général en chef ? » ce à quoi Lasalle répond fièrement « l’âge de Scipion, quand il vainquit Hannibal ». Il est relâché peu après et est affecté à l’état-major de Masséna. Le 7 novembre 1796, à l’âge de 21 ans, il est nommé capitaine.

Bonaparte, le général en chef de l’armée d’Italie, le nomme chef d’escadron le 6 janvier 1797.

Le chef d'escadron Lasalle à la bataille de Rivoli, par Victor Huen.
Le chef d’escadron Lasalle à la bataille de Rivoli, par Victor Huen.

Il est à Rivoli, où il participe de sa personne à la victoire, avec le 22e de chasseurs. On raconte qu’à la fin de la bataille, un Lasalle épuisé se présente à Bonaparte qui, désignant au sol les drapeaux pris à l’ennemi, lui dit : « couche-toi dessus, tu l’as bien mérité ». Plus tard, ce dernier confirme le rôle décisif joué par Lasalle lors de cette journée en disant : « c’est Masséna, Joubert, Lasalle et moi qui avons gagné la bataille de Rivoli ».

Il s’illustre de nombreuses fois durant cette première campagne d’Italie, notamment à Ospedaletto ou au passage du Tagliamento, au mois de mars 1797 : Bonaparte écrira lui-même à Mme Lasalle au sujet de son fils : « ce brave officier s’est comblé de gloire à l’armée d’Italie ».

Devenu chef d’escadron au 7e régiment bis de hussards, Lasalle va de garnison en garnison : Mantoue, Peschiera, Rome, période durant laquelle il rencontre Joséphine d’Aiguillon, la femme du général Victor Léopold Berthier, qui devient sa maîtresse.

Entretemps, le 7e bis de hussards est affecté à l’aile gauche de l’« armée d’Angleterre », destinée à être la future armée d’Orient.

 

La campagne d’Égypte

La bataille des Pyramides, le 21 juillet 1798, vu par Wojciech Kossak. Au cours des combats, Lasalle coupe la retraite des mamelouks avec 60 cavaliers.
La bataille des Pyramides, le 21 juillet 1798, vu par Wojciech Kossak. Au cours des combats, Lasalle coupe la retraite des mamelouks avec 60 cavaliers.

La bataille des Pyramides, le 21 juillet 1798, vu par Wojciech Kossak. Au cours des combats, Lasalle coupe la retraite des mamelouks avec 60 cavaliers.

Le 26 mai 1798, Lasalle embarque avec le général Desaix sur la frégate La Courageuse dans le port de Civitavecchia. Son régiment, le 7e bis de hussards, est à la brigade Mireur avec le 20e dragons. Le 1er juillet, les troupes françaises débarquent sur les côtes d’Alexandrie. La prise de la ville s’effectue sans grande résistance mais pour atteindre Le Caire, l’armée doit entamer la traversée du désert sans eau, sans vivres et harcelée par les Bédouins. Après un premier affrontement contre les mamelouks à Chebreiss le 13 juillet, auquel Lasalle ne prend aucune part, les Français arrivent à proximité des pyramides le 21 juillet 1798. Face aux mamelouks qui se sont retranchés dans le village d’Embabeh pour bloquer l’avance française sur Le Caire, Napoléon forme ses cinq divisions en carrés et lance l’assaut. Les charges de la cavalerie égyptienne viennent se briser sur les formations françaises dont la progression est inexorable. Lasalle est à la tête de 60 hommes et s’empare de la sortie de la redoute d’Embabeh, vers Gizeh, ce qui coupe la retraite de l’ennemi. Le soir même, Bonaparte le nomme chef de brigade provisoire de la 22e demi-brigade de chasseurs à cheval.

Le 7 août, alors qu’il poursuit bey Ibrahim qui s’est enfoncé dans le désert après la bataille des Pyramides. Lasalle est en pointe avec deux escadrons, l’un du 22e chasseurs et l’autre du 7e bis de hussards, suivi par les dragons de Leclerc, il rattrape le convoi égyptien à hauteur de l’oasis de Salalieh. Durant le combat qui s’engage  : « Lasalle a son sabre qui tombe en parant un coup terrible, il saute de cheval, ramasse son arme, combat à pied contre plusieurs mamelucks qui s’acharnent contre ce jeune chef, mais Lasalle en blesse trois, tue un cheval, remonte sur sa monture et continue le véritable tournoi qui se livre ». L’affrontement est longtemps incertain mais l’arrivée des dragons de Leclerc forcent finalement les mamelouks au repli.

Le 14 nivôse an VII, il se distingue aux combats de Souagui et de Rémedieh (le 28 du même mois), abattant d’un coup de sabre les deux mains d’un mamelouk contre lequel se défend le général Davout, renverse plusieurs mamelouks, casse son sabre sur la tête d’Osman Bey, brise ses pistolets en se défendant, prend le sabre d’un dragon blessé, rentre dans la mêlée pour rallier sa troupe, et chasse ses adversaires dans le désert.

Au combat de Samanhout, le 3 pluviôse suivant, il mène la charge. Enfin, le 11 ventôse de la même année, au combat de Gehemi, il défait complètement les Arabes de Yambo et leur tue plus de 300 hommes.

Bataille de Samanhout (Vivant Denon)
Bataille de Samanhout (Vivant Denon)

Lasalle continue de suivre avec son régiment les mouvements du corps commandé par le général Davout, et il force Mourad Bey à se jeter dans le désert. Rentré au Caire, le 22e de chasseurs est envoyé à Belbeys pour contenir le pays et pour assurer les communications entre Salahieh et Le Caire.

Après la convention d’El-Arich, conclue entre le général Desaix et les plénipotentiaires turcs le 5 pluviôse an VIII, Lasalle quitte l’Égypte pour l’Italie.

En 1800, Lasalle revient donc en France. Alors qu’il reçoit des mains de Napoléon Bonaparte (décision du 17 thermidor 1800), une paire de pistolets et un sabre d’honneur, il aurait eu ce mot célèbre : « Tout hussard qui n’est pas mort à trente ans est un jean-foutre. » 

Le 10e de hussards
Le 10e de hussards

Devenu colonel,  un arrêté des Consuls lui confie le commandement du 10e régiment de hussards, et c’est à la tête de cette unité qu’au combat de Vilnadella, le 27 nivôse an IX, où il a trois chevaux tués sous lui et brise sept sabres. Membre de droit dans la 5e cohorte de la Légion d’honneur, il est nommé commandeur de l’ordre le 25 prairial an XII. Général de brigade le 12 pluviôse an XIII (1er février 1805), il a, le 11 ventôse suivant, le commandement d’une brigade de dragons stationnée à Amiens. C’est avec ces troupes qu’il prend part à la bataille d’Austerlitz.

 

oséphine d’Aiguillon
oséphine d’Aiguillon

En 1803, il avait  épousé Joséphine d’Aiguillon, avec qui il aura, en 1806, une fille : Joséphine Charlotte de Lasalle. Cette dernière épousera Michel Yermeloff, général-major de Russie et premier aide de camp du grand-duc Michel Pavlovitch.

 

 

 

 

Campagne de Prusse et de Pologne

Le général Lasalle et sa « brigade infernale » à Prenzlau, le 28 octobre 1806, vu par Job.
Le général Lasalle et sa « brigade infernale » à Prenzlau, le 28 octobre 1806, vu par Job.

En 1806 il est à la tête de sa « brigade infernale » composée du 5e et du 7e régiment de hussards. Il capture ainsi les gendarmes de la Garde du roi de Prusse et il force le prince de Hohenlohe à la capitulation à Prenzlau.

La brigade infernale
La brigade infernale

Le 26 octobre 1806, il défait la division de cavalerie de Hohenlohe, à  Zehdnick.

Le 28 octobre 1806, au village de Prentelau, il contribue par ses charges puissantes aux succès de la journée.

La prise de la forteresse de Stettin le 29 octobre est ensuite son succès le plus éclatant, qui contrôle la route vers l’Oder. La perte de cette place ferme la route de Blücher, alors en retraite depuis Auerstaedt, vers la Poméranie. Il est contraint d’aller vers le nord, poursuivi par Murat, Bernadotte, Soult et Lasalle. Blücher finira par livrer combat à Lübeck, et se rendra.

Le 26 décembre 1806, Lasalle est à Golymin, sa brigade s’élance à la charge des batteries russes, lorsque le commandement « Halte ! » repris sur toute la ligne arrête les cavaliers dans leur élan. Lasalle qui charge en tête avec un escadron, revient sur ses pas et rallie les deux régiments. Sans savoir d’où venait l’ordre, ni pourquoi, le général fait placer ses cavaliers en ligne de bataille face aux Russes avec interdiction de bouger. Lasalle se place en avant de ses troupes et reste immobile avec ses hommes face au feu de l’ennemi. Le général perd deux chevaux, et dix de ses cavaliers sont tués. Au bout de deux heures, le général commande « Rompez les rangs ! ». La brigade infernale a payé son indiscipline.

Général de division le 30 décembre 1806, Lasalle est nommé commandant de la cavalerie légère de la réserve en 1807. À Heilsberg, le 12 juin, le prince Murat, grand-duc de Berg, est entouré au fort de la mêlée par une douzaine de dragons russes. Lasalle s’en aperçoit, et se rue seul à l’aide de Murat. Il tue l’officier qui commande le détachement et met les onze dragons en fuite. Peu après, alors qu’il est enveloppé à son tour, Murat se précipite au milieu des assaillants, dégage celui qui venait de lui sauver la vie et dit en lui serrant la main : « général, nous sommes quittes ».

En juillet suivant, l’Empereur lui confère la croix de chevalier de la Couronne de fer. Il est ensuite envoyé en Espagne sous les ordres de Bessières (15 février 1808).

Campagne d’Espagne

Au mois de juin, à Torquemada, il défait complètement un corps nombreux d’insurgés espagnols, et les contraint à se réfugier dans les montagnes. Il se porte ensuite sur Palencia, que les insurgés ont abandonné à l’approche des troupes françaises, et marche sur Valladolid, appuyé par une colonne d’infanterie de la division Merle. Au village de Cabezon, il rencontre un corps de troupes régulières d’environ 7 000 hommes. Il les attaque aussitôt et les bat complètement. L’ennemi, culbuté en un instant, se disperse dans les montagnes, abandonnant son artillerie et laissant plus de 1 000 morts sur le champ de bataille. Lasalle entre le même jour dans Valladolid, où il rétablit l’ordre.

Le 14 juillet 1808, à la bataille de Medina del Rio Seco, Lasalle, par une charge des plus brillantes, fixe la victoire sous les drapeaux français. 3 000 Espagnols restent sur le champ de bataille (1 100 tués, le reste blessés ou prisonniers) et tous les bagages et les canons de l’armée ennemie tombent aux mains des Français.

Bataille de Medina del Secco (Joseph-Bernard Flaugier.)
Bataille de Medina del Secco (Joseph-Bernard Flaugier.)

Par décret de septembre 1808, Napoléon le nomme grand officier de la Légion d’honneur, et le crée ensuite comte de l’Empire.

Le 10 novembre, à la bataille de Burgos, Lasalle concourt encore au succès de la journée. Peu de jours après, au combat de Villa-Vigo, il prend sept pièces de canon et quatre drapeaux. Vers la fin du mois de mars il passe le Tage, nettoie la rive gauche de ce fleuve et vient prendre part, le 28 mars 1809, à la bataille de Medellín, où 14 800 Espagnols restent sur le champ de bataille. 5 000 prisonniers, 19 pièces de canon furent les trophées de cette journée dus à l’intrépidité du général Lasalle.

 

Campagne d’Allemagne et d’Autriche

Ce fut son dernier fait d’armes dans la péninsule espagnole, où on le surnomme « Picaro ». Il part immédiatement après pour prendre le commandement d’une division de cavalerie à la Grande Armée pendant la campagne d’Allemagne et d’Autriche, au cours de laquelle Lasalle se distingue à Essling, les 20 et 22 mai 1809, puis au siège de Raab, les 15 et 24 juin suivant.

Le 6 juillet 1809, au soir de la bataille de Wagram, séparé momentanément de ses hussards, il avise un bataillon d’infanterie ennemi et essaie, avec des cuirassiers du 1er régiment, de le disperser. Il tombe alors au champ d’honneur, frappé en pleine tête d’une balle tirée par un grenadier hongrois en retraite.

La veille de la bataille, ouvrant ses bagages et trouvant sa pipe cassée, un flacon de sa cave à liqueur et le verre recouvrant le portrait de sa femme brisés, il avait dit à son aide de camp, le chef d’escadron Charles Yves César Cyr du Coëtlosquet : « Je ne survivrai pas à cette journée. »

Il meurt à 34 ans, en ayant dépassé de quatre ans la limite qu’il s’était lui-même fixée. Dans la dernière lettre qu’il adressa à son épouse, il écrivait : « Mon cœur est à toi, mon sang à l’Empereur, ma vie à l’honneur. » 

 

Enterré d’abord à Vienne, au cimetière Sankt-Marx, ses restes seront ramenés d’Autriche aux Invalides en 1891. [1]Une visite effectuée le 21 mai 2020 a permis de constater, hélas, que les restes de la tombe au cimetière Sankt-Marx ont, malheureusement, disparus

L’emplacement de la première tombe de Lasalle, au cimetière Sankt-Marx de Vienne

Un décret impérial du 1er janvier 1810 ordonna qu’une statue de Lasalle serait placée sur le pont de la Concorde.

Une rue de Metz prit son nom, et son portrait fut placé dans un des salons de l’Hôtel-de-Ville.

En 1891, une statue de lui fut érigée à Lunéville.

La statue de Lasalle à Lunéville (Courtoisie Dominique Tmmermans)
La statue de Lasalle à Lunéville (Courtoisie Dominique Tmmermans)

Il a son buste dans la galerie des batailles du château de Versailles et son nom gravé sous l’arc de triomphe de l’Étoile (pilier Est).

Buste de Lasalle à Verdailles (Pierre Simart)
Buste de Lasalle à Verdailles Pierre Siamart)

Une rue porte son nom dans le 19e arrondissement de Paris.

 

References

References
1 Une visite effectuée le 21 mai 2020 a permis de constater, hélas, que les restes de la tombe au cimetière Sankt-Marx ont, malheureusement, disparus