Correspondance de Napoléon – Avril 1813
Paris, 5 avril 1813.
A M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur le Duc de Bassano, il est nécessaire que vous écriviez à tous mes ministres près les cours de la Confédération de déclarer la guerre à la Prusse et de demander qu’en conséquence on renvoie les ministres que la Prusse a près de ces différentes cours, notamment à Francfort et à Würzburg, où ce sont autant d’espions. Recommandez qu’on ait soin de leur donner des passeports pour la Bohême, pour ne pas les faire passer par notre ligne d’opération.
Paris, 5 avril 1813.
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Je réponds à votre lettre du 5 avril. J’approuve la mesure que vous me proposez d’incorporer dans l’artillerie de terre soixante officiers de l’artillerie de marine, choisis parmi les meilleurs ; mais il faut que cette mutation se fasse sans désorganiser le régiment de cette dernière arme. J’approuve également, 1e que cinquante élèves de l’École polytechnique soient envoyés sur-le-champ à Metz; 2° que cent élèves de l’École de la Flèche soient envoyés à celle de Saint-Cyr pour y compléter leur instruction (les cent élèves partant de la Flèche seront remplacés de suite) ; 3° que vous accordiez cent emplois d’officiers à un pareil nombre de sous-officiers d’artillerie. Il faut que trente-quatre élèves de l’École de Metz et les cinquante de l’École de Saint-Cyr, qui doivent sortir en septembre et octobre, sortent de ces écoles au mois de mai.
Paris, 5 avril 1813.
Au maréchal Ney, prince de la Moskova, commandant le 3e corps de la Grande Armée, à Würzburg.
Je reçois votre lettre du 1er avril. Je vois avec plaisir que vous êtes content des troupes des divisions Souham et Brenier.
Le 2e bataillon du 29e léger est parti depuis cinq jours de Beauvais; il ne tardera donc pas à vous rejoindre. Seize compagnies d’artillerie doivent arriver de Magdeburg à Mayence; sur ces seize, il y en a huit pour vous. Je pense donc que vos embarras doivent avoir cessé sur cet article. Les 800 chevaux du 10e hussards qu’a le général Laboissière se trouveront augmentés des 400 du 6e escadron et des 600 de Bade; ce qui fera 1,800 chevaux; c’est un commencement de forces.
Le général Dombrowski a été envoyé sur les derrières, parce qu’il est en très-mauvais état et a besoin de se refaire. Le vice-roi m’avait écrit qu’il l’avait envoyé sur le grand-duché de Berg; il paraît avoir changé de direction. Faites-le approcher de Würzburg et d’Aschaffenburg, et faites-moi connaître ce qui lui manque pour mettre ses troupes en ligne.
J’approuve fort tout ce que vous me dites dans votre lettre. Il ne faut s’exposer à aucune marche rétrograde ; mais, étant très-sûr de l’Autriche, et, par les renseignements qui me sont parvenus, étant instruit des forces que l’ennemi a laissées devant Danzig, devant le prince Schwarzenberg et devant les places de l’Oder, je ne crois pas que les Russes soient en position de passer l’Elbe en grande force. Je vous ai fait connaître que le général Bertrand devait avoir, aujourd’hui 5, son quartier général à Augsburg, et qu’il sera du 10 au 12 à Nuremberg. Correspondez avec lui.
Nous sommes un peu en retard pour les pontonniers; mais je donne l’ordre que plusieurs pontonniers et deux équipages de marins, qui ont fait la campagne et faisaient partie de la garnison de Pillau qui n’est pas prisonnière, et arrivent à Erfurt, vous rejoignent. Vous pouvez en former le fond d’un équipage de pont.
Le mouvement du général Souham est propre à en imposer à l’ennemi et à faire une diversion favorable au vice-roi.
Paris, 5 avril 1813.
Au général comte Bertrand, commandant le 4e corps de la Grande Armée, à Augsburg.
Monsieur le Comte Bertrand t je reçois votre lettre du 30 mars. Je vous ai déjà dit que chaque ambulance, qui doit être de cinq caissons, si ce sont des caissons d’ancien modèle, et de six, si ce sont des caissons du nouveau, doit porter du linge à pansement et de la charpie pour dix mille blessures. Vous devez avoir cinq ambulances ; vous devez donc avoir pour cinquante mille blessures.
La lettre du comte de Cessac est mal faite.
Paris, 5 avril 1813.
Au maréchal Marmont, duc de Raguse, commandant le 6e corps de la Grande Armée, à Hanau.
Il se réunit à Mayence deux divisions de marche de cavalerie : la 1e, composée de tous les détachements fournis de France par les régiments qui font partie du 1er corps de cavalerie, formés en quatre régiments de marche; l’autre, composée de tous les détachements des régiments qui font partie du 2e corps. Vous prendrez le commandement de ces deux divisions, et vous les placerez dans les environs de Hanau, dans des lieux où elles puissent se former et s’organiser. Les cinquante et un régiments de cavalerie de la Grande Armée entrent dans la formation de ces deux divisions, dont le ministre déjà guerre vous enverra le tableau. Chacun de ces cinquante et un régiments finira par fournir 500 hommes, ce qui portera ces divisions à 25,500 hommes. La tête de ces régiments étant à l’armée de l’Elbe, et formant à peu près 15,000 hommes, cela fera plus de 40,000 hommes de cavalerie pour les cinquante et un régiments. Mon intention est bien, aussitôt que cela sera possible, de réunir tous ces détachements à leurs régiments respectifs, à l’armée de l’Elbe; mais, en attendant, ils doivent pouvoir servir et pouvoir se battre, si cela est nécessaire, avant leur réunion. Vous passerez en revue tous les détachements; vous leur ferez fournir ce qui leur manquerait; vous me proposerez la nomination aux emplois vacants ; enfin vous ferez tout ce qui est nécessaire pour que ces divisions soient bien et promptement organisées. Le ministre de la guerre envoie les généraux, colonels, majors et chefs d’escadrons nécessaires à ce corps.
Je donne ordre au duc de Plaisance de se rendre à Mayence pour y suivre, sous vos ordres, tous les détails de cette organisation.
Paris, 6 avril 1813.
A M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur le Duc de Bassano, instruisez confidentiellement mes ministres à Stuttgart, à Karlsruhe, à Munich, à Würzburg, à Darmstadt et en Westphalie, que je serai rendu du 12 au 15 à Mayence.
Paris, 6 avril 1813.
Au général Lacuée, comte de Cessac, ministre directeur de l’administration de la guerre, à Paris.
Monsieur le Comte de Cessac, votre lettre étant mal écrite, on en a conclu, à l’armée d’observation d’Italie, que les quatre ambulances ne devaient avoir ensemble que pour dix mille blessures; il faudrait que le chef de la division des ambulances sût exprimer ses idées en français.
Paris, 6 avril 1813.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Paris.
Je désire que vous soyez rendu le 12 à Mayence avec tout votre état-major. Je désire également que le comte Daru soit rendu le 12 à Mayence avec tous ses employés et toutes ses administrations; il remplira les fonctions supérieures d’ordonnateur de l’armée du Main.
Paris, 6 avril 1813.
Au comte Daru, ministre secrétaire d’État, à Paris
Au comte Daru, ministre secrétaire d’État, ordonnateur en chef de l’armée du Main, à Paris
Monsieur le Comte Daru, je désire que vous soyez rendu le 12 à Mayence. Vous remplirez les fonctions d’administrateur supérieur de l’armée du Main. Ayez soin que les ordonnateurs, commissaires des guerres, employés de l’administration, médecins, chirurgiens, payeurs, que tout se trouve rendu à Mayence à cette époque.
Vous me soumettrez un projet de décret qui chargera le duc de Cadore de remplir les fonctions de secrétaire d’État auprès de la Régente. Apportez-moi aujourd’hui à cinq heures, 1e le décret sur le service pendant mon absence ; 2° le décret pour la garde de Paris ; enfin tout ce que vous avez à me soumettre.
Vous avez beaucoup d’affaires d’administration : avant de partir, prenez des renseignements auprès du ministre de la guerre et du comte de Cessac, pour tout connaître.
Paris, 6 avril 1813.
Au maréchal Kellermann, duc de Valmy, commandant supérieur des 5e, 25e et 26e divisions militaires, à Mayence.
Je reçois votre lettre du 3 avril. Je suis surpris que les seize compagnies d’artillerie qui doivent arriver à Magdeburg ne soient pas encore arrivées. Cela est indépendant des seize cadres.
Je reçois la lettre ci-jointe du général Bourcier. Comment est-il possible que les effets partis dans le mois de février ne soient pas encore arrivés à Magdeburg ? Voyez le préposé de la compagnie chargée de ces transports, pour savoir s’il a ses reçus. Écrivez à ce sujet au général Bourcier; envoyez-lui l’état de ce qui est parti en février et dans la première quinzaine de mars, et dites-lui de se donner du mouvement; que rien ne se fait tout seul; qu’il faut qu’il envoie des officiers savoir où sont les convois, et les prendre.
Paris, 6 avril 1813.
À Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, commandant en chef la Grande Armée, à Magdebourg.
Mon Fils, la 32e division est mise hors la Constitution, comme vous l’aurez vu par le Moniteur d’hier. Toute la 32e division est sous vos ordres. Le major général l’a écrit au général Saint-Cyr et au général Vandamme; ce qui n’empêche pas ces deux généraux de correspondre directement avec le major général.
Donnez-vous du mouvement pour la cavalerie. L’administration est si lente, que rien ne marche si l’on ne se donne des soins infinis. Il est très-certain qu’une grande quantité d’effets de sellerie et d’habillement est partie de Mayence pour Magdeburg et doit être arrivée à Magdeburg, ou bien près d’arriver. Envoyez chercher le préposé de la compagnie chargée de ces transports, et faites partir des officiers pour aller au-devant de ce qui est en retard, afin d’avoir toute cette cavalerie à cheval. Je vous ai mandé que désormais je fais tout diriger par Wesel.
Le général Dombrowski, au lieu de venir par le duché de Berg, est arrivé sur Würzburg.
Peut-être le roi de Westphalie a-t-ii raison de ne pas exposer ses troupes dans des moments douteux, de crainte qu’elles ne se débauchent : lorsque, au contraire, on ira en avant, tout cela nous servira bien.
Paris, 6 avril 1813.
Au maréchal Ney, prince de la Moskova, commandant le 3e corps de la Grande Armée, à Würzburg.
L’officier d’ordonnance Laplace doit être dans vos environs. Envoyez-le au corps de Dombrowski pour voir ce qui lui manque; il est urgent de prendre toutes les mesures nécessaires pour que ce corps soit fourni de tout, que sa cavalerie soit montée et son infanterie armée et habillée. 11 faut l’approcher des derrières pour l’organiser entièrement.
Si le général Durutte était obligé d’évacuer la Saale, je pense qu’il ferait bien de se renfermer dans Erfurt : la ville est à l’abri d’un coup de main; la citadelle est armée et approvisionnée; il resterait là maître du pays.
Il ne paraît pas encore que l’ennemi soit en mesure de passer l’Elbe avec de grandes forces. Tous les bruits qu’il fait courir sont exagérés et faux. Le général Vandamme arrive sur le Weser avec quarante bataillons ; il y est déjà arrivé, de sa personne, avec huit ou dix. Tous mes équipages sont à Mayence, de sorte que je puis y arriver en quarante-huit heures. Mais je ne vois pas encore mes armées assez avancées pour prendre l’offensive, ni l’ennemi assez menaçant pour croire ma présence indispensable à Mayence. Je voudrais pouvoir rester encore une quinzaine de jours, car j’ai bien des affaires ici.
Je suppose que le régiment de dragons de Bade doit être arrivé le 1er ou le 5, ce qui portera votre cavalerie à 1,800 hommes. Si vous y joignez les 1,200 Saxons, le général Souham serait probablement dans le cas de repousser tous les partis ennemis. Vous devez, à l’heure qu’il est, avoir toute votre artillerie. Les seize compagnies doivent être arrivées à Magdeburg.
Paris, 7 avril 1813.
À M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur le Duc de Bassano, écrivez au comte de Narbonne d’envoyer des agents en Bohême afin d’avoir des nouvelles de l’ennemi. Il faudrait qu’il eût quelqu’un à l’extrême frontière, le plus près possible de Glogau, pour savoir où en est l’investissement de cette place et si le siège en est commencé.
Paris, 7 avril 1813.
Au prince Lebrun, gouverneur général des départements de la Hollande, à Amsterdam.
1,500 Suisses se dirigent sur Utrecht, huit bataillons se dirigent également sur cette ville, ce qui portera le corps d’observation d’Utrecht à 12,000 hommes; mais ces troupes n’y seront que temporairement; elles seront relevées par vingt-huit bataillons, composés de la conscription de 1814, dans le courant de mai. Ainsi vous pouvez compter que pendant tout Tété vous aurez au moins vingt bataillons, de 800 hommes chacun, en position à Utrecht ou aux environs. Soyez donc sans inquiétude. Ordonnez au général qui commande la 31e division de faire réoccuper les iles.
Le général Vandamme est à Bremen ; il y est arrivé avec la tête de sa colonne. Trente bataillons ont déjà passé le Weser. Le prince d’Eckmühl longe l’Elbe et marche sur Lüneburg pour couper les partis ennemis qui ont passé la rivière. Le vice-roi a 100,000 hommes sur la rive droite de l’Elbe, en avant de Magdeburg ; il a déjà culbuté un corps prussien. Le corps du prince de la Moskova, fort de 60,000 hommes, est entièrement réuni entre Würzburg et Meiningen; il a son quartier général à Würzburg. Le duc de Raguse aura également ses 60,000 hommes à Hanau et Fulde vers le 15 de ce mois. Le corps du général Bertrand, fort aussi de 60,000 hommes, qui débouche d’Italie, sera réuni vers le 20 entre Ratisbonne et Bamberg. Ma Garde a déjà à Francfort 6,000 chevaux, 20,000 hommes d’infanterie et cent pièces de canon, et les départs continuent tous les jours. Quant à l’Autriche, il n’y a aucune inquiétude à, avoir; le prince Schwarzenberg arrive aujourd’hui : les relations les plus intimes existent entre les deux cours.
J’ai nommé le sénateur Ferino pour aller en Hollande organiser les gardes nationales. Comme elles seront peu nombreuses, vous pourrez organiser de beaux bataillons composés des principaux propriétaires et des hommes le plus attachés à la France. Voyez, dans le choix des officiers, à éloigner les Orangistes.
Paris, 7 avril 1813.
Au maréchal Ney, prince de la Moskova, commandant le 3e corps de la Grande Armée, à Würzburg.
J’ai donné ordre que les troupes de Saxe-Gotha et de Saxe-Weimar fussent sous les ordres du général Bonet. J’ai donné ordre au duc de Raguse de porter la division Bonet à Vacha, la division Compans à Fulde, et sa 3e division entré Hanau et Fulde, aussitôt qu’elle aura son artillerie. J’espère que, du 15 au 20, le duc de Raguse pourra porter son quartier général à Fulde. A la même époque, la tête du corps du général Bertrand arrivera à Bamberg.
Je désire bien connaître la route qui conduit directement de Meiningen à Vacha, celle qui conduit de Meiningen à Gotha et celle qui conduit de Meiningen à Eisenach, ainsi que toutes les routes praticables pour l’artillerie qui existent dans l’espace compris entre la route de Gotha à Würzburg et celle de Gotha à Hanau par Fulde. Faites-moi faire un croquis de cela. Il y a besoin d’un pont entre Würzburg et Bamberg ; faites-le établir.
Paris, 7 avril 1813.
Au maréchal Marmont, duc de Raguse, commandant le 6e corps de la Grande Armée, à Hanau.
J’ai donné ordre que la division Bonet se rendit à Fulde. J’ai donné ordre que deux bataillons de Würzburg, qui sont à Würzburg se rendissent à la division Bonet, à Fulde. Les quatre bataillons de la division Durutte qui sont à Mayence se rendent également à la division Bonet. Le général Bonet aura ainsi sous ses ordres six bataillons de la division Durutte, qui rejoindront cette division aussitôt que ce dernier pourra les lui faire passer avec sûreté. J’ai donné ordre au général Durutte, qui arrive à Iéna, dans le cas où il serait obligé de quitter la Saale, de se renfermer dans Erfurt; ce qui portera la garnison de cette place à 5,000 hommes. Le général Bonet devra se mettre en communication, de Fulde, avec le prince de la Moskova, à Würzburg : il y a une route directe; faites-la reconnaître. Il y a à Gotha un millier d’hommes appartenant aux princes de Saxe, et 900 hommes de ma Garde à cheval, commandés par le colonel Lion ; ces troupes ne se retireront de Gotha que dans le cas où cela serait nécessaire, et où l’ennemi ferait un grand mouvement par Dresde, ce qui ne paraît pas probable. Le général Bonet tiendra une avant-garde à Vacha, sur la Werra, et se mettra en communication avec la division Souham, qui est à Meiningen, également sur la Werra. Faites reconnaître cette route.
Donnez ordre au général Pernety d’envoyer, sans aucun délai, son artillerie au général Bonet : il est de la plus grande importance que cette division ait ses seize pièces de canon. Aussitôt que la division Bonet aura ses seize pièces, et que la division Compans aura également son artillerie, vous pousserez la division Compans sur Fulde et la division Bonet sur Eisenach.
Faites connaître à Gotha que les troupes de Gotha et de Weimar sont sous les ordres du général Bonet. Si les 900 hommes de ma Garde à cheval étaient obligés de quitter Gotha, le général Bonet les retiendra avec lui. Aussitôt que votre 3e division aura également son artillerie, vous la dirigerez sur Fulde. Tous ces mouvements préparatoires ont pour but de faire sentir à l’ennemi la présence de vos troupes, et de l’empêcher par là de se porter sur le vice-roi, qui est avec 100,000 hommes en avant de Magdeburg.
Il paraît que vous ne pouvez pas compter sur votre 4e division, puisqu’elle ne sera formée qu’au mois de mai ou de juin. Faites-moi connaître la situation de vos divisions et celle de votre artillerie et de votre génie, en matériel et personnel. Je suppose que les régiments de marine ont leurs musiques ; s’ils n’en ont pas, faites-leur-en former sur-le-champ. Je suppose aussi qu’ils ont des sapeurs avec de bonnes haches. Les régiments provisoires doivent avoir également au moins quatre sapeurs par bataillon. Le 37e léger aura également ses sapeurs et sa musique. Vous devez connaître mon règlement pour les ambulances et les équipages, pour les bagages des officiers, pour les ambulances régimentaires et la comptabilité des corps; tout cela à dos de mulets ou de chevaux de peloton. Donnez des ordres en conséquence. Faîtes-moi connaître si la solde de vos troupes est au courant; cela est d’autant plus important que cela soulagerait le pays.
Les bataillons des régiments de marine sont trop faibles. Vous laisserez à Mayence six cadres de bataillons de ces régiments, savoir, deux pour le régiment qui a huit bataillons, deux pour le régiment qui en a six, et un pour chacun des deux régiments qui ont trois bataillons, de sorte que vous pourrez porter les bataillons que vous garderez à 600 hommes chacun. Comme j’ai pris des mesures pour compléter promptement les bataillons laissés à Mayence, il ne faut en aucune manière en affaiblir les cadres.
Saint-Cloud, 8 avril 1813.
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Je désire que vous me présentiez un projet de décret pour faire couper dans les forêts des communes et autres forêts riveraines, et dans celles de mes alliés, tous les bois nécessaires pour approvisionner complètement Huningue, Neuf-Brisach, Kehl, Landau, Mayence, Wesel, Juliers, Venlo, Grave, en désignant dans le décret les bois où les coupes seront faites. Ces bois seront mis en magasin, et, comme ils peuvent s’y conserver cinquante ans, ils y resteront en réserve. Il serait ridicule que des places de cette importance restassent dépourvues de cet approvisionnement. Que vos calculs soient faits largement dans le décret, afin que je n’en entende plus parler. Cela ne me coûtera rien, puisque ce sera fait par voie de réquisition.
Il me semble inutile de prendre cette mesure pour Anvers, vu la grande quantité de bois que la marine et ses chantiers peuvent fournir au besoin ; mais il faudrait l’appliquer à Flessingue, au fort Impérial et au fort Napoléon de l’île de Cadzand, à Ostende, à Calais, à Dunkerque, le Havre, Cherbourg, etc.
Je voudrais aussi que la même mesure fût prise pour Alexandrie, Palmanova, Fenestrelle. Cette mesure doit s’étendre à toutes mes places ; celles où se trouvent des chantiers de marine peuvent faire exception, en raison des bois de marine qui s’y trouvent et qu’on peut prendre dans des circonstances urgentes. Je n’ai pas besoin de parler du fort Lasalle et des places de Hollande, qui doivent être en premier ordre.
Saint-Cloud, 8 avril 1813.
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Donnez ordre au duc de Castiglione de se rendre à Francfort, où il prendra le commandement de Francfort, de Hanau et de tous les États du grand-duc de Francfort. Il veillera à y maintenir le bon ordre et une bonne discipline, et il y sera à portée de recevoir un service plus actif. Il faut qu’il soit rendu à Francfort du 14 au 15.
Saint-Cloud, 8 avril 1813.
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Duc de Feltre, il n’est pas d’usage de faire venir dans les dépôts qui sont à Paris des conscrits de l’ancienne Vendée ni de la Bretagne. Cette réflexion s’applique à ce que vous proposez pour le recrutement du 32e.
Je vous avais également autorisé, pour cette fois, à placer tous les conscrits des départements au-delà des Alpes dans les dépôts qui sont en Italie. Ainsi Gênes envoie 500 hommes à Navarreins : au lieu de cela, que ce département les envoie à Vérone. Montenotte envoie 582 hommes à Marseille : qu’il les envoie à Vérone. Le Pô envoie à Wesel, pour le 11e léger, 300 hommes, et à Rome, 220 hommes : ces deux dispositions ne valent rien ; les 300 hommes de Wesel seront envoyés à Vérone, ainsi que les 220 hommes qui sont à Rome.
Il en sera de même pour les 280 hommes que le département de La Stura envoie à Rome. Réunissez tout cela à Vérone.
On recrutera le 6e de ligne avec des Français, puisqu’il est possible que ce régiment reste à Rome.
Je ne vois pas non plus pourquoi vous ne donnez pas tout ce qui est à Paris et dans les départements environnants à la Garde impériale; cela éviterait bien des marches et simplifierait l’opération.
Saint-Cloud, 8 avril 1813.
Au comte Lavalette, directeur général des Postes, à Paris.
Une lettre d’Augsburg, du 4, ne m’arrive qu’aujourd’hui 8 : il me semble que c’est bien tard ; on doit venir ici d’Augsburg en moins de soixante et douze heures. Voyez d’où vient ce retard.
Le quartier général du général Bertrand doit être porté le 13 à Nuremberg; ainsi la lettre que j’écris aujourd’hui à ce général, vous pouvez l’expédier encore par Augsburg; mais le prochain courrier devra être dirigé de Strasbourg sur Nuremberg.
Saint-Cloud, 8 avril 1813.
Au maréchal Ney, prince de la Moskova, commandant le 3e corps de la Grande Armée, à Hanau.
Je désire que vous m’envoyiez le livret de situation de votre corps, rédigé de manière que je connaisse bien la situation de votre artillerie et de votre génie en matériel et personnel, ainsi que la situation de tous vos régiments en colonels, majors, chefs d’escadrons, officiers, soldats; les généraux, adjudants-commandants, etc. Je suppose que vous connaissez mon décret sur les bagages; établissez un vaguemestre, et tenez-y la main. Vous connaissez également mon décret sur les ambulances régimentaires, qui seront sur des mules ou chevaux de peloton, ainsi que ceux que j’accorde aux officiers pour leurs bagages et aux corps pour leur comptabilité. Mettez tout cela en règle.
Je suppose que le 22e de ligne a ses sapeurs, sa musique et son aigle. S’il n’avait pas sa musique, il faudrait qu’il en format une sur-le-champ. Donnez des ordres, et assurez-vous de leur exécution, pour que chacun des huit régiments de cohortes ait une musique, bonne ou mauvaise. Toutes leurs fournitures doivent être à l’uniforme de la ligne; ils doivent avoir aussi leurs sapeurs. J’ai ordonné également que les régiments provisoires aient au moins quatre sapeurs par bataillon. Faites bien exécuter tout cela.
J’ai fait mettre des fonds à la disposition de votre commandant d’artillerie. Procurez-vous quelques chevaux à Cobourg, Hildburghausen, Meiningen, etc., pour remplacer vos mauvais chevaux, bien atteler votre artillerie et vos équipages. Faites faire cette réquisition en règle; assurez le payement et donnez des bons. Le principal est de bien mettre en état vos attelages et de réparer les pertes que vous aurez dû éprouver de Metz à Meiningen.
Mettez-vous en communication directe avec le général Bonet à Fulde. Faites faire le croquis de cette route, et faites-moi connaître si elle est bonne; faites faire également par un de vos ingénieurs le tracé de la route de Meiningen à Vacha.
J’ai 6,000 chevaux de ma Garde réunis à Francfort; 3,000 partent de Paris ces jours-ci : à la fin du mois, j’aurai donc 9,000 chevaux de ma Garde à Francfort. Le général Bertrand en a 4,000. J’espère qu’avec les Wurtembergeois et les Saxons vous en aurez bientôt 5,000.
Saint-Cloud, 8 avril 1813.
Au général comte Bertrand, commandant le 4e corps de la Grande Armée, à Augsburg.
Monsieur le Comte Bertrand, portez votre 1e et votre 4e division, avec votre cavalerie et votre artillerie, à Bamberg, et portez-y votre quartier général. Tâchez que tout cela soit arrivé du 15 au 20. Poussez votre 2e et votre 3e division sur Nuremberg et Anspach. Les événements deviennent pressants : il faut donc se trouver en ligne. Je vous ai mandé d’écrire au maréchal Ney, qui se trouve à Würzburg.
Faites faire 200,000 rations de pain biscuité à Bamberg, afin que vos troupes en puissent prendre à leur passage; faites-y préparer 4,000 quintaux de farine.
Écrivez à mon ministre à Munich pour que le roi fasse passer, s’il est possible, 3 à 4,000 coups de canon à Kronach et autant à Forchheim, et 500,000 cartouches d’infanterie dans chacune de ces deux places.
Saint-Cloud, 8 avril 1813.
Au général comte Bertrand, commandant le 4e corps de la Grande Armée, à Vérone.
Monsieur le Comte Bertrand, je vous ai mandé de presser le mouvement de La queue de vos troupes sur Nuremberg et Anspach. Je suppose que chaque division a ses généraux et son artillerie. La 1e division et la 4e doivent être avant le 15 entre Anspach et Nuremberg; faites-y venir la cavalerie, puisque vous êtes dès ce moment en mesure. Établissez près de Ratisbonne un petit dépôt de cavalerie pour vos chevaux les plus fatigués, et si vous pouvez trouver à acheter quelques chevaux en remplacement des chevaux hors de service, faites-le.
Je donne ordre au général Pernety, qui est à Mayence, d’envoyer 20,000 francs au commandant de votre artillerie pour les petites dépenses du parc. La solde d’avril de votre corps doit être entièrement payée par le payeur général de l’armée, qui est à Mayence. Assurez-vous que la solde est au courant, et envoyez votre payeur à Mayence pour y prendre des fonds.
J’espère qu’avec les trois régiments provisoires que vous aurez dissous on aura bien complété les 3e et 13e de ligne, de sorte que les neuf bataillons doivent faire à eux seuls près de 7 à 8,000 hommes. Vous aurez renvoyé les cadres de ces régiments provisoires en Italie, où ils serviront dans la formation du 2e corps d’observation d’Italie, qui doit se réunir à Vérone à la fin de mai.
Il y a dans la citadelle de Würzburg un bataillon de marche qui se compose de compagnies appartenant à l’ancien 4e corps ; je donne l’ordre au prince de la Moskova de vous l’envoyer sur Bamberg, aussitôt que vous y serez. Incorporez ce bataillon dans les corps qui en auront besoin, mais renvoyez en Italie les officiers et sous-officiers.
Un général bavarois se trouve à Bamberg, envoyez auprès de lui pour savoir ce qui se passe; envoyez aussi auprès du prince de la Moskova, à Würzburg.
Je vous ai mandé hier de faire donner des sapeurs et des haches aux régiments provisoires, et de la musique, ainsi que des fournitures de la ligne aux deux régiments composés de cohortes.
Saint-Cloud, 8 avril 1813.
À Frédéric, roi de Wurtemberg, à Stuttgart.
Monsieur mon Frère, je n’attends que l’arrivée du corps d’observation d’Italie que commande le général Bertrand, et dont l’avant-garde, à l’heure qu’il est, doit être à Nuremberg, pour aller me mettre moi-même à la tête de mes armées, et j’espère, avec l’aide de Dieu, rejeter en peu de jours l’armée ennemie au-delà de l’Elbe. J’ai un besoin indispensable de 2,000 chevaux de Votre Majesté; je désire qu’elle les fasse partir sans délai pour Würzburg, et qu’ils y soient arrivés le 20 de ce mois. A défaut de cette cavalerie, je serais obligé de retarder mes opérations, et, en attendant, une partie des États de la Confédération se trouvent ravagés par l’ennemi, qui s’approche des frontières de Votre Majesté.
Je ne parle pas de votre infanterie; je suppose qu’elle est déjà partie, en entier ou en partie. D’ailleurs, le retard de quelques bataillons ne retarderait pas mes opérations; mais elles le seraient par le retard de votre cavalerie. Arrivées sur l’Elbe, mes armées se trouveront en position de pouvoir attendre le temps nécessaire pour que le reste des troupes rejoigne.
Je crois avoir déjà fait connaître à Votre Majesté par le canal de mon ministre des relations extérieures que si, à la fin de mai, elle avait besoin de quelques bataillons d’infanterie, soit pour le Vorarlberg, soit pour toute autre circonstance, elle les aurait, à Strasbourg, à sa disposition.
Saint-Cloud, 8 avril 1813.
À Frédéric-Auguste, roi de Saxe, à Ratisbonne.
Monsieur mon Frère, j’ai reçu la lettre de Votre Majesté, où j’apprends son heureuse arrivée à Ratisbonne. Je n’attends que l’arrivée du 4e corps, commandé par le comte Bertrand, dont l’avant-garde doit, à l’heure qu’il est, être à Nuremberg, pour partir moi-même pour Mayence et me mettre à la tête de mes armées. J’espère, avec l’aide de Dieu, être peu de jours après à Dresde.
Votre Majesté dispose de 1,800 hommes de cavalerie; je désire qu’elle veuille les mettre à ma disposition. S’ils sont du côté de Ratisbonne, ils pourront se rendre à Würzburg. Ces troupes me sont indispensables. À leur défaut, je serais obligé de retarder de plusieurs jours mon départ, afin de les voir remplacées par la cavalerie qui arrive de France, et cela mettrait l’ennemi dans le cas, pendant autant de jours, de ravager la Saxe et d’y propager un mauvais esprit. Je désire que Votre Majesté m’envoie, par le retour de mon officier d’ordonnance, l’état de situation de ses troupes et surtout de son régiment de cuirassiers, en me faisant connaître où elles se trouveront, jour par jour, parce qu’elles entrent dans mes calculs.
Je suis fâché de la destruction intempestive du pont de Dresde, mais, après tout, c’est l’affaire de quelques cent raille francs.
Si Votre Majesté avait de l’artillerie légère avec cette cavalerie, je désirerais qu’elle lui donnât l’ordre de la suivre.
Saint-Cloud, 9avril 1813.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Paris.
Mon Cousin, je suppose que vous serez le 13 à Mayence; prévenez-en le duc de Raguse, le prince de la Moskova et le général Bertrand. Je donne ordre au duc de Raguse de réunir son corps d’armée sur Eisenach ; au prince de la Moskova de réunir le sien sur Meiningen, et au général Bertrand de réunir le sien sur Bamberg et Cobourg. Je donne ordre au prince de la Moskova de prendre position sur les hauteurs des montagnes en occupant les débouchés de la plaine, ou bien de se porter sur Erfurt. Si effectivement il se portait à Erfurt, le duc de Raguse se porterait sur Gotha. Dans le cas, au contraire, où il prendrait une position sur les montagnes, le duc de Raguse en prendrait une correspondante sur les montagnes auprès d’Eisenach. Le général Durutte a envoyé quatorze pièces d’artillerie attelées à Erfurt ; il faut les donner au duc de Raguse, qui les fera prendre aussitôt qu’il sera à portée.