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Monuments des Victoires et Conquêtes – Wagram

Panckoucke - Wagram
Panckoucke – Wagram
Wagram - Gros
Wagram – Gros

 

La Bataille de Wagram
Le 6 juillet 1809

 Peint par Gros, Salon de 1810

Un mois seulement s’était écoulé depuis le commencement de la guerre avec l’Autriche, en 1809, et déjà les Français avaient dispersé une des plus belles armées que cette puissance eût mises sur pied, et fait plus de quarante mille prisonniers. Des victoires successives leur ouvrirent les portes de Vienne le 12 mai, et les rendirent maîtres d’une artillerie nombreuse, de magasins de toute espèce. Le théâtre de la guerre fut transporté, au-delà de la capitale de l’Autriche, sur les rives du Danube, où l’archiduc Charles avait concentré ses forces. La crue subite des eaux de ce fleuve ayant emporté les ponts, le 22 mai, tout le temps qui s’écoula depuis ce moment jusqu’à la bataille de Wagram, fut employé à en construire de nouveaux, à fortifier l’île de Lobeau, enfin à préparer, par des combats particuliers, les succès qui attendaient les Français et devaient couronner leur courage dans cette rnémorable journée.

Le 5 juillet 1809, aux premiers rayons du soleil, notre armée était rangée en bataille sur la gauche de l’ennemi: par les manœeuvres qui avaient rendus inutiles ses camps retranchés, il se trouvait ainsi contraint à livrer combat sur un terrain ouvert. Notre armée se déploya donc dans l’immense plaine d’Engersdorf, ayant sa droite sur Wittau et Wagram au centre. L’ennemi envoya de suite sur Rutzendorf, à notre droite, un bon nombre de pièces d’artillerie et plusieurs colonnes d’infanterie, qui furent attaquées et repoussées par les nôtres. Le 6, à la pointe du jour, on exécuta d’autres manoeuvres; notre gauche était commandée par le prince de Ponte-Corvo et le duc de Rivoli, et notre droite par Bessières, duc d’Istrie, qui se repliait sur le centre, aux ordres du comte Oudinot et du duc de Raguse.

Le corps de Rosemberg, qui formait la gauche de l’ennemi, s’étendit pour déborder le corps commandé par le maréchal Bessières : c’est en cet instant que son cheval fut tué sous lui. Bonaparte se porta en personne de ce côté, fit renforcer par les cuirassiers du duc de Padoue le corps du duc d’Istrie et ordonna à un détachement de douze pièces de canon de la division du général Nansouty de prendre en flanc celle du général ennemi Rosemberg; ce qui décida l’avantage. Après une demi-heure environ, le corps de Rosemberg fut culbuté et repoussé avec une perte considérable sur Neusiedel, pendant que la canonnade s’engageait sur toute la ligne. Bessières tourna Neusiedel et marcha sur Wagram, que le duc de Raguse et Macdonald attaquèrent en même temps. Vers midi, le comte Oudinot marcha aussi sur Wagram : cette position fut bientôt enlevée, et l’ennemi, bien avant la nuiz, était hors de vue, etc.

Nous omettons tous les détails de combat qui ont contribué au succès de cette journée, notre intention n’étant que de rappeler au spectateur le moment de l’action qui a inspiré l’artiste.

A l’horizon de l’immense plaine d’Engersdorf, à travers les nuages que forme presque sur toute la ligne l’artillerie formidable des Autrichiens, on distingue les villages de Wittau sur la gauche, d’Engersdorf sur la droite, et de Wagram au centre. Toute l’armée française est déployée et manœeuvre sur ce vaste champ de bataille. Le corps ennemi du général Rosemberg se porte sur celui que commande Bessières, qui, à l’instant, vient d’avoir son cheval tué sous lui, à la tête même de sa troupe; des grenadiers et son aide-de-camp le relèvent de sa chute, et tous ceux qui l’entourent prennent une part expressive à l’accident de leur général. C’est à cette heure même que Bonaparte, s’étant aperçu de l’attaque faite à sa droite, accourt au galop sur son cheval arabe blanc, et commande à une division d’artillerie légère, que dirige Marmont, d’aller prendre en flanc le corps ennemi: déjà l’ordre est exécuté : la dernière pièce part, le dernier officier d’artillerie prend les derniers ordres du chef de l’armée, et va suivre avec impétuosité la colonne foudroyante, dont la tête est presque déjà arrivée au but. La pose et l’énergie du geste indicatif de Bonaparte, ainsi que la ressemblance, sont vraiment admirables. Le mouvement de Berthier et celui d’un officier qui l’accompagne contrastent heureusement avec l’action du chef, qui, tout entier à son commandement, laisse Berthier s’occuper du général Bessières. Cette pièce sur son affût, attelée de vigoureux coursiers; ces canonniers à cheval qui la précèdent et la conduisent, tout est animé et captive l’œeil du spectateur. Il est à observer, et nous pensons devoir en faire ici la remarque, qu’un des premiers plans adptés par les peintres de bataille pour indiquer l’arme principale qui a opéré le succès de l’affaire qu’ils retracent, est de la mettre sur le premier plan : ainsi l’artillerie, qui a décidé la victoire à Wagram, forme ici le premier épisode; les grenadiers à cheval, à la bataille de Marengo; les guides et les mamelucks à celle d’Austerlitz, etc. Mais, comme il est impossihle de peindre une action militaire dans tous ses détails, félicitons l’artiste du choix heureux qu’il a su faire, en réunissant la vérité historique à un épisode intéressant.

L’exécution de ce tableau, quoique de moyenne proportion, est digne de l’auteur de la peste de Jaffa, M. Gros.

Ce tableau fait partie de la galerie de Grosbois, et a été exposé au salon de 1810. (Voiart)