Saint-Cloud, 1er août 1811
A M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur le Duc de Bassano, je ne ferai point de difficulté d’accorder à la Prusse des licences pour l’exportation des toiles de Silésie. Demandez catégoriquement que la Prusse ne reçoive plus aucune denrée coloniale venant de la Russie. Je donnerai volontiers à la Prusse des licences pour l’exportation des blés pour l’Angleterre, à condition que le retour s’en fera en argent. Les droits seront au profit de la Prusse ; il n’y aura pour moi que le droit de licence que je percevrai pour l’expédition. La grande affaire est d’empêcher que les denrées coloniales ne viennent de Russie en Prusse.
Je croîs vous avoir mandé que je ne voyais pas d’inconvénient à ce que le roi de Saxe allât à Varsovie, où, au contraire, sa présence peut être utile.
Vous devez écrire, en chiffre et par duplicata, à mon ambassadeur à Madrid, qu’il me parait nécessaire qu’aussitôt que cela sera possible et convenable le Roi réunisse les cortes, afin de prendre des mesures qui tendent à réunir les Espagnols; que toutes les questions relatives à l’intégrité du territoire et aux indemnités à échoir pour compensation des sacrifices que la France a faits ne sont point de nature à être agitées dans les circonstances actuelles; que mon intention est que les propriétés que je me suis réservées restent intactes à la disposition de mes administrateurs, et que tous les troupeaux de mérinos qui m’appartiennent soient dirigés sur France; qu’il doit veiller à ce que les Espagnols que j’ai proscrits par mes décrets ne rentrent pas , et qu’il doit prévenir du moins de toutes les démarches qui seraient faites dans ce but; enfin qu’il doit soutenir et favoriser le Roi autant que cela sera possible.
Saint-Cloud, 1er août 1811.
Au vice-amiral Comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Je reçois votre lettre du 30 juillet. Si les caïques peuvent porter une cinquantaine d’hommes et sont propres au débarquement, je pense qu’on peut les comprendre comme péniches; mais je n’en désire pas moins mettre cinq péniches du Havre et cinq de Granville, en ayant soin de prendre de leurs beaux bâtiments.
Faites réarmer des canonnières à Brest pour la défense de la côte. Donnez des ordres pour que les cinq canonnières du Havre et de Cherbourg restent à Cherbourg sous les ordres du contre-amiral Troude.
Je vous ai fait connaître que les caïques et péniches ne devaient pas avoir d’équipages et de garnison et devaient être attachées aux vaisseaux de guerre.
Enfin désignez six canonnières à Boulogne et faites-les partir pour compléter les dix-huit destinées à Cherbourg, afin qu’au 15 septembre l’embarquement des 6,000 hommes puisse avoir lieu.
Saint-Cloud, 1er août 1811
Au général comte Dumas, directeur des revues et de la conscription militaire, à Paris
Je vous envoie une lettre du prince d’Eckmühl. Mon intention est de lever la conscription de 1810 seulement. La conscription doit être réglée là sur le même pied qu’en France; il faut prendre pour contingent, par département, le même nombre d’hommes que la France fournit en proportion de sa population. Je pense qu’on doit demander au moins 3,000 hommes. La conscription de France est de 120,000 hommes pour 10 millions ; c’est 3,000 hommes par million. La conscription doit donc être de 3,000 à 3,500 hommes.
La répartition se fera de la manière suivante : pour les fusiliers, 60 hommes; pour les voltigeurs et tirailleurs, 140; ce qui fera, pour la Garde, 200 ; pour l’artillerie, 150 ; train, équipages militaires, 200; ouvriers de la marine, 150; cuirassiers et carabiniers, 70 hommes.
Il restera donc 2,800 hommes pour les trois régiments; ce qui ferait 900 hommes par régiment et 100 hommes pour le 9e de chevau-légers. Il est nécessaire que vous désigniez les trois régiments qui doivent former le recrutement de ces trois départements.
Saint-Cloud, 2 août 1811
Au général comte Dumas, directeur des revues et de la conscription militaire, à Paris
L’appel de la conscription de la réserve des anciens départements doit avoir eu lieu. Remettez-moi la distribution définitive de cette réserve telle qu’elle a eu lieu. Je vous ai envoyé une lettre du prince d’Eckmühl, en vous faisant connaître mon intention pour la levée de la conscription dans la 32e division militaire. On ne lèvera dans la 32e division militaire que l’an 1810. Par ce moyen, nous aurons 1811 en réserve, à lever en janvier ou en février si les circonstances l’exigent. On n’a levé en Hollande que 1808. Il serait nécessaire de lever 1800 et 1810, ou au moins une des deux années; mais je désire auparavant lever la conscription de la Lippe et des départements des Bouches-de-l’Escaut et des Bouches-du-Rhin. Proposez-moi un décret pour faire la levée de ces trois départements à la fois, et, immédiatement après que celle-ci aura marché, vous m’en proposerez un autre pour la levée de la conscription en Hollande. La conscription de la Toscane et celle de Rome ne doivent pas non plus être levées ensemble ; l’une doit commencer aussitôt que l’autre sera finie. Les travaux de la récolte ayant eu lieu actuellement, on pourra s’occuper de lever la conscription de ces différents pays.
Il est nécessaire que vous me remettiez un état des ressources que les trois départements, la Hollande, la 32e division militaire et les départements romains et toscans me présentent, et leur répartition entre les régiments qu’ils doivent recruter, tels que le 113e, le 131e et le 28e de chasseurs, qui doivent être portés au grand complet par les départements d’Italie, les cinq régiments hollandais, qui doivent être portés au grand complet par les levées de la Hollande, etc. Aussitôt que vous m’aurez fait connaître ce qui restera de surplus, je vous indiquerai mon intention sur l’emploi à en faire. Il est bien nécessaire que vous vous assuriez des besoins que peuvent avoir les bataillons d’équipages militaires et de la situation des régiments de cavalerie, afin de pouvoir céder ce qui leur serait nécessaire sur cette levée.
Je vois que vous ne donnez que 174 hommes pour le 3e bataillon d’équipages militaires à Pau : il en faudrait 200 de plus; que pour le 4e bataillon vous ne donnez que 208 hommes : il en faudrait également 200 de plus; que vous ne portez rien pour le 10e bataillon : il lui faudrait également 200 hommes; qu’enfin vous portez 217 hommes pour le 13e bataillon : mais il en faudrait 60 de plus. Il faudrait donc de plus 660 hommes. Le 6e ni le 7e bataillon n’en ont pas besoin : ce qui fait 100 hommes disponibles. Il faut 1,200 hommes et vous n’en avez que 700 : c’est une augmentation de 500 hommes à trouver et à diriger sur Pau. Je vois que vous avez donné au 13e de dragons 135 hommes; je ne comprends pas cette exception et je suppose que c’est un malentendu.
Saint-Cloud, 2 août 1811
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, commandant l’armée d’Allemagne, à Hambourg,
Mon Cousin, vous pouvez compter sur 6,000 conscrits de l’île de Walcheren qui rejoignent vos régiments. Je viens de former deux nouveaux dépôts de conscrits à Huningue et à Wesel. Je pense que ces dépôts pourront vous fournir à la fin de septembre 12.000 conscrits; cela vous ferait donc 18,000 conscrits. Faites-moi connaître quelle serait alors votre situation. Il me semble qu’il ne doit guère vous manquer que 4 à 500 hommes par régiment pour être au complet; ce qui, pour quinze régiments, ne ferait que 8,000 hommes. Si cela était, vous auriez 10,000 hommes de trop; et, si mes espérances se réalisent , on pourrait former les 7e bataillons ; mais avant de former ces 7e bataillons il faut me faire connaître si vous avez l’étoffe.
Envoyez-moi pour les officiers un état pareil à celui que vous m’avez envoyé pour les sous-officiers, c’est-à-dire un état qui me fasse connaître combien il y a de capitaines par régiment, présents et en état de servir; combien manquants; quels sont les services des capitaines présents ; on désignera les services ainsi : tant de soldats, tant d’officiers; combien il y a de lieutenants, etc. Par là je verrai combien, par exemple, vous avez de lieutenants, ayant fait la guerre comme officiers, qui seraient dans le cas d’être faits capitaines. Ces 7e bataillons seraient fort utiles, en ce qu’ils porteraient vos brigades à six bataillons. On mettrait à chaque brigade trois majors en second, un colonel et un général de brigade. Vos divisions seraient alors de dix-huit bataillons français; ce qui vous ferait quatre-vingt-dix bataillons, sans compter les quatre bataillons du 33e léger et les neuf bataillons des 127e, 128e et 129e et avec ces treize bataillons cent trois bataillons. En y joignant les dix-sept bataillons de la division de Danzig, vous aurez cent vingt bataillons, qui, à 800 hommes, porteraient votre corps d’armée à près de 100,000 hommes d’infanterie.
Je ne pourrai prendre un parti que lorsque vous m’aurez fait connaître, 1° ce qui est nécessaire pour compléter vos cadres à l’effectif de 840 hommes, pour cinq bataillons par régiment; 2° l’état des services de tous vos officiers.
Saint-Cloud, 3 août 1811
Au prince Cambacérès, archichancelier de l’empire, à Paris
Mon Cousin, je vous envoie un dossier de pièces relatives à l’Ordre de l’Union. Il est temps de déterminer ce qu’on fera de cet Ordre. L’écusson et la devise ne peuvent me convenir. Un grand État ne peut pas prendre pour devise : « Fais ce que dois, advienne que pourra », c’est la devise d’un preux. Il faudrait chercher une devise qui fît sentir les avantages de l’union de la Baltique, de la Méditerranée, de l’Adriatique et de l’Océan. Ce grand événement, qui caractérise vraiment l’Empire, pourrait s’appeler l’Ordre de l’Union. Il faudrait chercher un modèle avec un écusson et une devise différents. Cela établi, on pourrait dire qu’il est crée un Ordre de l’Union qui serait composé de cent grands-croix, de deux cents commandeurs et de mille chevaliers. Moitié de cela existe dans l’Ordre hollandais; il faut le laisser subsister; il en resterait la moitié à donner.
L’Ordre de l’Union hollandais proprement dit serait supprimé; et l’on aurait un autre Ordre qui indemniserait ceux qui auraient le premier. Il faudrait pourtant l’ôter à tous les Français.
Une face de la décoration de l’Ordre de l’Union de Hollande présente un faisceau de flèches; il faudrait que l’Aigle les réunit, et que quelque chose fît comprendre dans ce faisceau les limites actuelles de l’Empire. Voyez à me présenter plusieurs devises et un projet là-dessus.
Saint-Cloud, 3 août 1811
Au comte Mollien, ministre du trésor public, à Paris
Monsieur le Comte Mollien, il serait nécessaire de faire fournir encore un million à la Saxe sur l’emprunt, sans délai. Faites-moi un petit rapport là-dessus. Combien ai-je fourni ? Ai-je les coupons de l’emprunt ? Les travaux du Grand-Duché ont bien besoin de cet argent.
Saint-Cloud, 3 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Duc de Feltre, je suis instruit que l’on tient dans la citadelle de l’île de Ré un grand nombre de conscrits réfractaires, et qu’il en meurt beaucoup par défaut d’espace. Je ne vois pas pourquoi ils n’auraient pas la liberté d’errer dans la ville. L’île elle-même doit être suffisamment gardée par les douanes, et enfin il ne faut pas enfermer les hommes de manière que leur santé s’en ressente. Envoyez un officier pour vérifier ce fait et y mettre ordre. J’ai beaucoup de beaux conscrits dans ces trois îles, et il faut les conserver. Je désire avoir, par départements, l’état des hommes des régiments de l’île et de Ré.
Saint-Cloud, 3 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Je n’approuve pas l’organisation des bataillons coloniaux. Cette idée de mettre les armes à la main aux mauvais sujets est une idée funeste. Mon intention est donc qu’il soit créé quatre bataillons de pionniers, chacun de quatre compagnies et chaque compagnie à 200 hommes. On versera dans les nouveaux bataillons tout ce qui est vraiment mauvais sujet dans les bataillons coloniaux et étrangers, et à cet effet on réduira les bataillons coloniaux à quatre compagnies de 100 hommes, c’est-à-dire à 400 hommes. Par exemple, le bataillon colonial de l’île de Ré a 700 hommes; il y en aura donc 300 pour les pionniers. Vous recevrez un décret que je viens de prendre à ce sujet
Saint-Cloud, 3 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Donnez ordre que les deux vaisseaux hollandais qui sont à Flessingue soient tout à fait armés et installés à la française; que deux détachements d’artillerie, composés de canonniers français, y soient embarqués; qu’une garnison française y soit établie, et que la moitié des officiers et le tiers de la maistrance soient Français. Faîtes–les armer entièrement avec des canons de calibre français, lestés et gréés de la même manière. Faites descendre les deux vaisseaux qui sont encore à Anvers, afin que dans les premiers jours de septembre, quand j’irai à Flessingue, j’aie le plaisir de voir dix-sept vaisseaux bien armés, bien équipés et évoluants. Je veux moi-même juger de la différence qu’il y a entre les vaisseaux français et les hollandais, en les faisant manœuvrer.
La flotte de l’Escaut venant à être de dix-sept vaisseaux de guerre, il me semble qu’il y faudrait au moins trois contre-amiraux.
Je vous ai déjà fait connaître que je désire que le brick le Hussard soit attaché à l’escadre, où ce bâtiment, qui a une très bonne marche, sera plus utile. On le remplacera où il est (flottille de Schouwen) par un bâtiment hollandais.
Saint-Cloud, 3 août 1811
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de l’armée d’Espagne, à Paris
Je désire que vous teniez un conseil composé de M. l’archichancelier, du grand maréchal du palais, du chancelier et du trésorier de l’Ordre des Trois Toisons d’or. Ce sera un conseil d’administration pour les affaires de l’Ordre des Trois Toisons d’or. Mon intention est de tenir, le 15 août, une grande assemblée de chevaliers.
Je vois dans la loi qui institue cet Ordre qu’il doit être composé de cent grands chevaliers; il faut me présenter la nomination de quarante ou cinquante, et avoir des décorations préparées pour ceux qui sont à Paris ou qui pourront y venir. Je choisirai sur la liste que le conseil présentera les hommes auxquels l’article 3 donne des droits.
L’article 6 dit que les aigles des régiments seront décorées de l’Ordre des Trois Toisons ; il faut préparer cette décoration et voir comment on doit la leur faire passer.
Il faut me présenter les capitaines, lieutenants et sous-lieutenants commandeurs que doivent avoir les bataillons de l’armée en conséquence de l’article 7, et les sous-officiers et soldats à faire chevaliers. On les nommera en août.
Indépendamment de tout cela, beaucoup de choses sont à faire. Il faut régler les finances et savoir en quoi consistent les revenus de l’Ordre au 15 août ; il faut régler la formule du serment. Il me semble que l’Ordre a aujourd’hui 1,500,000 francs de rente. Les mines d’Idria rendent 500,000 francs ; l’année 1810 et le premier semestre de 1811 doivent avoir rendu 750,000 francs; les revenus des biens de Hollande datent du 1er janvier 1811 ; cela fait 250,000 francs ; ceux de Rome, également, c’est-à-dire 250,000 francs : il y aurait donc en caisse au 1er juillet 1,250,000 francs.
Je vous envoie un projet de statut qui sera discuté en conseil. Il faut vous occuper de déterminer les modèles de décorations, de l’habit, régler le cérémonial pour la réception des chevaliers et la police du palais, enfin les différentes dispositions relatives à la mise en activité de cet Ordre. Il faudrait discuter s’il ne serait pas convenable d’adopter pour habit l’uniforme de cuirassier et le casque, mais orné et enjolivé. Il me semble qu’il n’y a rien de plus militaire.
Saint-Cloud, 3 août 1811
Au baron de La Bouillerie, trésorier du domaine extraordinaire, à Paris
Je vois par les états que vous me remettez, que vous portez cette année au chapitre IV du budget 200,000 francs pour les pauvres de la Seine-Inférieure, 200,000 francs pour ceux de Lyon, 200,000 francs pour ceux de Paris. Il est nécessaire pour votre justification que les comptes de ces sommes soient appuyés de pièces justificatives. Les reçus des préfets ne suffiraient pas, il faut des états certifiés pour être assuré que la distribution s’en est faite conformément à mes décrets. Quant à 1810, je vois que les comptes sont terminés. Je désire que vous me remettiez les pièces suivantes : 1° extrait de mon décret qui vous a autorisé à payer les 4,276,000 francs; 2° vous joindrez un projet de décret qui accepte ce compte.
Je ne me souviens pas d’avoir accordé 1,200 francs au baron Belleville, à Hanovre; à M. Noël, à Hanau, 500 francs; à M. Ramondene, receveur à Bayreuth, 10,000 francs. Ce chapitre doit être un chapitre à part de votre compte. Vous m’en devez donner un projet de décret, et vous devez me proposer un décret qui annule toutes les pièces justificatives.
Saint-Cloud, 4 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Duc de Feltre, il parait qu’à San-Filippo du mont Argentaro, l’air est mauvais et qu’il est bon à San-Stefano. Donnez ordre que les conscrits soient retirés de San-Filippo et placés à San-Stefano. S’il arrivait que l’air ne fût pas plus sain dans ce dernier endroit, vous ordonneriez qu’on évacuât le mont Argentaro et que tous les conscrits se rendissent par terre à Livourne.
Saint-Cloud, 4 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Je vous renvoie le projet d’armement de Flessingue ; il faut me le mettre sur un plan d’une plus grande échelle et qui indique le tracé exact des différents ouvrages; des lignes rouges indiqueront le tir des pièces, et des arcs de cercle indiqueront leur portée et leur champ de tir à droite et à gauche. Je remarque que le fort Montebello a besoin de pièces de bronze de 16 et de 12, d’obusiers et de mortiers de 8 pouces, pour se défendre du côté de terre. Ce point important ne saurait être trop armé ; dix pièces du calibre de 16, de 12 et de 8, six obusiers de 6 pouces et six mortiers de 8 pouces, me paraissent nécessaires pour bien armer ce fort; deux pièces de 12 de bronze et deux mortiers de 8 pouces seront destinés pour armer la traverse.
Du côté de la mer, trente pièces de 36 sur affûts de côte, espacées en batteries de six pièces, avec une traverse entre chaque six pièces, six mortiers à plaque de 12 pouces, divisés en deux batteries (chaque mortier ayant deux plates-formes), et six mortiers à la Gomer, faisant en tout quarante-deux pièces, me paraissent indispensables, tant du côté de la mer que vers la digue. Sur la partie de l’enceinte qui bat la mer, depuis le fort Saint-Hilaire jusqu’au fort Montebello, il faut beaucoup de mortiers. En général, mon intention est d’avoir des pièces de 34 et de 36 et des mortiers de 12 pouces sur tous les fronts du côté de la mer; sur le point le plus important on placera huit pièces de 48.
Je pense qu’il faut soixante mortiers à Flessingue, dont douze à plaque, à grande portée, et quarante-huit de 12 pouces à la Gomer, portant à 14 ou 1500 toises, y compris l’armement des forts Montebello et Saint-Hilaire. Je pense qu’il faut aussi au moins cent cinquante pièces de canon de 36 et de 24 ; ce qui fait, pour armer les fronts de mer, deux cent dix bouches à feu qui lanceraient à la fois des bombes et des boulets.
Il faudrait également du même côté quatre batteries ; chacune de quatre pièces de 16, pour tirer à boulets rouges. Il faudrait que ces batteries fussent placées entre des traverses, dans des endroits à l’abri le plus possible et d’où elles puissent tirer tranquillement.
Je désire également que vous me remettiez l’armement de l’île de Cadzand. Je crois qu’il n’y a pas suffisamment de pièces ni de mortiers.
Lorsque vous m’aurez envoyé le plan comme je l’ai demandé ci-dessus, j’arrêterai définitivement l’armement tel qu’il doit être au mois de septembre ou d’octobre prochain.
Saint-Cloud, 4 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Mon intention est que les batteries de Cadzand et celles de Walcheren fassent l’exercice à boulets rouges contre un bâtiment ou carcasse qui sera placé à 1,800 toises de ces batteries. Je désire également que contre ce même bâtiment on fasse l’exercice des boulets creux, en tirant des obus de 6 pouces avec des pièces de 36.
Ordonnez que toutes les pièces du fort Impérial tirent dix obus chargés et dix boulets rouges; qu’un officier supérieur d’artillerie soit témoin et tienne de cette expérience un procès-verbal qu’il me mettra sous les yeux. Il faut que le même exercice ait lieu à la batterie de Nolle, à Flessingue ; on y tirera cinq obus de 6 pouces à toute volée, en les dirigeant contre un bâtiment qui sera placé à 2,300 toises de la batterie.
Envoyez quelques officiers pour assister à ces opérations. Je continue à être persuadé que l’artillerie n’a pas fait ce qu’elle aurait dû faire lors de l’expédition des Anglais dans l’Escaut. La batterie de Cadzand aurait du tirer 12,000 bombes; elle n’en a pas tiré 100. Elle aurait dû tirer 20,000 obus à toute volée, l’ennemi étant trop loin pour tirer avec des boulets; elle n’en a pas tiré un. Il faut que les expériences soient faites de manière que le procès-verbal puisse être imprimé et envoyé aux officiers d’artillerie pour leur gouverne. Faites faire aussi à Boulogne la même expérience, et faites tirer en mer beaucoup de boulets creux. Ordonnez que toutes les fois qu’un brick ou bâtiment ennemi approchera à 2,400 toises, on lui tire à toute volée des obus.
Je suppose que, dans le voyage prochain que je vais faire sur les côtes, je trouverai que tous les mortiers à plaque auront double plate-forme et que les batteries seront conformes à ce qui a été prescrit, et que les officiers d’artillerie sauront de combien est le recul, et le temps et l’effort qu’il faut pour mettre la pièce en batterie.
Saint-Cloud, 4 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
J’ai nommé au 11e léger le major Casabianca.
J’ai nommé six colonels en second, mais déjà le sieur Pelecier et le sieur Dein sont nommés à deux régiments; il y a déjà deux places vacantes parmi ces colonels en second. Mon intention n’est pas que vous envoyiez des colonels en second aux bataillons de guerre; ce sont les majors qui doivent y aller : les colonels et majors en second sont destinés à commander et à conduire des régiments de marche et à revenir à Paris, jusqu’à ce qu’ils soient nommés à des régiments. Cela est d’autant plus avantageux que vous pouvez les voir, les connaître, avant de leur donner le commandement des régiments.
Je vois qu’un nommé Fortier, colonel en second, commande le dépôt du 66e à . . . (le nom est laissé en blanc) ; cela ne doit pas être, c’est le métier du major. Les sieurs Beaulaton et Deuthsminster, commandant les bataillons de Goeree et Schouwen, vont être disponibles; faites-les revenir à Paris.
En général, ces majors en second ne suffisent pas ; portez-en le nombre à 30. Ayez toujours à votre disposition y a la suite de votre ministère à Paris, 20 colonels en second et 30 majors en second. Envoyez-m’en la liste tous les huit jours, en me proposant de nommer sur-le-champ aux places vacantes. Faites-leur remplir leurs missions en poste. Il faut que les places de colonel soient données à des colonels en second et celles de major à des majors en second. Ne manquez pas de proposer des récompenses pour ceux qui auront rempli le mieux les missions temporaires que vous leur avez données et que vous aurez distingués.
Dans cet état de colonels en second mettez ceux qui parlent italien, allemand ou flamand.
Saint-Cloud, 4 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
On m’assure que dans les plus mortes eaux il y a 7 pieds d’eau dans le canal qui conduit de Rochefort à la Gironde. Effectivement, on voit sur le plan que vous m’avez remis que dans les basses eaux, il y a 7 pieds. Or les eaux ne peuvent monter moins de 10 à 12 pieds; je compte qu’il y a 16 pieds au moins, et dans les grandes eaux et à l’équinoxe peut-être plus de 18 pieds.
1°. Je conçois donc l’espérance que mes frégates et vaisseaux, allégées autant qu’il serait nécessaire, pourraient passer et se diriger dans la Gironde au Verdon, où ils seraient armés et en appareillage pour toute espèce d’expédition. Il est impossible à l’ennemi de bloquer Bordeaux.
2°. Ne pourraient-ils pas appareiller de la rivière de Seudre dans la rade de Gatsau ? Il y a 35 pieds d’eau, et cette fosse a 1,000 toises de longueur. Un vaisseau peut facilement y être contenu, de la pointe de Gatsau à la terre. A la pointe d’Arvert il y a 1,000 toises. Mes vaisseaux seraient là à l’abri de toute attaque, et de là ils seraient en état de se mettre en appareillage pour aller partout.
Je conçois difficilement comment une frégate ou vaisseau arrivant par la rade des Trousses, longeant la Roche d’Antioche, où il y a 25 ou 30 pieds d’eau, toujours à portée de la Roche, serait empêché de sortir ; il me semble que par cette manœuvre il éviterait la rade des Basques.
3° Faire un canal de 6,000 toises qui couperait l’île d’Oléron en deux. Ce canal pourrait partir de la rade des Trousses et déboucherait en pleine mer, et dès ce moment la rade de l’île d’Aix aurait une autre issue que celle des Basques. La rive d’Oléron du côté de la rade des Trousses est basse et remplie de marais salants ; de l’autre côté, il paraît qu’il y a des rochers. Il est un point du côté de Saint-Pierre où la plage est basse.
Les vaisseaux alors resteraient en appareillage dans ce canal et pourraient déboucher d’un côté ou de l’autre, selon l’endroit où serait l’ennemi. Il est possible qu’on puisse faire le canal sans être obligé de faire des écluses; l’île serait coupée en deux : alors ce serait un travail qui ne devrait pas être extrêmement cher.
Saint-Cloud, 4 août 1811
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de l’armée d’Espagne, à Paris
Mon Cousin, je vous envoie une note sur les dilapidations qui se sont faîtes à ….. Donnez des ordres pour faire arrêter le nommé….., saisir ses papiers et le faire venir sous bonne et sûre escorte à Paris , où sa comptabilité sera vérifiée scrupuleusement; car je veux savoir enfin la vérité sur ces infamies-là.
Saint-Cloud, 5 août 1811
A M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur le Duc de Bassano, il est temps que vous vous occupiez de l’organisation de votre département, et que vous me présentiez un projet de règlement pour les secrétaires, auditeurs et consuls. Tout cela est dans l’anarchie dans votre département. Proposez-moi des sujets pour les places vacantes.
Saint-Cloud, 5 août 1811
Au comte de Montalivet, ministre de l’intérieur, à Paris
Monsieur le Comte Montalivet, l’abattoir de Montmartre n’a que 200 ouvriers. Sur le million que j’ai accordé, il n’y avait que 90,000 francs dépensés au 1er août. L’abattoir du Roule n’a dépensé que 60,000 francs; même observation sur ceux de Grenelle, Villejuif et Ménilmontant. Enfin sur ces cinq abattoirs on n’a dépensé que 300,000 francs, tandis que j’ai fait un fonds de 2,600,000 francs. On tarde trop à se mettre en train pour les travaux, de manière que l’on fera cette année ce que l’on a fait l’année dernière : on travaillera dans l’arrière-saison et l’on ne fera que de mauvais ouvrage.
Aux greniers d’abondance on n’a dépensé que 130,000 francs sur 1,220,000 francs qui ont été accordés, et il n’y a que 170 ouvriers; il faudrait les quadrupler.
Faites-moi connaître si la coupole de la halle aux grains sera terminée cette année comme je l’avais ordonné.
Quand est-ce que le Panthéon sera enfin terminé ?
On n’a dépensé au palais de la Bourse que 550,000 francs. Il n’y a pas suffisamment d’ouvriers; il parait que l’on n’épuisera pas le crédit de cette année.
Saint-Cloud, 5 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Remettez-moi un plan d’Ostende. Vous ferez marquer sur ce plan l’armement de la place. Vous marquerez d’une ligne rouge la ligne de tir des différentes batteries. Lors de ma dernière visite dans cette place, je trouvai les batteries assez mal armées. Ses fortifications rendent assez importante pour s’occuper de l’armement du côté de la mer. Lorsque je connaîtrai l’armement actuel, je déciderai ce que je mettrai, surtout du coté de mer.
Saint-Cloud, 5 août 1811
Au lieutenant-colonel Deponthon, secrétaire du cabinet de l’empereur
Vous partirez sur-le-champ pour vous rendre à Rochefort. Aussitôt arrivé, vous vous rendrez chez le contre-amiral Lacrosse ; vous demanderez une péniche et les meilleurs pilotes; ils s’embarqueront avec vous; vous ferez le trajet que font les gabares et corvettes pour aller à Bordeaux en passant entre Oléron et le continent. Vous aurez d’autres péniches avec des officiers de marine, et l’on sondera où il sera nécessaire pour lever les incertitudes.
Vous mènerez l’ingénieur des ponts et chaussées, qui connaître bien le pays, et l’ingénieur militaire.
Visitez la rade de Gatsau, qui a beaucoup d’eau et où il serait possible de tenir les vaisseaux en sûreté : elle a 1000 toises de large et plus de 2,000 de long.
Mon intention est de faire passer les quatre frégates que j’ai en rade d’Aix et celle qui est à l’eau, lèges s’il le faut, par cette passe et les conduire au Verdon, où on les armera en guerre et où ces quatre frégates seraient en appareillage. Je désire même qu’il soit possible d’en faire autant pour les vaisseaux, et que tout ce que j’ai à Rochefort puisse de même, à fur et mesure, se rendre au Verdon et là soit armé et mis en appareillage. On m’assure que dans les hautes mers il y monte 18 pieds d’eau, dans toutes les marées plus de 16. Les vaisseaux de 74, allégés, pourraient donc réellement passer et se rendre dans la Gironde.
Je dis Gironde parce que je suppose qu’ils ne peuvent pas séjourner dans la Seudre. Si cela était possible, ce serait bien plus avantageux. S’il était nécessaire pour arriver à ce résultat de faire manœuvrer quelques Marie-salopes, il faut faire vérifier les points où cela serait nécessaire; je n’y trouve point d’inconvénient.
Enfin, si rien de cela n’est possible, il resterait à voir s’il serait possible de creuser un canal, soit de Rochefort, soit de Brouage, soit de la Seudre, dans la Gironde; de sorte que mes vaisseaux, du canal, passant par une écluse, seraient conduits dans la Gironde.
Vous aurez soin de bien vous assurer quelle est la rade du Verdon et l’état des batteries de côte existantes, et de voir où il conviendrait d’en placer de nouvelles pour mettre ce point important en défense. Je pense qu’il en faudrait à la Courbe, à la pointe de Maumusson, à la pointe de la terre d’Oléron et dans tous les points nécessaires pour bien favoriser le passage.
Vous reconnaîtrez bien l’état actuel de toute cette côte, et vous aurez soin de m’en rendre compte dans un mémoire détaillé, accompagné de dessins ; vous y joindrez l’opinion des officiers-mariniers et des pilotes les plus instruits. Informez-vous aussi du tirant d’eau des divers bâtiments de commerce qui ont passé par là.
Vous verrez aussi la rade de l’île d’Aix du côté des Grandes-Trousses, des Saumonards, et celle dite d’Antioche, pointe d’Oléron; et si, en faisant des batteries là, les vaisseaux ou frégates qui auraient passé la rade des Basques pourraient être en appareillage en sûreté pour gagner la haute mer. Comment les frégates ne peuvent-elles pas, de nuit, passer entre le Boyard et les Saumonards et doubler sans que l’ennemi s’en aperçoive de la position qu’il occupe en rade des Basques ?
Vous aurez soin de visiter l’île d’Oléron en règle, les batteries, troupes et conscrits réfractaires. J’ai là un petit bataillon des 66e et 82e, malades, déserteurs; demandez ce que pensent les officiers de ce bataillon, si l’on peut les envoyer à Bayonne avec sûreté, de quels départements sont ces conscrits.
Vous verrez la batterie des Saumonards, et vous demanderez combien de coups elle a tirés lors du désastre d’Aix. Faites tirer les mortiers à la Gomer et les mortiers à semelle pour voir leur portée; vous ferez tirer dix coups de chaque.
Je pense qu’il faut augmenter cette batterie importante et la porter à vingt mortiers. Demandez et envoyez-moi des détails de ce qu’ils ont fait lors de l’attaque des Anglais.
Parmi tant de projets qu’on peut méditer, peut-on partir des Saumonards vis-à-vis les Trousses et faire un canal de 6,000 toises qui couperait l’île d’Oléron et jetterait les vaisseaux en pleine mer? Consultez constamment l’ingénieur sur ces projets. Deux ou trois millions ne me paraissent pas trop cher.
Vous irez à l’île d’Aix, visiterez le fort qu’on y construit, l’inspecterez et m’en donnerez votre avis. Il y a des conscrits réfractaires, vous les inspecterez, ferez manœuvrer, m’apporterez des états en règle, me ferez connaître de quels départements sont les hommes de chaque bataillon. Vous resterez à Aix un ou deux jours pour bien voir en détail.
A Rochefort, voyez tous mes vaisseaux, vérifiez leurs besoin et ce qui est relatif à la construction. Visitez les fortifications et vérifiez les nouveaux plans que j’ai adoptés, faites les observations que vous jugerez convenables au bien de mon service. Visitez l’île Madame et les batteries de Fouras.
Voyez à l’île de Ré les bataillons de réfractaires. Vous pouvez rester dix ou quinze jours pour bien remplir votre mission. On m’a dit qu’il y a trop de réfractaires et qu’on les laisse donnez des ordres là-dessus.
Saint-Cloud, 6 août 1811
Au prince Cambacérès, archichancelier de l’empire, à Paris
Mon Cousin, le projet du Conseil d’État sur les Français à l’étranger ne me plaît pas. Je vous envoie une nouvelle rédaction, sur laquelle je désire que vous me fassiez connaître votre opinion. Faîtes-y un préambule et retouchez-la. Je n’aime pas le mot de mort civile ; vous en verrez la raison dans la note que j’ai dictée. Je ne veux pas de rigueur pour ceux dont j’ai autorisé la naturalisation. Tout Français qui agit en conséquence de son droit doit conserver un privilège, même dans les pays où existe le droit d’aubaine. C’est un respect que je veux avoir pour le sang français, lorsque le sujet dont il s’agit est en règle et est muni de ma permission : permettre et punir me paraissent une chose contradictoire. On n’a pas parlé de ceux qui sont mis au service étranger sans mon autorisation; cela était inutile ; ceux-là sont dans le cas des dénationalisés sons permission. Vous ajouterez cependant un article pour faire comprendre que, par la seule raison qu’ils font partie d’un corps militaire, ils sont dans le cas du décret de 1809, et sont censés avoir porté les armes contre moi s’ils sont restés au service d’un souverain qui m’aurait fait la guerre.
Je vous envoie également un décret relatif aux Belges, sur lequel je désire que vous me présentiez votre opinion. Vous y verrez que j’ai simplifié la question; que, quant aux Belges qui se sont soumis aux conditions de Campo-Formio (j’en fais imprimer la liste), je les mets dans une catégorie à part et je leur permets de rentrer en France en remplissant les formalités nécessaires. Mais il manque trois ou quatre articles que vous ajouterez. Il faut dire que l’état d’exception par lequel je rends ces Français encore plus étrangers à la France que les Autrichiens eux-mêmes doit cesser à leur mort, et que leurs enfants, qui seront alors considérés comme Autrichiens, pourront à ce titre hériter en France comme tous les Autrichiens, hormis toutefois des héritages qui leur reviendraient par les droits que leurs pères ont perdus.
Je vous prie de me faire de tout cela un travail. Cette matière est importante, et la voilà, je crois, arrivée à sa maturité.
Saint-Cloud, 6 août 1811
Au comte de Montalivet, ministre de l’intérieur, à Paris
J’avais destiné la maison du Mont-Valérien pour en faire une maison d’orphelines; on a allégué de vaines raisons pour ne pas lui donner cette destination. Cette maison étant dévolue au Domaine par la suppression des Trappistes, mon intention est que vous la fassiez visiter, que vous en fassiez prendre possession et que vous y établissiez une maison d’orphelines.
Saint-Cloud, 6 août 1811
A M. Gaudin, duc de Gaète, ministre des finances, à Paris
Je vois qu’un sieur …. est pour 100,000 franc dans l’achat des domaines de Rome. Faites-moi un rapport là-dessus. D’où sort le sieur … ? Est-il d’usage qu’un agent de l’enregistrement puisse acquérir des domaines ? Cela ne peut-il avoir des inconvénients ?
Saint-Cloud, 6 août 1811
Au général Lacuée, comte de Cessac, ministre directeur de l’administration de la guerre, à Paris
Monsieur le Comte de Cessac, je vous envoie une lettre du général Bertrand ; vous y verrez qu’il croit que le blé augmentera. Je pense qu’il est convenable de vous assurer sans délai de 20,000 quintaux à 12 francs le quintal.
Je crains que la situation du Midi, relativement au blé, ne soit telle qu’il faille préférer faire partir de Trieste le plus de convois qu’on pourra; et si, en effet, il y avait lieu de craindre une mauvais récolte, tant en Italie qu’en France et à Trieste, je ne serait pas éloigné de réduire les projets d’approvisionnement pour Corfou. Faites-moi un mémoire qui me fasse connaître de combien il serait possible de réduire ce projet sans compromettre Corfou. Vous connaissez la situation au 1er juin; il me semble qu’au même moment il y avait plus de 30,000 quintaux à Brindisi, et je ne sais pas si vous n’aviez pas encore quelque chose en chemin. Comment était la récolte de l’année du riz et des légumes ? En diminuant le blé, ne pourrait-on pas augmenter le riz et les légumes secs ? Le riz et les légumes secs se conservent-ils longtemps ?
Saint-Cloud, 6 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Je vois que mes intentions ne sont pas remplies à Boulogne, et que, les 1er, 2 et 3, la première partie de la flottille n’était pas sortie. Donnez ordre que les soixante-huit premiers bâtiments sortent sur-le-champ et forment la ligne d’embossage. Donnez ordre que la réparation des bâtiments soit faite sérieusement. Dites que mon intention est, si la guerre continue, de jeter 30,000 hommes en Angleterre pour ravager le port de Chatam et la côte d’Angleterre. J’apprends que le préfet dit que ceci est pour rire et qu’il n’y a pas besoin de faire les réparations.
Saint-Cloud, 6 août 1811
Au maréchal Mortier, duc de Trévise, commandant la garde impériale, à Paris
Faites faire le relevé de tous les chasseurs, dragons, grenadiers, artilleurs, soldats du train, chasseurs et grenadiers d’infanterie, sapeurs, qui étaient en Egypte et dans mes premières campagnes d’Italie, avec des notes sur le sujet.
Saint-Cloud, 6 août 1811
NOTE SUR OSTENDE.
Ostende est une des places les plus importantes de nos frontières. L’état de la place de Flessingue et du fort Impérial, les travaux considérables qu’on fait sur ces deux points de l’Escaut peuvent décider l’ennemi à appuyer une offensive contre la Belgique et l’Escaut, en s’emparant d’Ostende. Maître d’Ostende, il a une place pour ses débarquements; il se porte sur Gand et Bruxelles et est maître des canaux intérieurs, où toutes les flottilles peuvent entrer; il peut se porter jusque dans l’Escaut. Il est donc nécessaire de donner à cette place le plus haut degré de force. Mais, en la supposant une fois prise, il est nécessaire que le fort de Slykens puisse résister.
En effet, si, au lieu d’établir à Slykens une redoute qui tomberait avec la place, on établit un bon ouvrage, couvert d’une bonne inondation, muni de casemates, de magasins, etc., et qui puisse se défendre indépendamment de la place, il arrivera que, la place prise, l’ennemi n’aura rien, car il ne pourra se servir du canal de Bruges ; ce qui lui est indispensable pour qu’il ose s’aventurer dans le pays.
Puisque donc il est nécessaire d’occuper ce point, qui est indispensable à la défense d’Ostende, il est bon de ne pas perdre de vue cette idée, et d’avoir là un bon polygone qui puisse soutenir douze ou quinze jours de tranchée ouverte. Dans cette supposition, si la place d’Ostende ne pouvait plus se défendre, on ferait remonter dans la place de Slykens les canonnières et les bâtiments de commerce qui se trouveraient à Ostende; ce qui ferait que la prise de cette place serait moins avantageuse à l’ennemi.
Tout porte à penser que le fort de Slykens peut être couvert par une belle inondation, et être dès lors un ouvrage beaucoup supérieur à la place d’Ostende. La place a de grands inconvénients, on ne peut se le dissimuler. Les dunes qui l’avoisinent de droite et de gauche dominent. Les deux forts qu’on veut établir sont fort utiles, mais ne peuvent faire une défense de plus de huit ou dix jours, et dès lors, l’assiégeant se trouve avoir de grands avantages sur la place. Si, au contraire, le fort de Slykens peut être couvert d’une inondation, n’étant dominé nulle part, on peut en faire une citadelle de premier ordre; et, comme cette inondation irait jusqu’à la ville, dont les ouvrages avancés de part et d’autre ne sont qu’à 400 toises, il ne serait guère possible de couper la communication entre Slykens et la ville, et dès lors il serait peut-être convenable de construire dans le fort Slykens les magasins, casernes et autres établissements dont Ostende est dépourvue et qu’il paraît nécessaire d’y bâtir. La position de Slykens est hors de la portée de la bombe du côté de mer ; ce qui est un très grand avantage. On voudrait donc un projet raisonné dans le sens où Slykens serait considéré comme la citadelle d’Ostende où serait déposé tout ce qu’il y aurait de précieux, et que Slykens pût tenir longtemps, même après que la ville serait prise.
Il faut donc, pendant toute cette campagne, faire étudier le terrain et l’emplacement du fort de Slykens d’après ces données; il faut faire cesser sur-le-champ tous les travaux commencés à Slykens.
Quant aux nouveaux forts de l’Est et de l’Ouest, commencés sur les dunes d’Ostende, je ne puis augmenter le fonds spécial de 300,000 francs accordé pour 1811 ; mais on y appliquera en plus le fonds qui avait été accordé pour les travaux de Slykens de cette année; on poussera les travaux des deux forts avec assez d’activité pour qu’ils soient terminés en 1812.
Rambouillet, 8 août 1811
Au comte Mollien, ministre du trésor public, à Paris
Monsieur le Comte Mollien, faites-moi un rapport sur la situation des recettes en Espagne. Quel est le nom de chaque receveur dans chaque gouvernement et dans chaque partie de l’Espagne ? Quel est le receveur central et où se tient-il ? Combien chacun d’eux vous a-t-il écrit de lettres cette année ? Envoyez-moi l’état de ce qu’ils ont perçu en 1810. Qu’ont-ils reçu dans chaque mois du premier semestre de 1811 ? Où avaient-ils versé leurs fonds ? Je vous prie de me faire un rapport sur tout cela. Il faudrait que vous ayez un bureau monté pour cette partie importante, à la tête duquel vous mettriez un homme actif et intelligent, qui serait chargé de suivre et de provoquer les mesures nécessaires pour assurer la rentrée des fonds. Un bomme qui vous ferait signer des lettres toutes les fois qu’on n’enverrait pas d’états en règle, et qui vous mettrait à même de recourir à l’autorité du major général ou à la mienne, lorsque cela serait nécessaire, serait essentiellement utile.
Rambouillet, 9 août 1811
Au comte de Montalivet, ministre de l’intérieur, à Paris
Au 5 août, on n’a pas encore travaillé au marché Saint-Jean, au marché de la place Maubert, au marché Saint-Germain, au marché Saint-Martin; de sorte que, sur un fonds de 2,500,000 francs accordé pour les marchés, il n’y avait de dépensé que 400,000 francs ; 1,900,000 francs restent à dépenser.
Pourquoi les écluses du Perrey, au Havre, et celles des fonds du bassin ne chassent-elles pas ensemble avec les nouvelles écluses ? La combinaison de ces écluses peut seule produire un bon effet. On m’assure que, si l’on creusait la retenue d’eau, on aurait 40,000 toises cubes d’eau au lieu de 15,000.
Rambouillet, 9 août 1811
Au comte Mollien, ministre du trésor public, à Paris
Monsieur le Comte Mollien, l’envoi de sommes en or de Danzig ferait trop d’effet. Faites la remise d’un million à Magdeburg. Il y a beaucoup de relations de Dresde avec Varsovie, et on saura bien le faire passer. Il suffit que cela soit remis sur-le-champ.
Rambouillet, 9 août 1811
Au général Savary, duc de Rovigo, ministre de la police générale, à Paris
Il a existé, dans le commerce de Paris, en l’an VII et VIII, une carte manuscrite de l’île de Sardaigne. Peut-être y est-elle encore. On désire l’avoir. Suivez des recherches pour tâcher de découvrir cette carte. Écrivez au prince Borghèse de faire visiter les dépôts de Turin, notamment ceux de l’ancien cadastre. Il a existé un certain Novare, qui était attaché au général César Berthier et qui avait été, à cette époque, chargé de retirer des archives du génie piémontais tout ce qui pouvait intéresser l’armée d’Italie, et il serait possible que ce fut par cette voie que la carte dont il s’agit eût été mise dans le commerce; mais il est mort.
Rambouillet, 9 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Désormais il n’y aura plus de colonels surnuméraires. Désormais, tout colonel qui ne sera pas attaché à un corps sera colonel en sera colonel en second. Aucun major ne doit être surnuméraire. Tous ceux qui ne seront pas attachés à des régiments seront majors en second. Je viens de nommer beaucoup de colonels de cavalerie généraux de brigade. Mon intention est que les colonels, comme Audenarde, Christophe, etc., qui sont colonels depuis 1809, soient nommés à ces régiments. Je vois que dans l’état que vous m’avez remis il y en a huit, Audenarde, Rolland, Christophe, Murat-Sistrières, Vezier, Lanougarède, Viennet et Baillod ; on doit leur donner des régiments avant les colonels en second. Faites-moi un rapport sur ces huit officiers, afin de leur donner des régiments, et ceux qui ne seraient pas capables, de leur donner leur retraite ou de les employer d’une autre manière.
Vous confondez toujours les majors avec les majors en second. Le sieur Guillaume, qui est major, et les sieurs Campariol, Campagnac, Lefebvre et les quatre autres qui sont portés dans votre état, doivent être nommés majors dans des régiments.
Il faut faire le même travail dans la cavalerie, afin que ceux qui sont colonels vous les nommiez aux régiments vacants par la nomination que j’ai faite de généraux de brigade, avant d’y nommer les majors en second.
Rambouillet, 9 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Duc de Feltre, je réponds à votre lettre du 6. Si vous croyez que les inspecteurs aux revues ne peuvent pas être chargés de la comptabilité des prisonniers de guerre, donnez ordre à quatre auditeurs (section de la guerre) d’aller en passer la revue, non seulement de ceux employés par la guerre, mais aussi de ceux qui travaillent pour les ponts et chaussées et la marine, vu que c’est vous, comme ministre de la guerre, qui devez prendre intérêt à ces malheureux. Vous ferez faire une instruction pour ces auditeurs sur la tenue des livrets et sur tous les détails de cette petite comptabilité. Ces auditeurs seront chargés de prendre note de tout et de recueillir les plaintes de ces prisonniers.
Faites former quinze autres bataillons pour le service du génie militaire, dont cinq seraient employés à Flessingue, cinq au Helder et cinq à Cherbourg. Nommez des officiers en retraite pour former et commander ces bataillons.
On doit pousser les travaux à Cherbourg avec la plus grande activité, ainsi qu’au Helder et à Flessingue, où il ne saurait y avoir trop de monde. Il faut prendre des mesures pour pouvoir dépenser 3 ou 4 millions l’année prochaine à Flessingue.
Rambouillet, 9 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Duc de Feltre, c’est pour la dixième fois que je donne ordre que le bataillon de Schouwen se rende en Allemagne. Sous différents prétextes on le retient, et il n’était pas parti le 4 août. Punissez qui est coupable de n’avoir pas obéi.
Envoyez une estafette pour faire partir ce bataillon douze heures après l’arrivée de cette estafette. Il partira beaucoup plus faible, parce que les fièvres dans cette saison font beaucoup de mal dans ce pays.
Vous donnerez également ordre que vingt-quatre heures après l’armée de votre estafette, tout ce qu’il y a de disponible aux 3e, 4e et 5e bataillons du régiment de Walcheren, habillé ou non, parte avec un cadre pour 140 hommes, pour se rendre à Gorcum et de là au corps d’observation de l’Elbe. Donnez également ordre que tous les hommes des deux premiers bataillons qui appartiennent aux départements de l’Escaut, des Deux-Nèthes et de la Lys, partent également; de sorte que le 13 août, sous votre responsabilité, il ne
reste du régiment de Walcheren, bien portants, tout au plus que les deux premiers bataillons, forts de 1,400 hommes (ce qui est suffisant pour le service de l’île), la meilleure partie du bataillon colonial, les compagnies d’artillerie et le bataillon de sapeurs. Vous comprenez facilement la grande importance que j’attache à ce que sans aucun délai, le bataillon de Schouwen, les hommes disponibles des trois bataillons, qui étaient, au 1er août, forts, le 3e de 600 hommes, le 4e de 400 hommes et le 5e de 400 hommes, quittent l’île de Wakcheren, puisqu’en laissant une si grande quantité dans celle île, c’est les envoyer à la mort. Ce n’est pas l’ennemi que j’ai à craindre, ce sont les fièvres. Je préfère que quelques désertent en route à les voir rester dans l’île de Walcheren pour périr de maladie. Faites connaître au général Gilly que je considère qu’y laisser pendant les mois d’août, septembre, octobre et novembre, un homme de plus que ce qui est nécessaire pour la stricte défense est un crime.
Le n° 124, qui est à Bruges, sera prêt à tout événement à rester dans l’île. L’escadre y jetterait ses matelots; et enfin, dans la situation actuelle, toute crainte pour cette île est une chimère. Je suis très mécontent du retard que le général a apporté à l’exécution de mes ordres. Vous ferez sortir de l’île le détachement du 11e de hussards, fort de 90 hommes; on n’y laissera que 25 hommes. Je vois avec peine que les cadres des 7e et 13e légers sont encore dans l’île et ne sont pas remplis. Si l’on ne peut pas les compléter avant le 15 août par des hommes habillés, qu’on les complète en hommes non habillés et non armés et qu’on les fasse partir pour Hambourg où ils seront habillés et armés à leurs régiments. Il est inutile de laisser ces cadres, qui sont composés de très bons officiers et sous-officiers, prendre la fièvre dans le pays.
Je suppose que vous avez donné ordre qu’il ne soit plus conscrits réfractaires dans l’île de Walcheren et qu’ils soient sur Wesel. Toutefois donnez ordre au général Rousseau, qui commande dans l’île de Cadzand, de n’en laisser passer diriger sur Wesel tous ceux qui se présenteraient.
Rambouillet, 9 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Je vous ai fait connaître mon projet de campagne maritime pour 1811 et 1812. Les états que vous me remettez sur la flottille et les expéditions de l’Escaut et de la Méditerranée ne remplissent pas mon but.
ARMEMENT DE L’ESCAUT.
Quinze vaisseaux de guerre, quelques frégates, deux vaisseaux hollandais et quatre frégates hollandaises, peuvent porter en Angleterre ou en Irlande 12 à 15,000 hommes, mais je n’y vois pas de moyen de transport pour les chevaux ; 15,000 hommes ont besoin de 3,000 chevaux; 30,000 hommes en ont besoin de 6,000. La menace ne peut faire effet qu’autant que l’opération sera combinée et de manière que tout le monde y croie et qu’on puisse réellement la tenter.
Les dix-sept vaisseaux de cette armée seront augmentés l’année prochaine de treize vaisseaux, savoir, des neuf vaisseaux d’Anvers et des sept du Texel, et de quelques frégates. Ainsi donc on ne sera pas loin de pouvoir transporter l’année prochaine 20 à 25,000 hommes. La question restera toujours la même : les chevaux ?
Les canonnières et tous les petits bâtiments ne doivent pas faire partie de l’expédition de l’Escaut; ils n’y seraient d’aucune ressource, l’expédition partant par un gros temps et devant faire une haute navigation. Une expédition d’Irlande partant de l’Escaut doit être composée de cent bâtiments, dont le moindre serait de la valeur d’une frégate. Il faudrait, ou acheter à Rotterdam vingt bâtiments pouvant porter chacun 100 chevaux et ayant la valeur d’une frégate, ou faire construire à Dordrecht vingt écuries.
Comme vous ne vous êtes pas occupé de cette question, les idées sur ces écuries ne sont pas encore nettes. Combien les cinq frégates hollandaises et les dix vaisseaux hollandais installés en écuries pourraient-ils porter de chevaux ? Convient-il de faire construire des écuries sur un modèle particulier, ou tout simplement des frégates ? Peut-on trouver à Rotterdam des bâtiments de 8 à 900 tonneaux, capables de servir encore cinq à six ans, et qui puissent naviguer aussi bien que les bâtiments hollandais ? Je n’approuve pas qu’on frète aucun bâtiment; je ne veux rien fréter. Je n’approuve pas davantage l’emploi des canonnières, qui ne doivent pas entrer dans des expéditions de cette nature.
L’expédition de l’Irlande ne me promet donc aucun résultat.
FLOTTILLE DE BOULOGNE.
La flottille de Boulogne doit également avoir le nombre de chevaux proportionné aux troupes d’infanterie. Voici comment je conçois qu’elle doit être composée :
Quarante-huit petits bâtiments, bricks, cutters, péniches, avisos, etc., portant 3,000 hommes et 80 chevaux; seize prames, portant 4,000 hommes et 800 chevaux ; quatre-vingt-une canonnières, portant 10,000 hommes; chaque prame et chaque canonnière aurait une péniche sans canonnière et sans garnison; cent trente-cinq bateaux canonniers, portant 13,500 hommes et 270 chevaux; cent transports installés en écuries, y compris les corvettes de pêche, portant 3,000 hommes et 1,500 chevaux; deux cents chaloupes canonnières, bateaux canonniers convertis en écuries, portant 6,000 hommes et 3,000 chevaux ; total, cinq cent quatre-vingts bâtiments, 38,000 hommes et 5,050 chevaux.
Ces 38,000 hommes se diviseront en 30,000 hommes d’infanterie, 6,000 hommes de cavalerie, 2,000 hommes d’artillerie; le 6,000 chevaux seraient 4,000 de cavalerie et 2,000 d’artillerie et d’état-major.
Cela exigera donc cinq ou six cents bâtiments, qui existent tous excepté les péniches. Il suffira cette année d’avoir vingt-trois péniches de différents modèles à Saint-Valéry, Boulogne, etc., on ferait les soixante autres l’année prochaine.
EXPÉDITION DE CHERBOURG.
Les ordres ne sont pas encore donnés pour les prames du Havre. II y a dans ce dernier port un bâtiment de 600 tonneaux qu’il serait utile d’acheter. A Cherbourg, 600 chevaux suffisent cette année puisque l’expédition semble ne menacer que les îles de Jersey. Il n’y a pas besoin de cavalerie.
EXPÉDITION DE LA MÉDITERRANÉE.
J’ai pris un décret pour que la Melpomène et la Galatée soient mises à l’eau cette année. Je désire également y envoyer quatre frégates de l’Océan .
Rcmcltez-inoi un état des soixante-huit bâtiments qui sont ia*a* dans vos états de situation comme servant à la protection de U «*• Divisez-les en deux : ceux qui sont de la force d’un brick ou A* force supérieure, et ceui d’une force inférieure, et nombre d’hommes que chaque billimcnt pourrait porter en manière que j’aie au 15 décembre à Toulon v indépendamment et t* qui est nécessaire pour Corfou, six frégates ou grosses goélette». ^ (lûtes, quatre <jubares et quatorze écuries, portant ou pouvant ftfrtr 12,000 hommes et 700 chevaux, soit en Sicile, soit en Sardaîpt
Mon intenlion est qu’une frégate et une vingtaine de pttilihii-ineiils puissent se réunira Porto-Ferrajo et y embarquer 3,000 hommes, et qu’une grosse corvette et une vingtaine de petits bâtiments puissent en embarquer à Ajaccio et Bonifacio 3,000 autres; ce qui ferait une expédition de 6,000 hommes pour la Sardaignc et la Sicile, sans rien embarquer sur mes vaisseaux de ligne, que je ne veux compromettre d’aucune manière.
Si Ton faisait l’expédition de Sicile, l’ennemi viendrait en Sardaigne. L’expédition de Sardaigne faciliterait l’expédition de Sicile. Je désire que vous me remettiez un mémoire qui considère la question sous le point de vue maritime, fasse connaître où l’expédition pourrait débarquer, si ce doit être au port de Conte ou dans le golfe d’Ori-stano. Je désire bien connaître tous les points de l’île qui peuvent donner refuge à une escadre, et surtout celui de Cagliari. L’ennemi a dégarni et dégarnit tous les jours la Sicile; ce qui rend plus important de se trouver en mesure dans la Méditerranée.
Rambouillet, 9 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Il y a à Hambourg une immense quantité de bois provenant de Bohême, de Saxe, de Prusse, de Westphalie et de presque tous les pays dont les eaux versent dans l’Elbe. On achèterait ces bois à bon marché. La difficulté serait de les transporter à Amsterdam; mais, en les faisant passer par les Wadden, cette difficulté s’affaiblirait. Vous manquez de bois à Amsterdam, à Anvers et à Flessingue; ce nouveau débouché, qui ne tendrait qu’à en faire baisser le prix, serait une ressource également précieuse pour nos arsenaux et pour former nos marins.
Commencez par un essai. Faites acheter 25,000 pieds cubes de bois, non pas pris indistinctement, mais des courbes et des qualités qui vous sont le plus nécessaires. Faites venir ces bois à Cuxhaven, et faites-les embarquer sur quinze à vingt bateaux tirant moins de 4 pieds d’eau et portant le plus possible. Ces bateaux marcheront sous la protection des flottilles en attendant que toutes les îles puissent être militairement occupées, et ils ouvriront un chemin d’autant plus important que par là non seulement nous pourrons envoyer en retour nos vins dans le Nord, mais encore que nous pourrons faire arriver cette immense quantité de blé qui se trouve également sur l’Elbe, et dont la ressource nous sera peut-être nécessaire cette année.
Rambouillet, 9 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Monsieur le Comte Décrès, dans la nécessité où je suis d’avoir des frégates prêtes pour différentes expéditions, je pense qu’il est nécessaire de mettre quatre frégates à l’eau à Nantes. Je ne trouve pas que les raisons que vous donnez dans votre lettre du 5 août soient bonnes. On peut tenir des frégates dans plusieurs endroits de la Loire; on peut, s’il est nécessaire, les alléger de manière à les tenir prêtes, soit pour Batavia, où les circonstances peuvent les rendre nécessaires, soit pour quelque expédition dans la Méditerranée. Quant à Rochefort, mon intention est que la Saale soit armée sans délai afin de profiter des espérances que l’on conçoit, soit de faire passer des vaisseaux dans la Gironde, soit de les faire mouiller près des Saumonards.
Rambouillet, 9 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Il y a dans le continent de la Sardaigne les rades de Cagliari, de Porto-Conte, de Terranova et d’Oristano. Je désire en avoir les plans, avec le mouillage des vaisseaux, afin de voir s’ils peuvent être protégés par la terre.
Il y a dans le continent de la Sardaigne plusieurs ports : Porte-Torrès, qui est le port de Sassari, Castel-Sardo, Alghero, Oristano, Torre di Bozza, et le port de Cagliari.
Je désire savoir si des frégates, corvettes, flûtes, gabares, tartanes, peuvent y entrer. Enfin il y a vis-à-vis, en Corse, les ports et rades de Santa-Manza, Bonifacio, Porto-Figari et le golfe Valinco, points de refuge qui peuvent être considérés comme tenant à une expédition de Sardaigne. Je désire en avoir les plans, ainsi que de tous les mouillages entre Bonifacio et Ajaccio, savoir quels échantillons de bâtiments peuvent y entrer, où ils peuvent mouiller, et la protection que la terre peut leur donner.
Enfin les Îles de la Madeleine forment un bon mouillage. Je désire savoir s’il est propre pour des vaisseaux, s’ils peuvent y rester en tout temps et quelle protection ils peuvent recevoir de la terre.
Rambouillet, 9 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Si l’on avait mis plus d’activité dans les travaux maritimes de Flessingue, le bassin aurait pu être terminé cette année et les vaisseaux y entrer, si cela avait été nécessaire.
Je désire que les travaux soient dirigés de manière qu’à la fin de juillet 1812 nos vaisseaux puissent y entrer. A cet effet, il faut donner l’ordre à l’ingénieur de requérir les maçons dont il a besoin dans les départements de la Lys et des Bouches-de-l’Escaut et dans les îles de Beveland, et lui faire fournir les bois dont il a besoin.
On doit pour les travaux suivre le plan suivant. Le radier doit être entièrement terminé cette année comme il est projeté, c’est-à-dire qu’au centre il y ait plus de 23 pieds d’eau ; les bajoyers de l’écluse seront établis jusqu’à la naissance de la voûte; le quai du bassin qui reste à faire sera entièrement terminé; les bois pour confectionner les trois paires de portes seront fournis avant le 15 septembre, afin de les arranger et confectionner pendant l’hiver. Pendant l’hiver on creusera le bassin à 3 pieds au-dessus du buse du radier. Le déblai sera très considérable, le bassin ayant besoin d’être creusé de plus de 6 pieds; mais ce travail ne peut se faire que cet hiver, à cause du mauvais air que cela produit
En juin 1812, l’écluse sera terminée, les portes placées, et l’on travaillera à creuser le canal et à démolir le batardeau, de sorte qu’en juillet les vaisseaux puissent y entrer.
Les travaux de la marine ne vont point du tout dans ce moment-ci ; c’est le bois qui manque et la volonté. Ceux de la guerre, au contraire, ne manquent de rien et vont avec la plus grande activité. C’est que les ingénieurs de terre ont le droit de se pourvoir de ce qui leur manque, au lieu que les ingénieurs de marine ne l’ont pas, ou que l’administration ne marche pas et ne leur fournit pas ce dont ils ont besoin.
Faites connaître ce plan de travail au préfet maritime et aux ingénieurs, et qu’on lève tous les obstacles pour qu’il réussisse.
Rambouillet, 9 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
On parle beaucoup des projets du canal de l’Elbe au Rhin. Tous les projets qui me sont présentés offrent au moins une dépense de 30 millions. Il est évident qu’en temps de paix ce canal sera d’un médiocre avantage. De gros bâtiments venant de Hambourg à Amsterdam et à Anvers auront la préférence, et, en temps de guerre, il est douteux si le canal que l’on fera sera plus avantageux que celui qu existe. Or il est impossible à l’ennemi d’intercepter la navigation de Hambourg à Cuxhaven. Il est impossible également d’empêcher la communication de Cuxhaven au Zuiderzee par les Wadden, si l’on arme et occupe toutes les îles. Faites faire au bureau une carte avec les cotes des Wadden. Faites-moi connaître la distance d’une île à l’autre, ce que pourrait faire l’ennemi en coupant la communication des îles occupées, et ce qu’il faudrait faire pour occuper ces îles (ce qui entraîne la description de ces îles ; il y a des tours dans plusieurs) ; enfin sur les moyens d’aller à leur secours.
Faites-moi faire un mémoire sur cette question, comment on la connaît au Dépôt; et, si cela n’est pas satisfaisant, chargez un ingénieur de marine et deux officiers de marine de faire cette importante reconnaissance, afin de me remettre un second mémoire, avec cartes et sondes, dans le courant d’octobre.
Rambouillet, 9 août 1811
Au comte Roederer, sénateur, ministre du grand-duché de Berg, à Paris
J’ai signé le décret pour l’appel de la conscription de 1811 du grand-duché de Berg, montant à l,850 hommes; ce qui, avec le montant de l’appel pour remplacer les conscrits réfractaires, fera 2,150 hommes; 600 seront nécessaires pour compléter le bataillon du 1er régiment qui est à Düsseldorf; l,200 deviendront nécessaires pour former le fonds du 4e régiment; les 300 hommes restants suffiront à former le noyau des escadrons de cavalerie et a compléter l’artillerie et le train.
Parce moyen, j’aurai, au 1er janvier 1812, savoir : un bataillon du 1er régiment complet, le 2e le 3e et le 4e régiment, ayant chacun 2 bataillons de plus de 600 hommes présents; ce qui me ferait 7 bataillons formant près de 4.000 hommes. J’aurais 1,000 hommes de cavalerie et 4 à 500 hommes d’artillerie.
En appelant la conscription de 1812, on compléterait les 1er, 2e, 3e et 4e régiments, la cavalerie et l’artillerie. Mais il est important que les cadres non seulement du 4e régiment, mais encore des ouvriers, de l’artillerie et du train, soient formés sans délai. Parce moyen, le grand-duché aurait une belle division munie de tout, et qui serait à même de se faire honneur.
Donnez donc l’ordre que les cadres du 4e régiment et tous les cadres de l’artillerie soient formés avant le 15 septembre. Présentez-moi un rapport pour le matériel de l’artillerie, caissons, etc., afin que tout cela s’apprête.
Rambouillet, 10 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Suspendez de ses fonctions le capitaine de gendarmerie…. Prenez connaissance des plaintes auxquelles il a donné lieu dans la Haute- Loire pour fait de conscription, et faites des exemples sévères sur les officiers de gendarmerie et de recrutement qui abusent de la conscription. Le sieur sera remplacé dans le Tarn, où il a été envoyé depuis.
Rambouillet, 10 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Faites paraître tous les jours un petit bulletin du mouvement des escadres de Toulon, d’Anvers, de Lorient, de Brest, de manière à encourager les marins qui sortent, sans cependant faire connaître dos forces.
Rambouillet, 10 août 1811
Au baron de La Bouillerie, trésorier général du domaine extraordinaire, à Paris
Je ne signe point le projet de décret que vous m’avez présenté; je désire avant que les comptes des 250,000 francs (chapitre VII) soient terminés. Lors donc qu’il sera prouvé qu’il n’y a plus rien à imputer pour dépenses accidentelles pour 1810, vous m’en rendrez compte, et je prendrai un décret qui portera l’annulation du surplus du crédit; mais j’approuve que vous portiez à ce chapitre les trois sommes qui seront portées dans le décret.
Quant aux 2,241,000 francs accordés pour dots aux militaires mariés, vous auriez dû envoyer l’argent en comptes courants chez les receveurs et payeurs, et ne les compter que lorsque les payements seraient faits et lorsque vous auriez toutes les pièces. Toute autre marche est irrégulière ; il faut donc que vous ayez non seulement les reçus du Domaine, mais l’emploi des fonds et les noms des militaires qui se trouvent dotés en conséquence.
Je trouve, au chapitre IV, une somme de 1,500 francs au sieur Tournus, chef de bureau des monnaies au trésor impérial. Cette somme ne devrait pas être portée à ce chapitre, mais au chapitre II, aux frais de négociation ou conversion de monnaies, aux frais de service des receveurs ou frais de diverses natures.
Vous n’avez point le droit d’empiéter d’une année sur l’autre. Vous n’auriez point dû le faire sans m’en rendre compte, pour que je vous ouvrisse un nouveau crédit; mais, une fois que cela est fait, il faut le porter comme surplus. Ce n’est pas une chose régulière, mais on se régularise à la fin de l’exercice. Il est probable que tout le crédit du chapitre VII ne sera pas nécessaire; alors on prendra donc à la fin de l’année pour les autres chapitres, si cela est nécessaire.
Vous portez 4,000 francs pour les essayeurs de la Monnaie de Paris; cela ne regarde pas le chapitre IV.
En ôtant les deux premiers articles, l’état B me parait en règle ; mais c’est autant que vous avez les pièces justificatives de 2,285,000 francs pour les dots de militaires. Il est nécessaire de savoir si les 48,000 francs qui restent à payer seront nécessaires. Je suppose que vous avez des reçus des conseils d’administration pour les 250,000 francs des corps du Brabant et de la Zeeland. Je vous renvoie donc toutes les pièces, afin de régulariser tout cela.
Au fait, voici la situation de 1810 :
Les crédits que j’ai accordés étaient de 20,379,000 francs; au 30 juin il vous restait encore 10,554,000 francs à payer. Il est nécessaire que vous effectuiez ces payements. Après avoir payé les 6 millions pour la restauration du palais de Versailles, les 2,300,000 francs pour remboursement au trésor de la Couronne, les 1,700,000 pour achat de domaines, il ne restera plus que 23,000 francs pour le chapitre V, 200,000 francs pour le chapitre VI et 250,000 francs pour le chapitre VII, c’est-à-dire 473,000 francs, et il restera à discuter la partie de ces sommes qui est due et celle qui n’est pas due ; ce qui permettra de couvrir par un décret toute la dépense de 1810.
Je nommerai une commission pour recevoir votre compte.
Le chapitre IV sera couvert par un décret de moi pour la partie qu’il est inutile que personne connaisse. Le service de 1810 se trouverait entièrement terminé.
Dans le budget 1812, tâchez d’économiser sur les dépenses des chapitres 1er, II et III de 1811 f afin de pouvoir en 1812 diminuer de beaucoup les crédits pour dépenses imprévues, frais de missions, frais de négociations, de conversion de monnaies, transport de Fonds, frais de service des receveurs, etc.
Rambouillet, 11 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la marine, à Paris
Il est nécessaire que pour les chevau-légers vous régliez les dimensions de la lance, tant du bois que du fer, afin que l’artillerie ne s’y trompe plus comme elle l’a fait pour les chevau-légers hollandais. Il est nécessaire que vous fassiez imprimer mon instruction sur l’exercice de la lance; que vous demandiez au 1er régiment de lanciers, qui est en Andalousie, et au régiment de la Garde, qui est à Paris, un certain nombre d’instructeurs pour être envoyés aux différents régiments. Je suppose que vous avez demandé des hommes pour former le premier régiment de chevau-légers, qui est à Sedan.
Rambouillet, 11 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Duc de Feltre, je désire que vous me fassiez un rapport sur les quatre régiments étrangers. Le premier est celui de la Tour d’Auvergne, le deuxième celui d’Isembourg, le troisième le régiment irlandais, et le quatrième celui de Prusse. Quels sont les quatre colonels et les majors qui commandent ces régiments ? Où sont-ils ? Quels sont les chefs de bataillon, capitaines et lieutenants ? Indiquez-moi de quelle nation est chacun, et joignez-y des renseignements sur leurs services, afin que je connaisse bien la composition de ces régiments. Tous les officiers français qui ont servi en Autriche et en Prusse et que je rappelle, tous ceux qui ont émigré, tous ceux enfin qui n’ont pas fait leur avancement dans l’armée française, pourront être employés dans ces régiments, où il y aura un tour d’avancement distinct de celui de la ligne; car vous ne devez pas perdre de vue le principe que ces officiers ne doivent pas avoir d’avancement dans la ligne, et que, s’il y a jamais quelque exception, ce ne peut être qu’en vertu d’un décret spécial de moi et d’après un rapport particulier sur chaque individu , où vous m’aurez bien fait connaître ce dont il s’agit et les services de l’officier.
Il faut porter le régiment irlandais et le régiment de Prusse, chacun à cinq bataillons, comme les régiments français. Aussitôt qu’il sera possible, vous ferez revenir de l’armée de Portugal les bataillons de Prusse et d’Irlande qui s’y trouvent. Les régiments de la Tour d’Auvergne et d’Isembourg sont destinés à garder la Toscane et l’Italie, et en conséquence, vous devez veiller à ce qu’on n’y envoie pas d’Autrichiens. Au contraire le 3e et le 4e régiment, que je destine à garder la Hollande, pourront recevoir les Autrichiens. Mais il est convenable qu’il y ait un bon nombre d’officiers et sous-officiers français parlant allemand.
Écrivez au duc de Tarente de faire venir le plus tôt possible le bataillon Valaisan sur Cette, où l’on verra à le réorganiser.
Qu’est-ce que les chasseurs français dont le dépôt est â Lille ? Où ont servi ces hommes ? Que pourrait-on en faire ?
La légion hanovrienne, celle du Midi, ont été dissoutes; les tirailleurs corses et du Pô sont également dissous; ainsi il n’y aura plu de corps irréguliers. Je ne parle pas des huit bataillons de la légion de la Vistule, des régiments espagnols, de la légion portugaise. Le bataillon romain est composé de déserteurs ; pourrait-on le faire passer en France ?
Il faut achever d’organiser le 32e léger. Donnez ordre de faire revenir de Catalogne les portions de ce régiment qui s’y trouvent, afin de réunir les trois bataillons et de pouvoir, aussitôt qu’il sera possible, former le 1er et le 5e bataillon. Ce régiment est mal placé à Toulon; comme je veux le composer d’Italiens, on placera le dépôt à Avignon. Les dépôts du 16e et du 29e, qui sont des dépôts français, sont suffisants à Toulon. Faites-moi un rapport particulier sur le 29e léger. II faudrait compléter ce régiment : le 3e et le 4e bataillon le serai à l’île de Ré; mais le 1er et le 2e sont encore loin d’être complets. Quelle est leur situation et qu’attend-on des garnisons de l’île de France et de Saint-Domingue ? Envoyés à Belle-Île le cadre du 5e bataillon du 20e de ligne. Il prendra 500 hommes, en ayant soin ne prendre aucun Breton ni Normand. Ces hommes, il les recevra des conscrits à mesure qu’ils arriveront ; il les habillera et les instruira.
Enfin il faut organiser le 28e de chasseurs et le porter à 1,000 hommes et à 8 ou 900 chevaux.
Rambouillet, 12 août 1811
Au prince Cambacérès, archichancelier de l’empire, à Paris
Mon Cousin, je vous renvoie votre projet sur l’Ordre de l’Union. J’en ai supprimé ce qui regarde les Français. Je désire que le nombre des commandeurs soit porté à 500 et celui des chevaliers à 5,000. Cela donnera les moyens de soulager la Légion d’honneur, qui sans cela s’accroîtra à l’infini.
Il faudrait aussi changer quelque chose à la plaque, qui a la même forme que l’aigle de la Légion d’honneur. La réunion consiste dans la réunion de la Hollande, des villes hanséatiques, de Rome et de la Toscane. Si l’on pouvait faire entrer dans la décoration quelque ligne qui rappelât ces trois grandes réunions, cela serait d’un bon effet : l’aigle pourrait soutenir le médaillon, par exemple. Enfin il faut imaginer une autre plaque que l’aigle seul, qui forme la Légion d’honneur.
Le nombre des départements réunis est, je crois, de 19, en y comprenant ceux de la Toscane et de Rome. Il est probable que le Piémont et Gènes seraient bien aises de trouver quelques souvenirs là-dedans.
On pourrait dire dans le préambule que les services rendus aux anciens souverains sont récompensés comme ceux rendus à nous-même ; ce qui donnera lieu à des chefs de vieilles familles de se croire des droits à cet Ordre, chose qui est politique et convenable. Cela se rattacherait même à des services rendus à l’ancienne France. Retravaillez donc ce projet et faites de nouvelles recherches pour un nouveau modèle.
Rambouillet, 12 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Les péniches anglaises nous harcèlent partout. Il faut que tous les bâtiments de la flottille du Nord aient des péniches; j’en avais attaché à tous les bâtiments de cette flottille; mais mes ordres ne s’exécutent pas; de sorte que les Anglais vont où nous ne pouvons aller. Il fau qu’indépendamment de son canot, chaque canonnière ait sa péniche pouvant porter 10 hommes et une pièce de canon. La négligence de ces détails nous fait éprouver des pertes. Il n’y a pas le soin et l’habileté convenables dans cette direction. J’ai une grande quantité de péniches qui pourrissent à Anvers et qui seraient fort utiles là.
Rambouillet, 13 août 1811
Au comte Mollien, ministre du trésor public, à Paris
Monsieur le Comte Mollien, je vois dans les comptes du trésor de 1810 qu’il y a deux pensions montant à 157 francs, dont les titulaires auraient eu cent un ans en 1810; qu’il y a près de 5, 000 pensionnaires, hommes et femmes, ayant plus de quatre-vingt ans, et 375 ayant plus de quatre-vingt-dix ans. Je désire que vous fassiez dresser l’état nominatif de ces pensionnaires par départements, afin de faire vérifier s’il n’y a point d’abus.
Rambouillet, 13 août 1811
Au comte Mollien, ministre du trésor public, à Paris
Monsieur le Comte Mollien, je désirerais beaucoup avoir des idées précises sur la solde des armées d’Espagne. Vous m’annoncez là-dessus un travail que j’attends avec impatience. Je viens d’ordonner l’envoi d’un huitième convoi de fonds qui partira au commencement de septembre. Je désire en faire partir un neuvième de 4 millions, qui partira dans les premiers jours d’octobre. Il sera nécessaire de coordonner cela avec les budgets de 1810 et de 1811. Une partie des fonds que j’envoie en Espagne sont destinés à l’armée du Centre et servent à payer les troupes de la Confédération auxquelles les princes doivent envoyer des fonds. La division italienne qui est en Espagne et celle qui va y entrer reçoivent des fonds du trésor d’Italie. J’ai besoin d’avoir là-dessus des explications claires.
Je vois dans les derniers états de la balance du trésor que vous m’avez remis qu’il était dû à la guerre, au 1er juillet, 15 millions sur l’exercice 1810. Je suppose que, sur ces 15 millions, les 10 millions pour supplément de solde de l’armée d’Espagne sont entiers. Dans le livret des finances de juillet 1811, je vois qu’il n’y avait de dépensés sur 1811, pour la solde des armées d’Espagne et de Portugal, que 12,700,000 fr. Je remarque par occasion dans ce livret, état n° 9, que vous avez dépensé 2,300,000 francs pour la solde de l’Illyrie et 400,000 francs pour la Dalmatie : mais la Dalmatie et l’Illyrie sont la même chose. Je vois 400,000 francs pour Naples : je ne connais pas cette dépense.
Rambouillet, 13 aout 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Donnez ordre au premier inspecteur d’artillerie de partir demain pour se rendre en toute diligence à Toulon. Il visitera les batteries de Toulon et de la rade des îles d’Hyères. Il donnera les ordres qui pourraient être nécessaires pour chasser, s’il est possible, et nuire aux Anglais qui mouillent dans la rade d’Hyères. Donnez ordre également à deux chefs de bataillon d’artillerie, avec deux capitaines, de passer dans les îles de Porquerolles et Port-Cros, où les deux chefs de bataillon prendront le commandement de l’artillerie.
Vous autoriserez le premier inspecteur à faire faire les dépenses nécessaires, et vous mettrez à sa disposition, chez le directeur, une somme soit pour réparations ou constructions d’artillerie, soit pour toute autre chose y relative.
Saint-Cloud, 14 août 1811
A M. Gaudin, duc de Gaète, ministre des finances, à Paris
Votre lettre sur la situation de la caisse d’amortissement m’a porté à lire les pièces relatives aux comptes de cette caisse qui sont imprimés dans les comptes des finances de cette année. J’y vois que la caisse d’amortissement, comme caisse d’amortissement proprement dite, doit représenter 32 millions, qu’elle représente en effet par une inscription de 1,600,000 francs de rente. J’y vois que, comme caisse de garantie, elle doit représenter 247 millions; mais que, sur ces 247 millions, 149 millions sont pour les cautionnements, c’est-à-dire ne sont point remboursables; l’intérêt n’est qu’à 4 pour 100. Sur cela le trésor lui doit 86 millions; elle a 42 millions de rente sur le grand-livre; il n’y a donc que 95 millions qui, étant exigibles, constituent son dû.
Elle représente pour les 95 millions 65 millions de domaines, 30 millions d’argent, ou effets valant de l’argent, qui feraient 95 millions. La caisse représente aussi 7 millions pour intérêts de cautionnements dus par le trésor en 1809 et 1810. Avez-vous porté ces deux sommes sur les budgets de 1809 et 1810 ? Elle réclame encore 24 millions pour pareille somme de domaines au delà des Alpes (loi du 3 février). Est-ce que je ne lui ai rien donné en place pour cet objet ? Ces deux explications me sont nécessaires.
La caisse doit représenter 61 millions comme caisse de dépôt, mais une partie de cette somme n’est point exigible, telle par exemple que le fonds de retraite : elle ne doit que l’intérêt.
La caisse représente, pour faire face à ces 61 millions, une somme de 61 millions en argent comptant ou de produit de ventes de domaines qui doivent rentrer promptement. La somme de 6 millions seule est en rente évaluée au pair; mais, comme une somme plus forte est due aussi en rentes et n’est pas remboursable, elle ne peut pas être une occasion de déficit.
Les comptes ainsi présentés me paraissent extrêmement clairs. Rapportez-moi le plus tôt possible les comptes de la caisse d’amortissement arrêtés au 1er juillet, faits de la même manière. 30 millions, sur les 87 millions que le trésor lui doit, doivent s’y trouver compris. Que le directeur fasse toutes les recherches et réunisse tous les renseignements sur ces 61 millions de biens, sur ce qu’il en retirera, sur l’époque des ventes, etc.
Aussitôt que vous m’aurez remis ces renseignements avec les besoins de la caisse, mois par mois, année par année, on créera des bons portant 4 ou 5 pour 100 d’intérêt, qui mettront la caisse d’amortissement au-dessus de ses besoins, sans qu’elle aliène directement ou indirectement son 5 pour 100. En effet, ses 5 pour 100 lui rendent 6 1/2 pour 100 : elle peut émettre des bons à 4 pour 100.
Dans la situation actuelle de la place, on préfère des billes à 4 pour 100, remboursables dans deux, trois ou quatre ans, à des 5 pour 100 qui ne sont point remboursables, quoiqu’ils rendent 6 pour 100, parce qu’on n’est pas certain de ce qu’on retirera du capital au moment où l’on voudra y rentrer. Je pense donc que la caisse d’amortissement doit profiter de ces bénéfices, si ce n’est pour en faire un commerce, au moins pour ses besoins.
Ce serait effectivement une bonne spéculation que d’émettre des bons remboursables à un an ou deux ans qu’elle rembourserait par d’autres bons, et d’acheter des 5 pour 100 qui lui donneraient constamment une bonification au moins de 1 et 1/2 pour 100 et qui auraient l’avantage de satisfaire aux besoins du public.
Je vois que vous avez 3,653,000 francs disponibles au 1er avril sur votre budget pour 1810. Je suppose que les 3 millions pour intérêt des cautionnements y sont compris; mais je ne trouve rien en 1809 que 200,000 francs, ce qui me fait supposer que cette année on n’a point compris l’intérêt des cautionnements.
Il sera nécessaire également que, dans le rapport que vous me ferez sur cet objet, vous m’indiquiez l’époque où tous les bons en émission sont remboursables.
Contre les 6,600,000 francs de girofle, j’avais ordonné qu’on émit 6,600,000 francs de bons du syndicat de Hollande, qui, rendant 5 pour 100, sont comme de l’argent. Faites-moi connaître si ces bons ont été émis. Dès lors ils doivent entrer dans l’avoir de la caisse.
Le but de ce travail est de me proposer l’émission de 20 millions de bons remboursables en dix-huit mois ou deux ans, portant le même intérêt que les derniers, l’intérêt payable deux fois l’an, avec lesquels la caisse d’amortissement pourvoira à tous ses besoins.
Saint-Cloud, 14 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Vous avez dû donner l’ordre au premier inspecteur général de l’artillerie de partir pour aller inspecter l’artillerie des côtes de Provence et spécialement des îles d’Hyères.
Je crains que les Anglais ne veuillent établir leur mouillage dans la rade pour surveiller les mouvements de l’escadre de Toulon. Déjà l’on me rend compte qu’au commencement de ce mois ils y ont mouillé. La mission du général de la Riboisière n’en est pas moins nécessaire. Les Anglais peuvent aller à leur but de deux manières, ou en s’emparant des îles de Porquerolles et de Port-Cros, ou sans s’emparer ni de l’une ni de l’autre de ces îles. Je suppose le cas où ils voudraient s’établir dans la rade sans s’emparer des îles : il me parait indispensable d’établir à Brégançon, à Porquerolles, à Port-Cros, à la presqu’île de Giens et sur tous les points de la plage, des mortiers à plaque tirant à 2,000 toises, et des pièces de 36 tirant des obus à la distance de 2,300 toises sous l’angle de 45 degrés. En jetant de ces points des obus à 2,300 toises, je crois qu’on atteindrait tous les points de la rade et que l’on empêcherait l’ennemi d’y mouiller. Si, à l’arrivée du premier inspecteur général, l’ennemi est encore mouillé dans la rade, vous lui ordonnerez de faire des dispositions pour faire tirer des différente points à la fois sur l’ennemi et pour l’incommoder, de manière à lui faire quitter son mouillage et à lui faire prendre le large. Si à l’arrivée du général de La Riboisière, l’ennemi a pris le large, on n’en fera pas moins des dispositions pour que des mortiers à plaques et des pièces de 36 soient placées de manière à tirer, la première fois que l’ennemi se présentera, de tous les points à la fois, des obus avec les pièces de 36 et des avec les mortiers à plaque, de façon à leur en faire passer l’envie.
II faut tirer de toutes les batteries à la fois; sans quoi ils se retireront de l’une sur l’autre. C’est donc un système à établir et une instruction à donner.
Il doit y avoir à Toulon, soit de la marine, soit de la guerre, des mortiers à plaque et des pièces de 36. Il ne manque point d’obus ou de bombes. Il me semble que j’avais ordonné qu’on établit de fortes batteries de pièces de 36 et de mortiers à plaque.
Dans tous les cas, l’inspecteur général parcourra les trois îles de Porquerolles, de Port-Cros et du Levant, visitera les batteries, les fera augmenter et mettre en état; il fera placer les mortiers à plaques et pièces de 36 nécessaires ; il s’entendra avec les ingénieurs et fera pousser les travaux. Vous lui recommanderez de prendre connaissance, avant de partir, de la situation de ces îles et des travaux du génie. Il visitera l’île du Levant, que je veux également faire occuper par des ouvrages qui soient le plus près possible de Porquerolles. Afin d’être maître de communiquer du fort de Man au fort Maupertuis, qui ne sont qu’à 300 toises de distance.
J’attache la plus grande importance à ce que l’ennemi ne reste pas dans la rade d’Hyères, et à ce que ces îles soient mises à l’abri toute attaque et de toute insulte de la part des ennemis. Le général de La Riboisière restera de ce côté jusqu’à ce que la défense de la rade soit parfaitement établie, et qu’il soit persuadé qu’il est impossible à l’ennemi de mouiller tranquillement dans aucun point de la rade.
Vous donnerez la même instruction au général Dumuy et au directeur de l’artillerie, en ce qui les concerne, pour que, de leur côté, ils donnent tous les ordres nécessaires pour seconder la mission du général La Riboisière et assurer la défense des îles.
Saint-Cloud, 14 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
L’ai reçu les projets sur l’île de Goeree. Je désire que vous me remettiez le plan de l’île avec le plan des fortifications qui sont vis-à-vis Wilemstad, afin que je puisse juger de l’ensemble. Faites-moi connaître si, moyennant ce fort, on peut abandonner toutes les batteries pour les renfermer dans le fort. Ce ne sera que quand j’aurai reçu ces renseignements que je donnerai une décision. Il restera à asseoir la défense de l’île de Schouwen; ce sera un sujet de discussion pour le conseil de novembre.
Je désire avoir un rapport sur les tours qu’on a commencées cette année sur les côtes. Remettez-moi également des projets sur les îles d’Hyères. Vous me ferez connaître ce qui existe dans ce moment, ce qu’il y aura de fait à la fin de la campagne moyennant les fonds faits, ce qu’on pourrait faire en augmentant les fonds, ce qu’il faudrait faire pour saisir ces îles avec une main de fer.
Il y a des îles en avant de Porquerolles et de Port-Cros qu’on n’a pas occupées. Pourquoi ne les a-t-on pas occupées ? Y a-t-il de l’eau ? A-t-il été question de les occuper ? Les Anglais ne s’y sont-ils jamais établis ? Que faudrait-il faire pour les occuper ? Le premier inspecteur du génie peut inviter l’amiral Ganteaume à se rendre au conseil du génie lorsqu’on discutera tout cela.
Nos forces de Toulon devenant très considérables, et l’ennemi ne pouvant pas les bloquer pendant l’hiver, il est à craindre qu’il ne s’établisse dans les îles d’Hyères que nous n’avons pas occupées, pour favoriser son mouillage, et qu’il fasse de ces îles un point de contrebande pour toute la côte de Provence, ou qu’il ne s’empare même des îles importantes de Porquerolles et Port-Cros. Mon intention est donc d’y faire toutes les dépenses nécessaires.
Saint-Cloud, 14 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Je vous envoie une lettre du prince d’Eckmühl sur cette malheureuse affaire des quatre canonnières (ces quatre canonnières françaises étaient sous les ordres du lieutenant Van Wouten. Cet officier quitta le 2 août le mouillage du Krug, sur les côtes de la mer du Nord, et se dirigea sur l’île de Norderney; il se laissa surprendre dans le port de cette île par la flotte anglaise, qui, après une demi-heure de combat, captura les bâtiments français). II faut être bien peu habile pour aller passer la nuit dans une île. Il parait que le commandant était un Hollandais. On dit qu’on s’est mal battu. Il me tarde bien d’apprendre qui était dessus, et si ce sont des chaloupes canonnières ou des bateaux canonniers.
Ces opérations auraient dû être faites avec des péniches, les canonnières les soutenant. Ce qui est le plus important, c’est d’éloigner les Hollandais et de mettre des aspirants français. On formera ainsi une pépinière de jeunes gens pleins d’intelligence et d’ardeur : on ne s’en sert pas assez. Donnez ordre que ces péniches soient commandées par des aspirants de 1e classe, ayant sous leurs ordres des aspirants de 2e classe. Le commandant de la flottille de l’Ems ne me parait pas digne d’un commandement aussi important. Il faut établir les relations des commandants de la marine avec les commandants de terre.
Saint-Cloud, 14 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Je vois par votre dernière lettre qu’une frégate construite exprès ne porterait que 112 chevaux et coûterait 800,000 francs ; qu’une écurie comme celles de Toulon coûterait 200,000 francs et ne porterai que 40 chevaux; ainsi avec 800,000 francs on construirait quatre de ces écuries qui porteraient 184 chevaux.
Une prame comme celles de Boulogne coûte 100,000 francs et porte 50 chevaux. Ainsi avec les 800,000 francs on construirait huit prames qui porteraient 400 chevaux. Avec les 200,000 francs que coûte une écurie je ferais deux prames qui porteraient l00 chevaux. L’armement de la prame la rendrait supérieure a un cutter, un brick, et la mettrait même en état de tenir tête à une frégate.
Quelle artillerie pourrait porter la frégate installée en écurie ? A quoi ressemble une écurie comme celles de Toulon ? Peut-elle être comparée à une corvette comme la Diligente ? Quelle artillerie porterait-elle ? Indépendamment des chevaux, combien d’hommes porterait-elle ? En donnant aux prames de Boulogne trois ou quatre pieds d’eau de plus, cela n’augmente pas sensiblement leur prix, et cependant elles pourraient porter 150 chevaux. Elles ont une batterie de quatorze pièces de canon. Pourquoi ne s’en tient-on pas à ces prames ? Alors les 6,000 chevaux seraient portés par soixante prames, qui coûteraient 6 millions. Soixante prames dans l’Escaut seraient une ligne d’embossage du plus grand résultat. Cette question ne me parait donc pas encore approfondie; j’attendrai un nouveau mémoire là-dessus.
1° Anvers. — S’il y a à Rotterdam deux bâtiments de 900 tonneaux, je pense qu’il est utile de les louer ou de les acheter et de les faire venir à Anvers. Cela fera du bruit, et ces bâtiments, s’ils durent cinq ou six ans et qu’ils marchent bien, nous seront toujours utiles, soit comme hôpital et poudrière dans l’expédition, soit même dans l’Escaut comme hôpital pour la flotte; car il serait d’un bon principe de garder pendant l’été les malades au milieu de l’Escaut; ils seraient plus sainement qu’à Saint-Bernard même.
2° Boulogne. — Je désire que vous ordonniez à la marine à Boulogne de prendre une des canonnières et un des bateaux canonniers qui ne sont pas destinés à être armés, en les installant comme écuries et y mettant le plus de chevaux possible. Vous ferez observer que ces bâtiments ne doivent pas aller en rade et ne doivent servir qu’au transport. L’expérience fera connaître ce que cela coûtera et comment on installera ces bâtiments. Abandonnez cela aux ingénieurs et à l’administration du port. Il faut seulement que cela soit fait en septembre, afin qu’en passant à Boulogne je puisse voir ces écuries avec leurs chevaux.
Quant aux vingt-trois péniches, je désire que vous en fassiez faire trois modèles : petites, moyennes et grandes. Les petites porteront 30 à 40 hommes ; les moyennes, de 40 à 50 hommes; les grandes, de 50 à 60 hommes; le tout indépendamment de l’équipage. Il faut que ces péniches soient le plus légères possible; elles ne porteront qu’une pièce de canon et seront construites avec du bois sec. Recommandez qu’elles soient faites avec le plus grand soin. L’expérience fera voir laquelle de ces trois espèces de péniches il faut préférer. Je ne suis pas d’opinion de faire construire de nouvelles prames à Boulogne. Ces bâtiments sont trop considérables pour la flottille de Boulogne.
3* Cherbourg. — Si le 3e arrondissement maritime ne peut envoyer que trois canonnières, qu’il n’en envoie que trois; Boulogne en enverra douze au lieu de six. Il faut que l’équipage de la flottille qui est à Cherbourg aille à Boulogne prendre ces douze canonnières.
Je vous ai mandé qu’il y avait des bâtiments de 4, 5, 6 et 700 tonneaux dans les petits ports de la Manche; ces bâtiments pourraient être achetés dès ce moment. Leur réunion à Cherbourg ferait un grand effet, puisque, avec les cinq que j’ai, cela ferait quinze cent bâtiments. Quant au prix, il faut traiter de manière à mettre une partie sur le budget de cette année et une partie sur le budget de l’année prochaine.
Mon intention est que les bâtiments de transport des flottilles de l’Escaut, de Toulon, de Cherbourg, de Boulogne, soient armées. Je vous ai demandé un projet pour l’armement des flûtes de 600 tonneaux, gabares et écuries. Il faut que chacune puisse se battre un bâtiment de guerre de sa force, surtout lorsque, par circonstance, il y aura des hommes à bord.
Saint-Cloud, 14 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Je crois nécessaire d’avoir un petit établissement à Delfyl. Il faudrait avoir là, comme bâtiment stationnaire, une grosse corvette, bonne marcheuse et un bon brick, et outre cela les chaloupes canonnières et bateaux canonniers, avec une dizaine de péniches, sans équipage ni garnison. Il faudrait avoir aussi là un petit atelier pour réparer ces bâtiments et leur fournir des vivres. Il faudrait que tout cela fût français.
En général, il faut insensiblement éloigner les Hollandais qui sont à Venise, en Illyrie, à Lorient, à Brest, à Cherbourg, à Boulogne et à Anvers, et insensiblement remplacer tout cela par des Français. La prudence le veut ainsi; car, dans des moments douteux, nous nous trouverions mal de n’avoir pas pris cette précaution.
Faites en sorte que, lorsque j’arriverai à Boulogne, je ne voie que des jeunes gens sur les bâtiments; pas de patrons, etc., à moins que ce ne soit sur les prames, sur les canonnières commandantes ou parmi les officiers de l’équipage.
Paris, 15 août 1811 [1]C’est aujourd’hui le 42e anniversaire de Napoléon
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Je vois dans le Moniteur (Moniteur du 15 août 1811), un décret rendu au Conseil d’État sur votre rapport et dans lequel vous parlez d’otages. Je ne connais pas d’otages ; tout est prisonnier de guerre. Les Anglais voyageant qu’on a arrêtés au commencement de la guerre sont prisonniers de guerre. Je ne sais où vous avez été chercher qu’ils sont otages.
Paris, 15 août 1811.
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Je vous avais chargé de suivre les affaires relatives à l’Irlande. Je n’en entends plus parler.
Saint-Cloud, 16 août 1811
Au comte Mollien, ministre du trésor public, à Paris
Monsieur le Comte Mollien, je vous renvoie votre rapport du 14 août et l’état qui y était joint. Je désire d’abord que vous mettiez à cet état le véritable titre : État général des fonds (y compris le huitième convoi considéré comme parti) qui ont été fournis par le trésor à l’armée d’Espagne pour les payements des dépenses de cette année, depuis le 1er janvier 1810 jusqu’au 1er septembre 1811, jour du départ du huitième convoi. Il me semble que ce titre est plus exact que celui que vous avez mis. Je ne vois pas pourquoi vous comprenez dans votre état les 1,783,000 francs de septembre, les 2 millions d’octobre, les 2 millions de novembre et les 4 millions de décembre : ces mois sont encore à arriver. Je vois que vous n’avez à Perpignan que 600,000 francs; mais depuis j’ai ordonné deux envois en Catalogne, qui doivent porter à 2 millions ce que vous avez à Perpignan. Enfin je ne vois pas comment vous pensez avoir dépensé tant d’argent, lorsqu’une partie des huit premiers convois se trouve avoir été employée en avances pour solder les alliés. Ces états ne me paraissent donc pas encore assez nets. Il me semble que la véritable marche serait de faire connaître tous les envois, date par date, depuis le 1er janvier 1810. Alors les huit convois s’y trouveront dans leur ordre, et les envois en Catalogne s’y trouveront également. Faites-moi donc un état en forme de journal. Le vrai seul est bon et porte avec soi conviction. Je vous prie de me renvoyer cet état le plus tôt possible, car cela m’intéresse beaucoup pour mettre de l’ordre dans toutes mes affaires. Vous aurez reçu par le major général le détail du huitième convoi.
Je viens d’ordonner la formation d’un neuvième, qui partira dans les premiers jours d’octobre. Il se composera de 4 millions, dont moitié en argent et moitié en bons; mais j’attendrai pour en faire l’attribution que vous m’ayez rendu rectifie l’état que je vous renvoie. Le maréchal duc d’Istrie avait ordonné une violation de caisse de 100,000 francs; faites-moi connaître comment cet argent vous appartenait. Il faudrait le faire entrer dans la composition d’un convoi sans faire double emploi.
Saint-Cloud, 16 août 1811
Au comte Bigot de Préameneu, ministre des cultes, à Paris
Monsieur le Comte Bigot de Préameneu, des vicaires apostoliques exercent dans différentes parties de l’Empire, notamment à Bois-le-Duc. Présentez-moi un projet de décret à rendre au Conseil d’État pour que ces vicaires aient à cesser sur-le-champ toutes fonctions et même à s’éloigner. Ils seront remplacés dans le gouvernement des catholiques de ces pays par des vicaires nommés par moi. Là-dessus les évêques du concile; voyez quelle est la manière légale d’arranger cette affaire, et posez bien la question. Je ferais plutôt fermer les églises d’Amsterdam et du Brabant hollandais que de souffrir des vicaires apostoliques. Il me paraîtrait, en effet, préférable de n’avoir pas de culte en ces pays à en avoir un dirigé par des agents du Pape, sans l’intermédiaire de l’évêché. Faites comprendre en même temps aux évêques de quel scandale serait cette affaire dans des départements protestants, où tout récemment encore le culte n’avait qu’un exercice toléré.
Saint-Cloud, 16 août 1811
Au comte Bigot de Préameneu, ministre des cultes, à Paris
Monsieur le Comte Bigot de Préameneu, la députation qui se rendra à Savone sera composée de l’archevêque de Tours, du patriarche de Venise, de l’évêque de Nantes, de l’archevêque de Malines, et l’évêque de Feltre et de l’évêque de Plaisance. Réunissez ces six évêques pour les prévenir de se tenir prêts à partir.
Discutez avec eux ces questions : 1° comment le Pape doit-il donner son approbation au décret du concile ? 2° le décret du concile comprendra tous les évêchés de l’Empire, même l’évêché de Rome.
Toute réserve que le Pape ferait pour l’évêché de Rome, je ne l’accepterai ni n’y mettrai d’opposition; mais pour tout évêché autre que celui de Rome je ne pourrais en admettre : cela romprait l’unité de mon Empire. Bois-le-Duc, Munster, la Toscane, l’Illyrie, tous les évêchés environnant Rome, doivent être compris dans le décret, hors l’évêché de Rome. Mon intention n’est pas d’avoir à Rome un beaucoup plus grand nombre d’évêchés que dans les autres pays de mon empire. Ainsi, non seulement je ne reviendrai pas sur ceux qui sont supprimés, mais je suis dans l’intention de m’entendre avec le Pape pour en supprimer d’autres. En France il y a un évêque par 500,000 âmes; à Rome j’aurai un évêque pour 100,000 âmes; ce qui fera pour les deux départements 6 ou 7 évêques. Le Pape n’a rien à voir aux limites temporelles de mes États. Tout pays qui se trouverait réuni à la France sera soumis au décret. L’IIlyrie et Corfou sont compris dans ces principes. Si mes États acquéraient un accroissement du côté de l’Espagne ou d’un autre côté, ces pays s’y trouveraient compris de fait.
Ayez une conférence là-dessus aujourd’hui, et présentez-moi demain un projet d’instruction d’après ces bases, afin que la députation puisse partir au plus tard dans la journée du 18. Il parait que l’on désire que les évêques partent avant les cardinaux ou en même temps.
Je vous renvoie votre rapport pour que vous le lisiez aux évêques députés et que vous preniez leur opinion.
Envoyez au Conseil d’État le projet de décret que vous m’avez soumis.
Saint-Cloud, 16 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Duc de Feltre, la marine s’occupe dans ce moment d’une opération dont le résultat serait de faire passer les frégates et peut-être les vaisseaux, depuis l’embouchure de la Charente jusque dans la Gironde, par le pertuis de Maumusson. L’ennemi peut vouloir s’y opposer; il est donc nécessaire de prendre aussitôt des mesures pour armer d’une manière convenable toutes les batteries de côte depuis les abords du port de Rochefort jusque dans la Gironde. Vous recevrez un décret relatif à cet armement. Il est nécessaire que vous donniez des ordres pour que toutes les batteries soient armées au 10 septembre.
J’ai demandé un projet de défense pour l’île Madame ; faites-le-faire de manière que cette île puisse se défendre seule, dans la supposition que l’île d’Aix et même tout le littoral de Rochefort seraient prit.
Saint-Cloud, 16 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Monsieur le Comte Decrès, quel est le port qu’il faut préférer pour réunir mon escadre de l’Océan ? Je ne vois à choisir qu’entre deux : Cherbourg ou Brest. Quel est celui de ces deux ports qui m’offre le plus de facilités pour faire une descente en Angleterre ou en Irlande ? Quel est celui qui m’offre le plus de facilités pour appareiller pour l’Amérique et les Indes ? Dix vaisseaux de guerre réunis à Cherbourg pourraient-ils appareiller tous les jours et jouer aux barres avec une escadre supérieure, comme le fait celle de Toulon ? L’escadre que je réunirais se composerait des cinq vaisseaux de Lorient (à cet effet, je désirerais qu’un des vaisseaux qui sont en construction fût mis à l’eau et prêt à partir avant janvier), des deux vaisseaux de Brest (et, de même, je voudrais que l’ordre fut donné dans ce port pour que l’Orion fût mis à l’eau le plus tôt possible), enfin des quatre vaisseaux de Cherbourg, en y comprenant ceux qui sont sur le chantier; cela ferait donc une escadre de onze vaisseaux de guerre, qu’il serait facile de réunir à Brest ou à Cherbourg. Comme l’équinoxe arrive, il serait nécessaire de donner les instructions. Je désire donc que vous me rédigiez un mémoire sur cette question importante.
Il faudrait voir aussi toutes les frégates qu’il serait possible de tirer de Nantes, de Brest, de Saint-Malo, Cherbourg, le Havre, etc., pour les réunir à cette escadre.
Saint-Cloud, 16 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Monsieur le Comte Decrès, le colonel Deponthon me rend compte que les marins et gens du pays sont dans l’opinion que les frégates peuvent passer par le pertuis de Maumusson et aller ensuite mouiller dans la rade du Verdon. Je désire qu’on y fasse passer aussitôt les trois frégates qui sont en rade, et que vous ordonniez sur-le-champ l’armement de la frégate la Saale; par ce moyen j’aurai quatre frégates dans la Gironde. Je désire également qu’on travaille avec la plus grande activité à la Circé, afin qu’elle puisse être mise à l’eau avant le 1er octobre. J’aurais donc alors cinq frégates dans la rade du Verdon. Cela étant ainsi, il devient nécessaire de mettre deux nouvelles frégates sur le chantier de Rochefort. Vous ne devez cependant garder ceci que comme indication de ce qu’il y aurait à faire. J’attends, en définitive, le rapport que vous devez me faire à ce sujet, car si les vaisseaux peuvent mouiller aux Saumonards, nous pourrions y avoir trois vaisseaux, et trois autres à l’île d’Aix; ce qui obligerait l’ennemi à avoir aussi six vaisseaux sur la rade des Basques. Mais probablement il ne voudra pas tenir un pareil nombre de vaisseaux mouillés; il préférera bloquer la rade extérieurement, avec la même croisière qu’il a devant Lorient, et tenir seulement des vaisseaux d’observation. Je pense que, s’il est possible de mouiller aux Saumonards, il est nécessaire de s’occuper de l’armement de l’Océan, du Foudroyant, du Triomphant, du Cassard et du Jemmapes, qui, avec le Régulus, feront six vaisseaux. Il ne resterait dans le port que le Patriote.
Saint-Cloud, 17 août 1811
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, commandant l’armée d’Allemagne, à Hambourg
Mon Cousin, je vous envoie une lettre d’un soldat de la garnison de Stettin. Il dit qu’il y a beaucoup de malades : j’ai cru que Stettin était en bon air. Damm, au contraire, est malsain. Faîtes vérifier cela. Ayez bien soin que mes troupes soient placées dans des lieux où elles n’aient point à craindre de maladies. Il vaut mieux donner la bataille la plus sanglante que de mettre ses troupes dans un lieu malsain. Souvenez-vous de ce qui est arrivé à la division Morand après la bataille de Wagram.
Saint-Cloud, 17 août 1811
A M. Gaudin, duc de Gaète, ministre des finances, à Paris
Monsieur le Duc de Gaète, je réponds à votre lettre du 11 août dernier. 5 millions sont affectés, sur les domaines qui se trouvent en Hollande, à la route d’Amsterdam à Anvers. Vous observez qu’il sera difficile de faire face à toutes les dotations; celle-là doit passer avant tout. Vous devez désigner sur-le-champ pour une valeur de 5 millions de biens que vous remettrez à la caisse d’amortissement qui a l’habitude de ce genre d’affaires ; elle les mettra aussitôt en vente et elle en versera le produit dans la caisse des canaux. Vous aurez soin d’instruire de ces dispositions le ministre de l’intérieur, le directeur général des ponts et chaussées et le trésorier de la caisse des canaux. II faut remarquer que ces 5 millions sont une somme fixe; en sorte que, si la somme provenant du résultat des enchères surpassait celle de 5 millions, il ne devrait cependant être versé que 5 millions à la caisse des canaux, et l’excédant appartiendrait au Domaine. Je crois qu’il suffira que vous fassiez mettre en vente des biens pour 200,000 francs de rente, sauf à y ajouter, si leur vente ne produisait pas les 5 millions.
Vous devez aussi fournir à la caisse des canaux 4 millions pour la route de Hambourg à Wesel et 8 millions pour le canal de la Seine à la Baltique. Mais, comme on n’a pas encore commencé les travaux du canal, il n’y a d’urgent que la réalisation des 4 millions pour la route. Faites faire sans retard la remise de biens de cette valeur à la caisse d’amortissement, qui les vendra et en versera également le produit dans la caisse des canaux. Il sera statué ultérieurement sur les 8 millions pour le canal. Ordonnez que ces opérations soient exécutées sans délai, afin que la caisse d’amortissement soit saisie de ces biens avant le 1er octobre, et qu’elle procède aussitôt à leur vente. Il est probable que, lorsqu’on liquidera définitivement l’arriéré de la dette de Hollande, on trouvera que toute la somme calculée à présent ne sera pas nécessaire.
Quant à la dotation du Sénat de 600,000 francs, il sera ultérieurement à cet égard.
Je vous renvoie votre rapport, parce qu’il s’y trouve des états. Ce qui importe dans ce moment, je le répète, ce sont les travaux des routes. La chaussée d’Amsterdam à Anvers rapprochera cette première ville de Paris de vingt-quatre heures, et celle de Hambourg à Wese, rapprochera Hambourg de Paris de quatre jours ; cela assure et consolide la réunion de ces pays à l’Empire, et c’est donc un objet de premier intérêt.
Saint-Cloud, 17 août 1811
Au comte Bigot de Préameneu, ministre des cultes, à Paris
Monsieur le Comte Bigot de Préameneu, vous trouverez ci-jointe l’instruction signée de moi pour les évêques qui vont à Savone. Vous la leur remettrez en original, contresignée par vous, et vous en garderez une copie.
Vous réunirez les cardinaux qui ont demandé à se rendre à Savone, et vous leur communiquerez les instructions que je donne aux évêques. Vous leur ferez connaître que, s’ils sont de l’opinion que le Pape doive arranger toutes les affaires, j’autorise leur voyage à Savone, et qu’ils peuvent partir incontinent; que je désire qu’arrivés à Savone ils n’écrivent à qui que ce soit et ne soient les intermédiaires d’aucune affaire auprès du Pape; que, si le Pape adhère au décret du concile, ils peuvent rester à Savone pour lui servir de conseil dans les affaires ultérieures et les arrangements qui suivront; que, si le Pape refuse son approbation, ils doivent retourner à Paris. Mettez cela par écrit et remettez-le-leur, signé de vous.
Saint-Cloud, 17 août 1811
A MM. LES ÉVÊQUES DÉPUTÉS PRÈS DU PAPE, A SAVONE.
Messieurs les Archevêques et Évêques de Tours, de Malines, de Venise, de Nantes, de Plaisance et de Feltre, nous vous avons nommés pour porter au Pape le décret du concile et lui en demander l’approbation. Cette approbation doit être pure et simple. Le décret s’étend sur tous les évêchés de l’Empire, dont Rome fait partie, et sur tous les évêchés de notre royaume d’Italie, dont Ancône, Urbino et Fermo font partie. Il comprend également la Hollande, Hambourg, Munster, le grand-duché de Berg, l’Illyrie et tous les pays réunis à la France ou qui y seraient réunis. Vous refuserez de recevoir l’approbation du Pape, si le Pape veut la donner avec des réserves, hormis celles qui regarderaient l’évêché de Rome, qui n’est point compris dans le décret. Nous n’admettrons non plus aucune constitution ni bulle desquelles il résulterait que le Pape referait en son nom ce qu’a fait le concile. Nous avons déclaré que le Concordat a cessé d’être loi de l’Empire et du royaume; nous y avons été amené par la violation que le Pape en a faite pendant plusieurs années. Nous sommes rentré dans le droit commun des canons, qui confèrent au métropolitain le droit d’instituer les évêques. Nous rentrons donc dans le Concordat. Nous approuverons le décret du concile, à condition qu’il n’aura éprouvé ni modification, ni restriction, ni réserve quelconque, et qu’il sera purement et simplement accepté par Sa Sainteté; à défaut de quoi, vous déclarerez que nous sommes rentrez dans l’ordre commun de l’Église; que l’institution canonique est dévolue au métropolitain sans l’intervention du Pape, comme il était d’usage avant le concordat de François Ier et de Léon X.
Aussitôt que Sa Sainteté aura approuvé le décret sans réserve les modifications, nous nous entendrons pour la circonscription des diocèses de Rome et du Trasimène, de la Toscane, de Hambourg, de la Hollande, du duché de Berg et de l’lllyrie. Nous n’entendons pas conserver dans les départements de Rome et du Trasimène plus d’un évêché par 100,000 âmes de population. Dans le reste de la France il y a un évêque par 500,000 âmes. Vous pouvez d’ailleurs, si le Pape est disposé à faire cesser les querelles qui existent, lui faire connaître que nous sommes animé des mêmes principes qui nous ont dicté les instructions données aux évêques lors de leur dernière mission. Aussitôt que le Pape aura donné son approbation au décret, vous l’enverrez par estafette à notre ministre des cultes, et vous resterez à Savone jusqu’à nouvel ordre, pour servir de conseil au Pape dans les affaires ultérieures que nous aurions à traiter.
Si le Pape refuse l’approbation pure et simple du décret, vous lui déclarerez que les concordats ne sont plus lois de l’Empire et du royaume, lesquels rentrent dans le droit commun pour l’institution canonique des évêques, c’est-à-dire qu’il y sera pourvu par les synodes et par les métropolitains.
Nous comptons sur votre zèle pour la religion, pour notre service et le bien de votre pays. Ne montrez aucune faiblesse; n’acceptez rien que nous n’accepterions pas et qui serait contraire à la teneur des présentes, ce qui embarrasserait les affaires au lieu de les arranger et de les simplifier.
Saint-Cloud, 17 août 1811
Au comte Bigot de Préameneu, ministre des cultes, à Paris
Monsieur le Comte Bigot Préameneu, pour rendre la députation qui se rend auprès du Pape plus solennelle, mon intention est d’envoyer neuf évêques au lieu de six ; à cet effet, les évêques de Paris, de Trêves et d’Evreux seront joints aux six autres.
Saint-Cloud, 17 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Le corps d’observation de réserve de l’armée d’Espagne sera composé de quatre divisions. La première, qui se réunit à Pampelune, sera commandée par le général Reille; la seconde, qui se réunit à Burgos, par le général Caffarelli ; la troisième, qui se réunit à Logroño, par le général Souham; la quatrième est la division italienne, qui se réunit à Pampelune. Je suppose que la division italienne a ses administrations et ses commissaires des guerres. Il faudra prendre à Madrid et à l’armée du Nord les commissaires des guerres et chefs de service nécessaires pour les trois divisions françaises. Il y a tant d’employés d’administration en Espagne, qu’il ne doit pas être difficile de faire ce travail.
Saint-Cloud, 17 août 1811
Au lieutenant-colonel Deponthon, secrétaire du cabinet de l’Empereur, en mission à Rochefort
Je reçois votre lettre en date du 14, avec les plans qui y sont joints. J’attache une grande importance à ce que mes frégates puissent se rendre dans la Gironde. J’ai ordonné la construction d’un fort au Verdon. Je désire que vous apportiez les plus grands renseignements sur le cours de la Gironde et sur les positions que pourraient y prendre mes escadres. Vous trouverez ci-jointe une note du décret que j’ai pris pour l’armement des batteries de côte.
Mon intention est de placer trois vaisseaux aux Saumonards; il faut pour cela en renforcer les batteries. J’attends le rapport sur l’île d’Oléron, où vous me ferez connaître ce qu’il y reste à faire pour que les bâtiments soient à l’abri. Avec les trois vaisseaux qui sont à l’île d’Aix, cela me fera deux divisions, chacune de six vaisseaux en rade, et obligera l’ennemi à tenir dans la rade des Basques un nombre au moins pareil de vaisseaux. On a objecté à ce projet que le courant des Saumonards est trop fort pour qu’on y puisse mouiller ; j’ai ordonné en conséquence qu’une gabare y mouillât. Allez à bord de cette gabare et faites en sorte qu’on ne me fasse promptement un rapport là-dessus. Rien n’empêche que dans le gros temps les trois vaisseaux qui seront aux Saumonards ne filent leurs câbles et n’aillent mouiller dans la rade des Trousses, puisque, même éloignés des batteries, ils n’auront rien à craindre de l’ennemi, qui ne peut les attaquer par un gros temps.
Vous verrez, à l’île d’Oléron et à l’île d’Aix, les dépôts de conscrits. Entrez dans les plus grands détails sur leur habillement, leur armement et leur composition. J’ai ordonné que toutes les compagnies fussent portées à 200 hommes pour désencombrer le dépôt de l’île de Ré. Vous verrez à Rochefort la situation des huit que j’y ai. Je suppose que les réparations pour leur armement seront pas trop considérables.
Saint-Cloud, 18 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Témoignez ma satisfaction au général Jarry pour le zèle, l’activité et la bonté qu’il a témoignés aux conscrits de l’île de Ré. Encouragez-le à continuer. Il serait nécessaire d’avoir à l’île d’Oléron un général de brigade qui fit la même chose et eut soin de ces jeunes gens.
Palais des Tuileries, 18 août 1811
ALLOCUTION DE L’EMPEREUR A UNE DÉPUTATION DU DÉPARTEMENT DE LA LIPPE.
Messieurs les Députés du département de la Lippe, la ville de Munster appartenait à un souverain ecclésiastique : déplorable effet de l’ignorance et de la superstition ! Vous étiez sans patrie. La Providence, qui a voulu que je rétablisse le trône de Charlemagne, vous a fait naturellement rentrer, avec la Hollande et les villes hanséatiques, dans le sein de l’Empire. Du moment où vous êtes devenus Français, mon cœur ne fait pas de différence entre vous et les autres parties de mes États. Aussitôt que les circonstances me le permettront, j’éprouverai une vive satisfaction à me trouver au milieu de vous.
A UNE DÉPUTATION DES ILES IONIENNES.
Messieurs les Députés des îles Ioniennes, j’ai fait faire dans votre pays de grands travaux. J’y ai réuni un grand nombre de troupes et des munitions de toute espèce. Je ne regrette pas les dépenses que Corfou coûte à mon trésor; elle est la clef de l’Adriatique.
Je n’abandonnerai jamais les îles que la supériorité de l’ennemi sur mer a fait tomber en son pouvoir. Dans l’Inde, comme dans l’Amérique, comme dans la Méditerranée, tout ce qui est et a été Français le sera constamment. Conquis par l’ennemi, par les vicissitudes de la guerre, ils rentreront dans l’Empire par d’autres événements de la guerre ou par les stipulations de la paix. Je regarderais comme une tache ineffaçable à la gloire de mon règne de sanctionner jamais l’abandon d’un seul Français.
J’agrée les sentiments que vous m’exprimez.
Saint-Cloud, 19 août 1811
Au prince Cambacérès, archichancelier de l’empire, à Paris
Mon Cousin, on se trouve tous les jours embarrassé pour les titres des Romains et des habitants des départements de la Lippe, du Hanovre et de Hambourg. Je désire que vous me présentiez sans délai un projet sur cet objet. Je pense qu’il n’y a aucune utilité à mécontenter toute la noblesse des pays nouvellement réunis; il parait plus simple de la reconstituer et d’obliger ceux qui ont des titres à en solliciter la confirmation. On déterminerait leurs armoiries, leurs livrées, leurs titres, et, parla, ceux de prince et de duc ne seraient plus si communs. Cette disposition pourrait être appliquée aux nobles toscans. Gênes, le Piémont et la Hollande ont été révolutionnés; ils continueront de suivre nos principes.
Saint-Cloud, 19 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Faites-moi connaître quel jour mes troupes pourront s’embarquer à Cherbourg. Quand tous les bâtiments y seront-ils rendus ? Aucun système n’est encore arrêté pour les écuries d’Anvers ; ce qui retarde tous mes projets. Je suppose que vous me porterez cela mercredi.
J’ai beaucoup de relations en Irlande. Je tiens déjà le fil qui fera remuer beaucoup de choses. Des agents commencent à aller et venir. Il sera fâcheux qu’ils s’aperçoivent qu’il n’y a rien du côté de l’Escaut.
Saint-Cloud, 19 août 1811
Au général Duroc, duc de Frioul, grand maréchal du palais, à Paris
Monsieur le Duc de Frioul, vous ferez connaître au comte Rémusat qu’il n’a plus rien à voir à ma garde-robe, et que je lui ai retiré le titre de maître de ma garde-robe. Jusqu’à ce que j’aie pourvu à son remplacement, vous remplirez ses fonctions. Je vous envoie le budget de ma garde-robe que j’ai arrêté, et un ordre au comte Estève de payer les 16,000 francs de dettes que j’ai, Je ne veux pas charger le budget de cette somme; il n’y a rien à y changer, étant le même que celui que j’avais arrêté au commencement de l’année. Le trésorier payera donc les 16,000 francs sur la cassette, comme dette.
Faites-vous présenter les registres de mes effets; vérifiez-le et parafez-les. Je crois qu’on peut encore économiser sur le budget. Veillez à ce que le tailleur s’arrange pour ne pas faire de la mauvaise besogne, et que le budget ne soit pas dépassé. Le jour où l’on doit me présenter les objets neufs, vous me les présenterez, afin de voir s’ils me vont bien, et dès lors ils seront reçus. Mettez de l’ordre dans tout cela, afin qu’il y ait une règle bien établie pour le maître de la garde-robe quand j’en nommerai un. Il me semble que le comte Rémusat n’a pas été nommé par décret. S’il y avait un décret qui le nommât, vous me présenteriez un décret pour le révoquer.
Saint-Cloud, 20 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Je vous ai mandé que mon intention était que le général Donnadieu eut le commandement des îles d’Hyères; mais, comme ces îles sont séparées, vous lui donnerez ordre de partir dans les vingt-quatre heures pour se rendre à Port-Cros, qui est l’île la plus exposée, afin de pourvoir à sa défense et à celle de l’Île du Levant.
Écrivez au général Dumuy d’augmenter la garnison de Port-Cros de manière qu’elle soit portée à 3,000 hommes ; d’y envoyer deux compagnies de marine et de se concerter avec le préfet maritime pour maintenir toujours cette île approvisionnée pour trois mois.
Faites connaître au général Donnadieu que je compte sur lui pour la défense de cette île importante, en surveiller les batteries et être toujours sur pied. Le général La Riboisière doit donner des ordres pour que les approvisionnements de guerre n’y manquent pas.
Saint-Cloud, 20 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Monsieur le Comte Decrès, présentez-moi mercredi un projet de décret, avec la nomination de l’état-major, pour former à Rochefort quatre équipages pour les vaisseaux qui sont dans le meilleur état, le Triomphant, le Jemmapes, le Foudroyant et l’Océan; ce qui, avec le Regulus, fera cinq équipages. Il est nécessaire que les officiers et les maistrances soient promptement rendus à Rochefort, dès le commencement de septembre, ainsi que le personnel d’artillerie. Il faut faire un appel sur la côte et une levée dans le port de Lorient, parmi les marins des flottilles et les garde-côtes, pour armer ces vaisseaux. Mon intention est d’avoir cinq vaisseaux en rade de l’île d’Aix tout l’hiver. Je désirerais qu’ils fussent en rade, un en octobre et les autres en novembre. Le dépôt de l’île de Ré peut fournir un certain nombre de conscrits réfractaires. Les frégates, le Régulus, les vaisseaux de Lorient, de Brest même, peuvent concourir à former le fond des équipages. On en mettra deux aux Saumonards et deux à l’île d’Aix, ou tous les cinq à l’île d’Aix. Je veux que les Anglais soient obligés de tenir quatre vaisseaux devant Rochefort. Présentez-moi un contre-amiral pour commander cette division. Si le contre-amiral Violette, de Toulon, est capable de commander en chef, il faut le faire venir.
Il y a des officiers des marins de la Garde à Paris qui sont sans emploi; il faut leur donner du service, de préférence à Anvers ou sur la flottille de Boulogne, car il est probable que je me trouverai de préférence avec cette escadre et cette flottille.
Présentez-moi un projet de décret mercredi pour nommer et avoir en activité de service 16 contre-amiraux, savoir : 4 à Toulon, 1 à Rochefort, 1 à Brest, 1 à Cherbourg, 1 à la flottille de Boulogne, 5 à la flottille de l’Escaut, 2 hollandais pour les 9 vaisseaux et 1 à Venise.
En faisant de nouveaux contre-amiraux, il ne faut pas considérer l’ancienneté des services, mais véritablement l’étoffe et les espérances que les officiers peuvent donner.
Saint-Cloud, 20 août 1811
Au général comte Bertrand, gouverneur général des Provinces illyriennes, à Laybach
Monsieur le Général Bertrand, le temps se passe et rien ne se fait. Vous avez des commissaires de marine à Trieste; autorisez-les à passer un marché pour la construction d’un vaisseau de guerre et de deux frégates. On se conformera à ce qui est d’usage pour ces marchés, et vous pouvez demander des renseignements à ce sujet au préfet maritime qui est à Venise. Donnez des ordres pour qu’on ramasse des ouvriers et faites travailler; ce sera une chose utile pour les provinces illyriennes. Vous êtes loin; levez les obstacles, et que ces trois bâtiments s’élèvent rapidement.
Saint-Cloud, 21 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Duc de Feltre, j’ai ordonné le désarmement de toutes les batteries de Walcheren. D’après la connaissance plus approfondie que je viens de prendre des passes de l’Escaut, je suis dans l’intention d’excepter de cette mesure la batterie de West-Kappelle. Loin de la désarmer, je veux l’augmenter, en la faisant défendre par une tour de première espèce, qui contiendra ses munitions et la mettra à l’abri d’un coup de main, de telle sorte que 60 puissent se défendre là une trentaine de jours et obliger l’ennemi à ouvrir la tranchée.
Saint-Cloud, 21 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Duc de Feltre, je réponds à votre rapport du 20 août sur les pièces de 48. L’important est de savoir quand ces pièces seront en batterie. Je vois qu’il n’y a pas un seul mortier aux îles d’Hyères pour empêcher l’ennemi de mouiller dans cette rade, et ce malgré les ordres que j’ai donnés il y a six mois. J’étais bien loin de m’attendre à l’inexécution de mes ordres; il en sera de même ici. Il ne s’agit pas de spéculation, il s’agit d’exécuter. Les huit pièces de bronze provenant de Danzig et destinées pour Anvers sont dans l’île de Cadzand, et ne doivent en sortir qu’après qu’elles auront été remplacées par celles en fer qui viennent d’être ordonnées. Je devais donc être fondé à penser que ces huit pièces y étaient en batterie et prêtes à tirer au besoin ; cependant on me dit qu’il en est autrement. Sue les vingt nouvelles pièces en bronze, douze sont coulées à Douve, huit à la Haye. Pour ne pas faire de transport inutile, les huit de la fonderie de la Haye devront être envoyées à Flessingue, les douze de Douai devront être dirigées sur l’île de Cadzand, où l’on en retiendra huit, qu’on mettra en place de celles de Danzig, et les quatre autres passeront de là à Flessingue. Ainsi Flessingue aura douze pièces de 18, Cadzand en aura huit, et les huit pièces de Danzig seront transportées à Anvers. Quand ces vingt-huit pièces seront-elles en batterie ? Leur transport ne doit pas être difficile, puisque entre Douai, Anvers et Flessingue, tout peut se transporter par eau. Quand les dix en fer qui doivent être coulées à Liège seront-elles en état de partir avec leurs affûts et tout ce qui est nécessaire ? Sur ces dix, il en sera envoyé huit à Ostende. Les quarante-deux pièces en fer commandées à Liège seront employées pour l’Escaut et la Meuse. Ainsi le transport en sera facile. Les vingt-huit d’Indret seront envoyées, dix à la batterie des Saumonards, et dix-huit à celle de l’Île d’Aix. Mais quand tout cela sera-t-il fini ? voilà ce qu’il faudrait connaître bien positivement.
Je désire que vous me fassiez couler comme essai, à la fonderie de Douai, un canon qui puisse tirer des obus de 8 pouces, dont nous avons une grande quantité. Faites faire également quelques boulets du calibre 78 pour tirer avec ces nouvelles pièces, et voir l’effet que cela produirait. Obligé de défendre des rades éloignées et contre des vaisseaux, quelques pièces monstrueuses peuvent être d’un bon effet. Je sais tous les inconvénients attachés à ces pièces; il n’est donc question que de deux ou trois à mettre dans des points importants, en continuant d’assurer le fond de la défense sur des batteries de calibres moyens. J’approuve que vous fassiez couler 16,000 boulets pleins, de 48, et 4,000 boulets creux. Mais ne me demandez pas d’argent pour les boulets ni pour les fonderies : c’est un virement que doit faire le bureau d’artillerie, en diminuant les dépenses sur des objets moins pressants. Vous me dites que vous avez cinq pièces de 48 dans la direction de la Rochelle. Où sont ces pièces ? Si elles sont bonnes à quelque chose, il faudrait les placer à l’île d’Aix; mais, avant, il serait bon de les faire éprouver avec précaution.
Saint-Cloud, 22 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
J’ai l’habitude de tenir un gouverneur à Venise. On pourrait donner cette place à l’amiral Villaret-Joyeuse; envoyez-le chercher, parlez-lui-en, parce que c’est une grâce que je veux lui faire et non une obligation que je veux lui imposer.
Il sera sous les ordres du vice-roi et correspondra aussi avec vous. Cette place rend, je crois, plus de 100,000 francs. Comme Venise est un grand arsenal de marine et que tout y est maritime, ses connaissances comme amiral n’y seront pas inutiles. C’est la plus belle retraite qu’on puisse offrir. Il est convenable que vous lui fassiez la proposition comme venant de vous. Dans une autre place, il ne pourrait être admis à jouir d’un traitement aussi considérable
Saint-Cloud, 22 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Je reçois votre lettre du 20 août relativement aux îles d’Hyères. Par mon décret du 14 août 1810, j’avais ordonné qu’il serait construit au cap des Mèdes une batterie de dix pièces de 36, de deux de 18 et de six mortiers, dont deux à grande portée, et quatre de 12 pouces à la Gomer; au lieu de cela, il n’y a aujourd’hui que cinq pièces de 36, deux pièces de 18 et deux mortiers à la Gomer. Le même décret dit qu’il sera fait une batterie à remplacement de la batterie de l’Alicastre; au lieu de cela, il n’y a que deux pièces de 12. Le même décret porte qu’il sera fait une batterie à la pointe de Bon-Renaud; au lieu de cela, il n’y a rien. Le fort du petit Langoustier devait être augmenté de trois pièces de 36 et de trois mortiers à la Gomer; il parait que cela a été fait.
Comme vous ne m’avez pas envoyé les rapports des îles d’Aix, etc., je n’ai pas pu voir si mes intentions ont été remplies pour la presqu’île de Giens et pour la batterie de l’Esterel, ainsi que pour le mouillage de Bregançon.
Il paraît que l’article 5, qui est relatif à l’île de Bagaud, a été exécuté, hormis pour les mortiers à grande portée; il n’y en a poinrt.
L’article 6 dit qu’il sera disposé d’une douzaine de pièces de 4 ou de 6, de quatre obusiers et de six petits mortiers de 6 pouces pour les employer dans les îles. Il n’y en a point, si ce n’est une pièce de 4. Rendez-moi compte de tout l’armement.
Par le décret du 18 octobre 1810, j’ai ajouté à l’île de Porquerolles une nouvelle batterie de six pièces de 30 et de deux pièces de 18. Je ne vois pas que cela ait été fait.
Envoyez ces deux décrets au général La Riboisière, pour qu’il fasse compléter cet armement.
Quant aux mortiers à plaque et à la Gomer, indiquez-moi les lieux où ils sont placés, pour que je désigne les points d’où l’on peut en tirer. Donnez ordre qu’on approvisionne les pièces de 36 d’un certain nombre d’obus et qu’on tire à toute portée.
Saint-Cloud, 22 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Puisque vous n’avez pas encore envoyé d’ordre au général Vandamme, je pense que vous pouvez lui donner le commandement de la 14e division militaire, en lui faisant connaître qu’il est spécialement chargé de commander une expédition (Cette expédition était dirigée contre les îles anglaises de la Manche) qui doit partir de Cherbourg. Il réunira ces deux commandements.
Saint-Cloud, 22 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Duc de Feltre, faites-moi connaître ce qu’il faut faire pour mettre en état l’enceinte de Middelburg. Il faudrait y établir un chemin couvert et des glacis, des ouvrages en maçonnerie sur les digues et une inondation qui couvrirait la place à 600 toises. Faites faire un projet afin que je puisse me décider aux conseils de novembre. Si j’adopte le canal qui m’est proposé par la marine, lequel aurait pour but de traverser l’île de Walcheren par Flessingue, Middelburg et Terveere, et d’aller avec une flotte de l’Escaut oriental dans l’Escaut occidental, il devient alors nécessaire de couvrir Middelburg, Terveere et ce canal par une flaque d’eau qui s’étende à 600 toises et fasse que je puisse toujours rester maître de cette île; si, au contraire, ce canal est jugé inutile, je préfère démolir Middelburg.
Saint-Cloud, 22 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Je désire faire sauter les fortifications de Genève. Je crois que cette mesure a été décrétée. Peut-être, sous le point de vue militaire, serait-il intéressant de garder cette place; mais, les habitants ayant toujours gardé un esprit séparé, je suis décidé à faire sauter les fortifications sans délai. Faites-moi un rapport.
Saint-Cloud, 22 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
La batterie de l’île d’Hyères a mal fait son devoir, elle a fort mal tiré; les canonniers qui s’y trouvaient n’avaient jamais encore tiré. Le plus grand désordre régnait dans la batterie. Le vaisseau anglais a tiré 3 à 400 boulets et n’a blessé que deux hommes légèrement. Pour qu’un pareil événement n’ait plus lieu, il faut que les batteries de cette île s’exercent à tirer à boulets sur un bâtiment placé en mer, ainsi qu’au tir des bombes et des boulets rouges. Ordonnez les mêmes exercices à toutes les batteries de la rade d’Hyères, de la rade de Toulon et de la rade de l’île d’Aix, et spécialement de celle des Saumonards. Il faut mettre de l’intelligence en plaçant le but : par exemple, aux Saumonards, il faut placer une chaloupe à 100 toises du fort Boyard, et de manière qu’on puisse tirer dessus de l’île d’Aix et de l’île d’Oléron. On tirera aussi avec les mortiers à semelle, ainsi qu’avec des obus dans les pièces de 36.
Saint-Cloud, 22 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Je reçois votre rapport du 22 (sur les batteries des côtes de Rochefort et de l’embouchure de la Gironde). Les douze mortiers de 12 à la Gomer tirés de Metz seront bien longtemps avant d’arriver à Rochefort. Vous portez cinq mortiers à plaque, douze mortiers à la Gomer et trois mortiers ordinaires; il ne faut point de mortiers ordinaires sur la côte; ils doivent tous être à la Gomer. Je donne ordre au ministre de la marine de vous fournir les vingt-deux pièces de 36 et les onze pièces de 24 dont vous avez besoin. Envoyez-moi l’état des mortiers qui sont sur cette côte, et je vous ferai connaître ce que l’on peut en tirer pour en avoir plus promptement. Si ces batteries ne sont pas promptement armées, j’aurai des frégates prises. Il faut que vous me fassiez connaître à quel jour précis les batteries de Maumusson, du fort Chapus, d’Arvert, de la Coubre, de Terre-Nègre, de Royan et de Susac, et surtout la pointe de Grave seront armées. Le temps est ici d’une grande importance. Cette partie de la côte est, je crois, comprise dans l’arrondissement d’une colonne mobile commandée par un chef d’escadron. Faites mettre sous ses ordres tout le régiment de Berg, afin qu’il aide à la construction des batteries, et qu’aussitôt que mes frégates seront en mouvement et passeront dans la Gironde il ait un bataillon entier à la pointe de Grave, et que les batteries de Royan, d’Arvert et de la Coubre, soient suffisamment gardées. Quant à la batterie de Maumusson, le commandant d’Oléron aura soin d’y tenir un bataillon, afin qu’on soit à l’abri de toute surprise.
Je vois qu’à la batterie des Saumonards il y a cinq pièces de 36. Mon intention est qu’il y en ait dix de plus, et que les pièces de 24 soient portées à dix ; ce qui fera vingt-cinq pièces de 36 et de 24. Elles doivent être montées sur de bons affûts de côte, et elles seront approvisionnées, indépendamment des boulets, de 30 coups à obus. Les quatre mortiers à semelle ne servent à rien, puisque les plates-formes ne sont pas faites et qu’ils ne pourraient tirer qu’un seul coup. Faites construire des plates-formes comme je l’ai ordonné, et faites-les faire doubles. Il faut aux Saumonards huit nouveaux mortiers à semelle, de manière à y en avoir douze. Il faut dix nouveaux mortiers à la Gomer, ce qui fait quinze, et avec les quatre mortiers en fer, en tout, trente et un mortiers à cette batterie. Outre les vingt-cinq pièces de 36 et de 24, il faudra deux pièces de 18 en bronze pour tirer à boulets rouges. Il est nécessaire que cet armement soit promptement achevé. Je vais avoir une escadre mouillée aux Saumonards , et son sort dépendra beaucoup de la force de cette batterie. II faudra avoir à l’île d’Oléron quatre obusiers sur essieux et quatre pièces de 12 de campagne pour pouvoir se porter sur tous les points, suivre les mouvements de l’ennemi et s’avancer à mer basse sur l’estran, afin de protéger les vaisseaux qui seraient dans la rade des Trousses. Je vois qu’au château d’Oléron il n’y a que des mortiers ordinaires; je crois qu’il faudrait quatre mortiers de 8 pouces pour la défense de ce fort. A l’île de Ré je ne vois point de mortiers pour la défense de la place ; il faudrait y envoyer huit mortiers de 8 pouces. Il y a à la citadelle de Saint-Martin trois mortiers à semelle; je ne les y crois pas utiles. Envoyez-les à l’embouchure de la Gironde.
Il y a trente-huit mortiers à l’île d’Aix, cela me parait suffisant. Les huit mortiers à semelle n’ont pas de plates-formes; faites-en construire sur-le-champ, et faites-les construire doubles; sans cela ils ne peuvent être d’aucune utilité. Je pense qu’il faut avoir à l’île d’Aix les obusiers prussiens en réserve. Il se trouve deux pièces de 48 à l’île de Ré et trois à la Rochelle. Si ces cinq pièces sont en bon état de service, elles seraient mieux placées à l’île d’Aix.
Il y a à Brouage trois pièces de 36, deux pièces de 24 et trois pièces de 18, que vous indiquez comme en réserve; elles peuvent être employées dans l’armement des nouvelles batteries. Ainsi le principal objet de cette lettre est que vous me fassiez connaître quand les nouvelles batteries seront armées et quand tous mes ordres pour les Saumonards seront exécutés. Je désire le savoir jour par jour, afin de remettre ma flotte en rade dans la rade de l’île d’Aix ; des évènements auront lieu; il faut donc que tout soit bien préparé. Je vais faire passer des frégates entre l’île d’Oléron et le continent pour se rendre dans la Gironde; il faut donc que la Gironde et les batteries qui couvrent le passage soient promptement armées.
Saint-Cloud, 22 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Vous chargerez le prince d’Eckmühl de donner l’ordre à l’amiral Ver Huell de prendre le commandement de la flottille de l’Ems, qui sera sous ses ordres, ainsi que toute la cote et les îles jusqu’aux limites du département de la Frise, y compris le Lauwer-Zee. Vous lui donnerez l’ordre de prendre les mesures nécessaires pour s’assurer des Wadden et pour qu’elles soient balisées. Il s’adressera au prince d’Eckmühl pour faire dresser des batteries où il sera nécessaire; il fera armer, au compte du commerce, tous les bâtiments qui font la navigation des Wadden. Ces bâtiments seront constamment escortés par des bateaux canonniers.
En conséquence, vous donnerez ordre qu’il y ait sous l’amiral Ver Huell vingt-quatre chaloupes canonnières, formant trois divisions pour garder les embouchures du Weser, de la Jahde, de l’Elbe, et trente-six bateaux canonniers du modèle hollandais, formant quatre sections, pour escorter les convois et battre les Wadden dans l’Ems, la Jahde, le Weser et la Baltique.
Donnez ordre par estafette au préfet maritime d’Amsterdam de fournir des bateaux canonniers hollandais pour compléter le nombre à trente-six. Il prendra à cet effet sur la flottille du Zuiderzee, de sorte que cela parte trente-six heures après votre ordre reçu.
Indépendamment de ce, il sera attaché aux canonnières de la flottille vingt-quatre péniches ou gros canots, pouvant porter 30 à 40 hommes et ayant une pièce de canon. Ces péniches seront attachées aux flottilles, et il y en aura à toutes les divisions de la Jahde, du Weser, de l’Elbe et de l’Ems. Vous donnerez l’ordre à l’amiral Ver Huell d’en acheter ou faire construire six à Hambourg et d’en faire venir d’Amsterdam au moins six.
J’ai à Hambourg 150,000 pieds cubes de bois qui m’appartiennent; donnez ordre qu’ils soient envoyés à Delfzyl, d’où ils arriveront par les canaux jusqu’à Amsterdam.
Donnez ordre que les bois qui sont à Hambourg soient achetés et transportés par les Wadden à Delfzyl, et de là à Amsterdam, avant la mauvaise saison. Il en existe jusqu’à 500,000 pieds cubes propres à la marine.
Des convois de blé devaient partir de Hambourg par ce canal. Donnez ordre au vice-amiral Ver Huell de se concerter avec le prince d’Eckmühl pour faire occuper toutes les îles à occuper, et de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger cette navigation.
Si l’ennemi s’obstinait dans une île des Wadden, mon intention est qu’on fasse une expédition pour l’en chasser.
Saint-Cloud, 22 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Faites connaître au capitaine de vaisseau Kersaint que, dans le courant de septembre, j’irai à Anvers et à Rotterdam; que je désire alors être instruit sur le grand projet du canal de Flessingue à Terveere, opération qui dépend de la grande question de l’Escaut oriental. Engagez-le à faire tous ses efforts pour être en état de me mettre au fait là-dessus, et que je puisse connaître de quelle manière se dirige cette passe.
Saint-Cloud, 22 août 1811
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major-général de l’armée d’Espagne, à Paris
Mon Cousin, écrivez au maréchal Suchet en lui envoyant les différents rapports sur l’armée de Catalogne. Faites-lui connaître les inquiétudes que l’on a que nos frontières soient attaquées; qu’il doit tenir garnison à Vicq pour empêcher l’ennemi de rien entreprendre contre le blocus de Figuières; qu’après le parti qu’il a pris d’évacuer toute la haute Catalogne, si l’ennemi venait à débarquer sur quelque point, le blocus de Figuières serait exposé; que des partis d’insurgés de la Catalogne inquiètent nos frontières. Que fait-il donc de mon armée ? Réitérez-lui l’ordre de tenir une de ses meilleures divisions entre Barcelone et Vicq, non pas des Italiens ou des Napolitains, mais une division française et des plus fortes, et de la mettre en communication avec le duc de Tarente, pour marcher au secours de la Catalogne. Faites-lui connaître que j’ai vu avec peine son retour à Saragosse; qu’il aurait mieux fait de rester aux environs de Montserrat, à portée de Barcelone et de la Catalogne, et de profiter de ce moment de terreur pour prendre Cardona et Urgel, et terminer la guerre dans cette province, au lieu que sa marche rétrograde a ranimé l’ennemi de tous côtés.
Réitérez-lui l’ordre de marcher au secours de la Catalogne et de prendre Cardona et Urgel. Ce qu’il dit de la force de l’ennemi du côté de Valence est ridicule; il s’endort trop vite sur ses lauriers.
Faites-lui connaître également que je suis surpris que le trésor ne reçoive aucun compte sur les finances du pays ; qu’il ait à lui faire passer un état détaillé de la situation des contributions ordinaires et extraordinaires ; que je vois avec peine qu’étant maître d’une partie de la Catalogne, de l’Aragon, ayant levé des contributions à Tortose, à Lerida, à Tarragone, la solde de l’armée ne soit pas à jour; qu’il prenne sur-le-champ des mesures pour la mettre au courant, et qu’il envoie des états très détaillés de tout ce qu’il a fait percevoir et de l’emploi qu’il en a fait; que c’est la seule armée dont on n’ait point de comptes détaillés.
Écrivez au duc de Raguse que je n’ai pas d’état de situation de son armée; qu’il ne correspond pas assez; qu’actuellement qu’il est sur le Tage il doit envoyer des renseignements sur tout ce qui le concerne, des états exacts de la situation et des emplacements de ses troupes; qu’il serait nécessaire qu’il s’assurât du passage du Tietar, en y faisant construire un pont au moins pour les hommes à pied, afin que la division qu’il a à Palencia puisse se porter à lui rapidement: que c’est sur le Midi qu’il doit porter ses regards ; que toute entreprise de l’ennemi sur le Nord est insensée, et que l’ennemi trouverait partout des renforts considérables qui compromettraient son existence.
Écrivez au duc de Dalmatie que le 1er corps qui bloque Cadix ne fait rien que rester sur la défensive.
Pourquoi n’ouvre-t-il pas la tranchée devant San-Pedro et ne met-il pas en mesure de passer le canal et de s’emparer de l’île de Léon, surtout lorsque l’ennemi s’est affaibli en évacuant la plus grande partie de ses forces ?
Écrivez au général Caffarelli qu’il est convenable qu’il fasse un mouvement combiné pour se porter sur Potes, tâcher d’y surprendre l’ennemi et le chasser de là.
Saint-Cloud, 22 août 1811
NOTE DICTÉE AU GRAND MARÉCHAL.
Faire un projet très économique assorti à l’École militaire et au palais de Rome pour entourer le Champ de Mars de casernes et relever d’un étage les portions de l’École militaire qui sont susceptibles de l’être, de manière à pouvoir caserner là une bonne division sans artillerie : on la suppose composée de dix bataillons d’infanterie faisant 8,000 hommes, de deux régiments de cavalerie faisant 2,000 hommes et 2,000 chevaux; total, 10,000 hommes et 2,000 chevaux. Ces troupes, ayant une place comme le Champ de Mars pour s’exercer, et pouvant être, pour ainsi dire, fermées sous la clef, formeraient un camp permanent. Le nombre en serait dans la proportion voulue pour les hommes et pour la manœuvre.
Cette caserne servirait à loger les troupes de la Garde, et, dans des temps d’exercice, quand on voudrait l’éloigner de Paris pour la dépayser, on la ferait remplacer par une division d’infanterie pour exercer.
Pour les constructions, on ne doit point s’écarter des règles ordinaires que suivent les officiers du génie. Un homme doit coûter 200 francs à loger et un homme et un cheval 300 francs. Au reste, on peut avoir des renseignements plus précis à la direction des fortifications.
Si cette idée ne pouvait pas se réaliser pour l’École militaire, on pourrait la réaliser ou sur les hauteurs de Meudon, ou à Fontainebleau, ou à Compiègne, c’est-à-dire que l’on voudrait avoir un projet de casernes, avec une grande place au milieu pour l’exercice, qui serviraient de camp d’instruction pour une division composée de 8,000 hommes d’infanterie et de 2,000 hommes de cavalerie.
Il y a deux manières d’exécuter cette idée : l’une de tracer un camp en carré et de l’entourer de baraques en briques en forme de tentes, et l’autre d’avoir des bâtiments de plusieurs étages.
Comparer la dépense des deux manières, et faire connaître combien coûterait un camp construit en baraques de pierres et de briques et pouvant durer vingt ans, ou bien combien cela coûterait en faisant des bâtiments à plusieurs étages.
Le premier projet a l’avantage de se rapprocher plus de la guerre, et l’autre est plus sain : le prix en décidera.
La cour habitant ordinairement Fontainebleau ou Compiègne perdant les mois de septembre et d’octobre, pendant lesquels on peut faire les manœuvres, ces deux endroits paraissent les plus propres pour y établir la grande caserne. Meudon, étant à proximité de Versailles, Sèvres, Saint-Germain, etc., offre l’avantage de pouvoir réunir pour les manœuvres les troupes de ces garnisons, à peu près 20,000 hommes.
Saint-Cloud, 23 août 1811
A M. Maret, duc de Basssano, ministre des relations extérieures, à Paris.
Monsieur le Duc de Bassano, je vous envoie une lettre sur les États-Unis. Il me parait nécessaire que vous envoyiez des instructions sur toutes ces questions au sieur Serurier. Il faudrait profiter du départ des bâtiments américains et envoyer ces instructions en chiffre par triplicata. Vous lui ferez connaître que mon intention est d’encourager l’indépendance de toutes les Amériques ; qu’il doit impliquer dans ce sens, non seulement avec le président, mais encore avec les députés ou agents que ces différentes colonies peuvent avoir auprès des États-Unis; qu’il doit chercher à se lier avec eux; qu’il est même autorisé à envoyer des agents dans ces colonies; qu’on y enverra volontiers des armes et tous les secours qui dépendront de nous, pourvu que l’indépendance de ces colonies soit pure et simple, et qu’elles ne contractent aucun lien particulier avec les Anglais. Il doit se servir du canal du gouvernement américain pour leur faire parvenir ces sentiments de la France, de toutes les manière; enfin se mettre en mesure de nous instruire fréquemment de ce qui se passe dans les colonies espagnoles. Comme le gouvernement américain doit voir avec plaisir l’indépendance de ces colonies, le sieur Serurier se servira des agents américains pour faire connaître nos dispositions aux colonies espagnoles. Il n’y a pas même d’inconvénient à ce que vous fassiez connaître ces dispositions au ministre d’Amérique à Paris, et à l’engager à expédier un bâtiment en Amérique pour parler de cette affaire. Il faudrait engager également les États-Unis à établir un paquebot régulier entre l’Amérique et la France. Il faudrait que ce paquebot partit tous les huit jours ou tous les quinze jours. Cette correspondance pourrait se faire sous le pavillon américain et aux frais communs des deux États.
Saint-Cloud, 23 août 1811.
A M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Paris.
Monsieur le Duc de Bassano, j’ai demandé au roi de Naples six équipages, puisque je ne puis pas avoir six vaisseaux. Faites une note officielle à ce sujet et chargez mon ministre de demander avec instance une prompte réponse. Les villes hanséatiques, le Mecklenburg, le Danemark, me fournissent des équipages. Il faut qu’il m’en fournisse également, puisqu’il ne peut pas me donner de vaisseaux. Suivez cette affaire et chargez mon ministre de présenter note sur note. Faites demander quand le vaisseau qui est à Naples pourra se rendre à Toulon avec son équipage.
Saint-Cloud, 23 août 1811
Au comte de Montalivet, ministre de l’intérieur, à Paris
Le lycée de Lyon n’avait pas 80 pensionnaires l’année dernière; il en a cette année 283. Cela est dû à un proviseur, le chanoine Bonnevie ; mais les sieurs Poupart et Berenger, inspecteurs de l’Académie, sont en querelle avec ce proviseur et l’ont dégoûté; ce qui a décidé celui-ci à donner sa démission. Faites-moi connaître quel est le secret de cette affaire. Qu’est-ce que ces deux inspecteurs ?
Saint-Cloud, 23 août 1811
Au comte Mollien, ministre du trésor public, à Paris
Monsieur le Comte Mollien, je vous envoie mes observations sur votre travail des finances d’Espagne. Vous verrez qu’il y a encore bien des renseignements à réunir. Je ne puis cependant que vous témoigner la satisfaction que j’éprouve à voir que, grâce à votre activité, il est encore possible de saisir le fil de ce dédale. Je ne vous renvoie pas votre travail, parce que je suppose que vous en avez gardé copie. Je vous en demande un autre plus volumineux, détaillé par armée, et qui se trouve augmenté et rectifié par les nouveaux renseignements que vous acquerrez en creusant la matière.
Saint-Cloud, 23 août 1811
A M. Gaudin, duc de Gaète, ministre des finances, à Paris
Monsieur le Duc de Gaète, les États romains devaient rendre 16,257,000 francs pour 1810. II y avait 707,000 francs d’augmentation de recettes; c’est donc 16,964,000 francs qu’ils devaient rendre. Ils n’avaient rendu au 20 juillet que 14,292,000 francs; il restait donc à recouvrer 2,672,000 francs, dont 300,000 francs sur les douanes, 500,000 francs sur les droits d’enregistrement, l,200,000 francs sur les sels et tabacs, 625,000 francs sur les droits d’entrée. Faites-moi connaître si l’on peut compter sur la rentrée d ces 2 millions.
Les provinces illyriennes devaient rendre 20,530,000 francs : elles n’ont rendu que 13 millions. Sur ces 20 millions, il y avait un crédit en domaines de 6 millions ; ce qui ne ferait que 14,536,000 francs de produits présumés. Indépendamment des 13 millions qu’on avait recouvrés, on avait reçu 4 millions d’excédant de recettes; ce qui faisait 17 millions. Il restait encore un million à recevoir. Faites-moi un rapport détaillé là-dessus.
Saint-Cloud, 23 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
La flottille de Boulogne est rentrée. Elle a eu des avaries; je crois même qu’un bateau canonnier a sombré. Écrivez que cela ne doit pas décourager. Ce sont justement ces coups de vent qui exercent ces équipages.
Saint-Cloud, 23 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Monsieur le Comte Decrès, vous me dites beaucoup de bien du capitaine de vaisseau Jacob : s’il le mérite, je ne m’oppose pas à ce qu’il soit chargé de réaliser mon projet sur l’île d’Aix, qui consiste à avoir trois ou quatre vaisseaux, trois ou quatre bombardes et quelques canonnières mouillés sous l’île d’Aix, et à avoir cinq vaisseaux, y compris l’Iéna, mouillés dans les Saumonards et dans la rade des Trousses. Qu’il étudie cette question; qu’il me mette un vaisseau à l’eau , et, quand j’aurai là huit vaisseaux mouillés, il sera fait contre-amiral , il eu aura le commandement et sortira avec pour les conduire dans un grand port.
Saint-Cloud, 23 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Monsieur le Comte Decrès, donnez ordre que le commandant de la gabare la Nourrice et celui de la gabare la Girafe, qui se sont fait sauter dans la baie de Sagone, soient arrêtés et mis en jugement. Cette affaire est scandaleuse. La tour est en bon état et n’a pas souffert. La Nourrice s’est fait sauter à une portée de fusil de la tour et de la batterie : il était impossible à l’ennemi de l’amariner si près de la plage. Donnez ordre que l’on envoie de Toulon à Sagone un bâtiment léger pour y mouiller, avec des plongeurs et quelques individus pour diriger le sauvetage. Il y avait, au 1er août, soixante pièces de mature sur le rivage. On peut sauver tous les bois qui sont dans les cales. On voit tous les canons; on peut les sauver ainsi que les effets. Quelques hommes intelligents qui séjourneraient dans la rade, sur l’aviso que vous enverrez, seraient fort utiles. A dater du 15 septembre, les batteries seront parfaitement armées. Profitez du départ de cet aviso pour envoyer quelques pièces de 36 et quelques affûts de côte. Cet aviso instruira le préfet maritime du moment où les batteries seront en état de protéger les gabares. Ordonnez au commandant d’écrire souvent par la voie d’Ajaccio et de Bastia. On ne travaille pas à la route de la forêt d’Aitone. Au 1er août, il n’y avait que 800 toises de faites. Témoignez mon mécontentement à votre ingénieur des ponts et chaussées de ce qu’il ne reste pas sur les lieux. La forêt d’Aitone sera une véritable ressource pour la marine de Toulon. Les fonds manquent, pourvoyez à cela. Donnez les ordres les plus positifs pour que la forêt de Vizzavona, dite la Foce, située sur la route de Bastia à Ajaccio, d’où elle n’est distante que de 8 lieues, soit exploitée sans délai. Ce sera une grande ressource pour la marine. La route vient d’être achevée. Les embarquements se feront dans le golfe d’Ajaccio, c’est-à-dire dans le port, et sous la protection de toutes les batteries. Donnez des ordres pour tout ce qui est relatif aux eaux d’Ajaccio et à la route de Bastia à Ajaccio. C’est vous qui êtes chargé des travaux de cette île. Faites-moi un rapport sur le personnel et sur les fonds.
J’estime que vous devez conserver dans le golfe de Sagone une tartane armée ou un demi-chébec, comme aviso, qui n’ait rien à craindre des péniches ennemies. C’est une garde qui est importante sur ce point où il y a beaucoup de bois.
Saint-Cloud, 23 août 1811
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major-général de l’armée d’Espagne, à Paris
Mon Cousin, vous témoignerez mon mécontentement au duc de Dalmatie de ce qu’il m’a envoyé les drapeaux d’Albuera par un étranger. Mon intention n’est pas de le lui accorder pour aide de camp; il parait que ce…sort du service d’Autriche; il a donc fait la guerre contre nous ; il est ridicule que le duc de Dalmatie m’envoie un pareil homme. Faites connaître à ce capitaine qu’il ne retournera plus en Espagne, et que je donne ordre qu’on le place dans son grade dans le 9e régiment de chevau-légers.
Saint-Cloud, 23 août 1811
Au général comte Bertrand, gouverneur des Provinces illyriennes, à Laybach
Monsieur le Général Bertrand, je reçois votre lettre du 13 avril. Je vois que vous n’avez rien décidé à Trieste ; j’aurais bien voulu, cependant, qu’on mît des frégates et des vaisseaux en construction
J’ai nommé sous-lieutenant au 106e régiment le sieur Vincenzio Candussio, lieutenant de la garde nationale de Parenzo.
Je vois avec peine ce que vous me dites, que l’air est mauvais à Pola et que les trois compagnies du 18e qui s’y trouvent ont beaucoup de malades. Je ne sais comment vous me dites cela de sang-froid. On croirait que vous n’êtes en Illyrie que pour observer. N’y êtes-vous pas pour ordonner ? Il fallait, aussitôt que vous avez appris que ces côtes étaient malsaines, en retirer mes troupes. Les gardes nationales ne suffisaient-elles pas et n’aviez-vous pas les Croates ? Donnez ordre que dans la mauvaise saison les troupes françaises soient placées dans les pays de montagnes, où l’air est sain. Donnez de l’activité à la marine et mettez promptement des bâtiments en construction. Parlez-moi un peu de la situation du transit du coton.
Saint-Cloud, 24 août 1811
A M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur le Duc de Bassano, il est nécessaire que vous redressiez mon ministre à Carlsruhe. La princesse (Stéphanie) a tort de montrer du goût pour Manheim : son devoir est d’être où est son mari. La princesse a tort de vouloir dîner à cinq heures : son devoir est de dîner à l’heure où dîne son mari ; son devoir est de faire ce qu’il veut, d’être où il est et de ne point s’éloigner de lui. Au lieu d’encourager la princesse dans ces petites résistances, le baron de Moustier doit lui donner ces conseils par sa dame d’honneur. La princesse doit mettre autant d’empressement et de coquetterie aujourd’hui à plaire au prince que jusqu’à présent elle en a mis peu : c’est son devoir et aussi son intérêt.
P.S. Dirigez aussi mon ministre pour qu’il ne montre pas envers cette cour une exigence déplacée : il est là pour faire sa cour et observer, et non pour humilier et imposer.
Saint-Cloud, 24 août 1811
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major-général de l’armée d’Espagne, à Paris
Mon Cousin, répondez au duc de Raguse que je vois avec plaisir les ouvrages faits à Almaraz et sur le Tietar; qu’il serait convenable de faire des ouvrages de campagne en avant de Kio-del-Monte ; que j’espère qu’avant le 15 septembre tous ses dépôts, les 387 chevaux qui doivent compléter les 500 chevaux de la Garde, sur lesquels il en a déjà reçu 113, et les 1,400 chevaux que conduit le général Van der Maesen, lui seront arrivés ; que tous ses dépôts quelconques, soit de cavalerie, soit d’infanterie, soit d’artillerie, l’auront rejoint et que son armée se trouvera ainsi portée à plus de 50,000 hommes, que la réparation de son armée est la grande affaire ; mais qu’il ne voie aucun état détaillé qui puisse mettre à même de subvenir à tous ses besoins; que vous envoyez un aide de camp, colonel, dans les provinces du nord, avec des ordres pour que tous les dépôts de cavalerie et d’artillerie et tous les détachements qui appartiennent à l’armée de Portugal la rejoignent sans délai ; que cet officier a ordre de voir tout partir et de rester jusqu’à ce que tout soit parti; qu’il doit même se mettre en correspondance avec lui pour l’exécution de ses ordres; que l’armée de Portugal doit prendre sa ligne de communication sur Madrid; que c’est là que doit être son centre de dépôt, que toute opération que l’ennemi ferait sur la Coa ne peut déranger cette ligne; que si l’ennemi veut prendre l’offensive, il ne peut la prendre que dans l’Andalousie, parce que de ce côté il y a un objet à remplir, qui est de faire lever le siège de Cadix ; que dans le nord, s’avancerait-il même jusqu’à Valladolid, ses efforts n’aboutiraient à rien; que les troupes que nous avons dans ces provinces, en se repliant, lui opposeraient une armée considérable; qu’alors, sans doute, l’armée de Portugal devrait faire pour l’armée du Nord ce qu’elle ferait pour l’armée du Midi; que l’impossible c’est que sa ligne d’opération soit sur Talavera et Madrid, parce que cette armée est spécialement destinée à protéger celle du Midi ; qu’enfin, l’armée de Portugal étant attaquée de front, son mouvement de retraite est encore sur Madrid, parce que dans tous les cas possibles ce doit être sa ligne d’opération; qu’il faut donc que tous les dépôts quelconques appartenant à cette armée soient dirigés sur Talavera et Madrid; que j’ai même ordonné que la garnison de Ciudad-Rodrigo fût relevée par l’armée du Nord , mais que ce dernier ordre ne pourra s’exécuter qu’un peu plus tard; que le 26e de chasseurs, qui est un régiment entier, doit l’avoir rejoint; qu’il est fort important qu’il ait au moins 6,000 hommes de cavalerie; qu’il faut qu’il corresponde fréquemment et sur tous les détails de l’administration.
Envoyez un de vos aides de camp, colonel, à Valladolid, il portera l’ordre impératif et sous peine de désobéissance au général Dorsenne de faire partir vingt-quatre heures après la réception dudit ordre tous les dépôts d’artillerie, de cavalerie et les détachements appartenant à l’armée de Portugal, lesquels se dirigeront en gros détachements sur Avila et Plasencia. Les hommes malingres seront envoyés sur Madrid, la ligne d’opération de l’armée de Portugal étant désormais sur Madrid. Cet aide de camp rendra compte au duc de Raguse et à vous de l’exécution de vos ordres. Il ira visiter Toro, Zamora et Salamanque, et, lorsque le général Van der Maesen aura passé, il suivra son mouvement par Avila, Plasencia et Almaraz. Il reviendra par Truxillo et Madrid, rapportant les états les plus exacts de l’armée. Vous aurez soin d’envoyer au général Dorsenne un état détaillé de tous les détachements de l’armée de Portugal qui, d’après les derniers états, sont dans son armée, et que vos ordres concernent. Votre aide de camp aura cet état dans ses instructions. Il ne faut pas qu’un seul homme reste. Vous ferez connaître au général Dorsenne que mon intention est même que la garnison de Ciudad-Rodrigo soit fournie par l’armée du Nord, et que tout soit renvoyé à l’armée de Portugal; mais cette dernière opération (pour Ciudad-Rodrigo) peut être retardée jusqu’à l’arrivée des renforts qui vont se rendre à l’armée du Nord. Il vous sera facile de faire comprendre au général Dorsenne combien il lui est avantageux que la ligne d’opération de l’armée de Portugal se dirige sur Madrid ; ce qui sera un grand soulagement pour toutes les provinces de l’arrondissement de l’armée du Nord.
Faites-moi connaître le jour où tous les chevaux d’artillerie qui vont rejoindre les armées de Portugal et du Midi seront arrivés à Burgos, ce qu’ils doivent prendre à Bayonne pour le porter à Burgos, et à Burgos pour le porter à l’armée de Portugal. Je ne sais pas si le bureau de l’artillerie du ministère de la guerre a déterminé le lieu où les chevaux destinés à se rendre à l’armée de Portugal prendront l’artillerie et les voitures. Il serait assez important qu’on pût faire conduire ce qui est à Salamanque et à Ciudad-Rodrigo.
Comme le général Van der Maesen n’a d’ordre que pour se rendre à Valladolid, on pourrait de là le diriger sur les lieux où ces chargements doivent être pris. Je compte le diriger de Valladolid sur Salamanque et Plasencia. Remettez-moi des renseignements sur la nature de cette route, et instruisez en même temps le duc de Raguse que, probablement, je dirigerai de Salamanque sur Palencia tous les renforts que conduit le général Van der Maesen. Remettez-moi un état où je puisse voir quel jour ce général arrivera à Valladolid, ce qu’il conduit, infanterie, cavalerie, artillerie, train et équipages militaires, et quel est le convoi de fonds qu’il escorte. Faîtes-moi connaître également la route qu’a prise le général Avy, et quand il sera arrivé. Je désire également que tout ce qui est destiné pour l’armée du Midi se réunisse à la colonne du général Van der Maesen et en suive le mouvement.
D’Almaraz cette troupe se rendra à l’armée du Midi par Truxillo. Vous devez écrire au général Van der Maesen que le 26e de chasseurs n’est pas de l’armée du Midi, mais de l’armée de Portugal.
Saint-Cloud, 24 août 1811
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major-général de l’armée d’Espagne, à Paris
Mon Cousin, je vous renvoie tous vos états de mouvement. Faîtes-m’en faire un qui commence le mouvement au 20 août et le conduit au 1er octobre. Je préfère un seul état, si long qu’il soit, parce qu’il y a plus d’ensemble; la meilleure rédaction sera par armée. Il faut mettre en un même article tous les détachements qui appartiennent à une même armée, même ceux qui sont en marche; alors, sous le titre de l’armée, on verra tout ce qui en dépend , et quant à l’endroit où chaque détachement se trouve, les colonnes du jour le diront; de sorte que je pourrai voir d’un coup d’œil si j’ai des ordres à donner. Je vous recommande aussi de faire dater vos états. Une des principales causes de la confusion qui règne dans ceux que je vous renvoie, c’est qu’on ne peut voir du premier coup d’œil ceux qui sont les premiers remis et ceux qui font suite. Remettez-moi le nouvel état dans deux jours.
Saint-Cloud, 24 août 1811
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major-général de l’armée d’Espagne, à Paris
Mon Cousin, il vous sera facile de faire comprendre au roi d’Espagne que, assuré comme il l’est dans ce moment sur toute sa gauche par la présence de l’armée de Portugal à Almaraz, le nombre de troupes qu’il a lui est suffisant, et qu’il doit envoyer à l’armée du Midi tout ce qui appartient à cette armée; que le 26e de chasseurs est de la plus grande utilité à l’armée de Portugal, dont la cavalerie a été ruinée; que vous réitérez l’ordre au général Dorsenne de réunir tout ce qui appartient au 75e et au 28e ainsi qu’aux dragons de l’armée du Centre; que vous réitérez le même ordre au duc de Dalmatie, en y comprenant les Allemands, qui ne doivent pas faire partie de son corps d’armée. Donnez ordre au roi d’Espagne de renvoyer tous les hommes démontés appartenant à l’armée du Nord et qui se trouvent aux différents dépôts situés dans l’arrondissement de son armée.
Trianon, 25 août 1811
A M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur le Duc de Bassano, je vous envoie des extraits de journaux anglais. Vous les montrerez au prince Kourakine en causant avec lui. Après cela vous les enverrez au comte Lauriston pour qu’il les montre en Russie. Vous l’informerez de votre conversation et des nouvelles que nous avons que cent cinquante bâtiments sous faux pavillon américain sont arrivés en Russie. Vous lui manderez que j’ai jugé inutile de remettre aucune pièce à l’ambassadeur; qu’elles seraient inutiles ; que les projets de la Russie sont démasqués ; qu’elle voulait renouer son commerce avec l’Angleterre; que c’est pour cela qu’elle a réuni ses troupes et qu’elle ne veut pas finir les affaires d’Oldenburg. Il faut insister sur le grand tort qu’elle fait à l’alliance et sur l’obstacle qu’elle apporte à la paix, et appuyer là-dessus avec force. Vous direz au prince Kourakine que vous vouliez lui faire une grande note, mais que vous l’avez jugée inutile; qu’aujourd’hui que le système de la Russie se déroule cette note paraîtrait ridicule et bien petite à Pétersbourg; que la Russie ne garde plus de ménagements, et qu’elle favorise de tous ses moyens le commerce anglais.
Trianon, 25 août 1811
Au comte de Montalivet, ministre de l’intérieur, à Paris
Je vous prie de me faire un rapport sur l’esprit qui a animé l’Université à la distribution des prix de cette année et sur l’esprit qui anime les principales institutions et maisons d’éducation de Paris.
Trianon, 25 août 1811
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major-général de l’armée d’Espagne, à Paris
Mon Cousin, répondez au général Dorsenne que le baron Dudou, intendant des provinces du ressort de l’armée du Nord, ne doit pas suivre le mouvement de l’armée, mais rester à Valladolid; qu’il est chargé du gouvernement du pays sous les ordres immédiats du général en chef; que le général en chef ne doit prendre aucune mesure administrative que par le canal de l’intendant; qu’il ne doit faire verser aucune contribution ailleurs que dans les mains des agents de la trésorerie; que l’ordonnateur en chef doit suivre toujours l’armée et pourvoir à ses besoins ; que l’intendant Dudon représente l’administration du pays et doit être considéré comme le serait le préfet en France; que l’ordonnateur ne doit s’occuper que de l’administration de l’armée; qu’on ne peut employer des Espagnols dans les intendances , d’abord parce qu’ils n’offrent aucune garantie de fidélité ni d’attachement, ensuite parce qu’ils n’auraient aucun moyen d’agir sur les gouverneurs et sur les autorités militaires françaises, et ne pourraient empêcher les désordres si multipliés en Espagne et qui ont tant contribué aux crimes qui s’y sont commis; au lieu que des auditeurs français, ayant des correspondances en France, connaissant les bornes de l’autorité de chacun et ne s’en laissant pas imposer, sont des témoins qu’on pourra toujours consulter dans tous les événements contentieux; qu’il faut donc partout des auditeurs; qu’il faut que le général en chef ne donne les ordres d’administration que par l’intermédiaire de l’intendant Dudon, et que, sous quelque prétexte que ce soit, les recettes ne se versent que dans les caisses des receveurs français, et que les dépenses ne se fassent que par les payeurs du trésor; que dans ce cas toute intervention d’autorité espagnole serait suspecte; que je désire que le général Dorsenne utilise les talents du baron Dudon et le zèle des auditeurs; que c’est le seul moyen de mettre partout de la surveillance et de faire cesser bien des désordres, que je ne trouve pas d’inconvénient à instituer des intendants supérieurs qui seraient chargés chacun de toute une province; que dernièrement j’en ai établi un en Navarre; qu’on peut en mettre de semblables dans d’autres provinces ; que, quant à Sa Majesté Catholique, les instructions générales ont assez fait connaître qu’elle ne doit faire aucune nomination dans l’arrondissement de l’armée du Nord, si ce n’est pour les fonctions ecclésiastiques et de justice; mais qu’aucun agent militaire ou d’administration ne doit être nommé par le Roi ; qu’enfin mon intention est que le général Dorsenne marche d’accord avec l’administration , et, au lieu de donner des dégoûts à l’intendant et aux auditeurs, les encourage et les soutienne.
Trianon, 25 août 1811
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, commandant l’armée d’Allemagne, à Hambourg
Mon Cousin, il parait qu’il n’y a que le petit port de Neu-Harrlinger-Syhl qui puisse donner refuge à une vingtaine de petits bâtiments de la navigation des Wadden. Ne conviendrait-il pas d’y construire une petite tour avec une batterie pour la défense de ce mouillage ?
Trianon, 26 août 1811
A M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur le Duc de Bassano, il faut faire une note à Constantinople sur le recrutement fait au compte de l’Angleterre à Janina; dire que c’est une hostilité, et faire des instances pour que ces corps soient rappelés.
Je ne demande pas mieux que de faire ce qui sera nécessaire pour favoriser le ministre russe à Cagliari ; faites demander en Russie l’autorisation pour lui d’accepter l’aigle d’or de la Légion d’honneur.
Je suis fâché que vous n’ayez pas donné de direction à mon ambassadeur à Vienne. Vous deviez lui faire connaître que je voyais avec peine les relations de Vienne avec Naples, et que, au lieu de presser le départ du comte de Mier, j’aurais voulu qu’il y mit indirectement des entraves. Donnez-lui la même instruction pour Cassel. Moins la cour de Vienne aura de relations avec celle de Naples, mieux cela vaudra. Le comte Otto ne doit soutenir la cour de Naples en rien; il doit se contenter de tout rapporter. Pour peu que vous ayez parcouru une lettre à votre prédécesseur, vous y aurez vu partout cette intention de ma part. Mais la direction du département n’est pas encore efficace pour la suite de tous mes projets.
Je vous ai fait connaître que je voulais donner des présents à l’occasion du baptême de la fille du prince de Bade; vous n’avez pas donné de suite à cela.
Présentez-moi un projet de réponse à Lauriston pour lui faire connaître combien il continue à être trompé.
Trianon, 26 août 1811
NOTE SUR LES GARDE-COTES.
Sa Majesté a examiné le travail relatif aux garde-côtes. L’objet de ce travail était de faire connaître s’il y aurait plus d’avantages a supprimer les canonniers garde-côtes et à les remplacer par une troupe d’infanterie qu’à les conserver dans leur état actuel.
Il y a dans ce moment cent quarante compagnies de garde-côtes, formant 10,940 hommes et coûtant 3,750,096 francs. Cette troupe ne sert que par moitié, de manière que les 16,940 hommes n’en représentent que 8,40, et que chaque homme servant revient à 442 francs 75 centimes. Avec la même somme on entretiendrait deux régiments d’infanterie à cinq bataillons, de 3,970 hommes, et une fraction de 1,323 hommes.
Mais la question n’a pas paru suffisamment éclaircie.
1° Le nombre de cent quarante compagnies comprend-il tout ce qui compose le corps des garde-côtes dans tous les départements actuels de l’Empire ? En réponse à cette question, il est nécessaire de former un état des garde-côtes par division militaire, en commençant par la division de Hambourg, la Hollande, les anciennes côtes de France, les côtes de Gênes, de Toscane et les États romains. Il est vraisemblable qu’on n’a pas pu encore établir une parfaite uniformité dans l’organisation de ces compagnies, et il est nécessaire d’indiquer, à l’article de chaque nouvelle division, les différences qui existent entre la constitution de ces compagnies, leur solde, les fournitures qu’elles reçoivent et leur ordre de service.
Cela ne suffira pas encore pour bien connaître la dépense qu’occasionne la garde des côtes dans le système actuel, parce que, outre les compagnies de garde-côtes, il y a un état-major par arrondissement. On désire qu’il en soit formé un état avec le calcul de la dépense qu’elles occasionnent.
D’après les premiers résultats que donnent les renseignements déjà recueillis, on voit que, pour la somme que coûtent 10,940 garde-côtes composant les cent quarante compagnies actuelles, on peut entretenir deux régiments de cinq bataillons et à peu près une fraction de deux bataillons. On aurait donc deux colonels, deux majors, douze bataillons et soixante compagnies, qui feraient probablement ce service d’une manière plus satisfaisante.
Au lieu de former cette troupe en régiments de cinq bataillons, on pourrait diviser ces neuf mille et quelques cents hommes en cinq régiments de trois bataillons, chaque bataillon d’à peu près 600 hommes. Par ce moyen, chaque régiment étant chargé de la garde d’un arrondissement, les officiers supérieurs remplaceraient avec avantage les inspecteurs actuels des côtes, les quartiers-maîtres de ces régiments remplaceraient les quartiers-maîtres des compagnies. Chaque bataillon garderait une étendue de côtes, et l’on aurait droit d’attendre de cette troupe un service plus régulier. Elle serait susceptible de plus d’instruction, et elle se trouverait organisée pour agir en masse si les circonstances exigeaient qu’on la rassemblât.
Le recrutement de cette troupe devrait toujours être fait par le moyen de la conscription. Il ne faudrait pas laisser les conscrits tout à fait chez eux, mais on pourrait les placer dans les compagnies stationnées à quelque distance; par exemple à cinquante lieues de leur domicile, cela suffirait pour que ce genre de service parût moins pénible que celui des autres troupes, et ce serait un moyen pour employer une partie des conscrits qui ne peuvent pas aller à l’armée active.
Jusqu’ici on n’a raisonné que sur le projet de remplacer les garde-côtes par une troupe d’infanterie; il faut voir maintenant s’il y aurait de l’avantage à les remplacer par une troupe d’artillerie, ce qui serait plus analogue à leur destination.
Chaque régiment d’artillerie à pied a un état-major de 34 hommes et vingt compagnies, qui, sur le pied de paix, sont de 68 hommes chacune; ce qui fait 1,360 hommes.
Pour économiser sur la dépense des officiers et sous-officiers, il serait préférable de calculer la force du régiment sur le pied de guerre.
On pourrait examiner s’il serait convenable d’augmenter l’artillerie à pied de trois régiments, c’est-à-dire de soixante compagnies, qui, à 140 hommes chacune, devraient suffire au service des côtes. Les trois nouveaux régiments ne seraient pas destinés exclusivement à ce service, mais chacun des douze régiments d’artillerie à pied fournirait cinq compagnies. La côte serait divisée en douze arrondissements, et chaque régiment en garderait un.
Il faut, pour apprécier ce projet, établir le calcul de ce que coûte un régiment d’artillerie à pied sur le pied de guerre, pour la solde et ses masses ; mais le calcul des vivres de campagne doit être fait séparément, afin qu’on puisse ajouter ou retrancher cette dépense suivant que les circonstances l’exigeront.
Il y a une autre manière d’arriver au même but sans multiplier les états-majors des régiments; ce serait d’augmenter chaque régiment d’artillerie à pied d’un bataillon. Ce système donnerait moins d’hommes pour la défense des côtes, mais il coûterait moins cher.
Il faut calculer : 1° combien d’hommes donnerait l’augmentation d’un bataillon par chacun des régiments d’artillerie actuelle; 2° si ce nombre suffirait pour la garde des côtes ; 3° ce que cette troupe coûterait pour la solde, les masses et les vivres de campagne.
Enfin un troisième parti serait de créer des compagnies isolées de bombardiers garde-côtes; ces compagnies devraient être des troupes régulières et non des milices; car il n’est pas raisonnable de charger les garde-côtes du service des mortiers, surtout dans les postes importants comme les rades et les passes, où il y a des mortiers de gros calibre sur des plates-formes.
Tout ce qu’on vient de dire tend à prouver, tend à établir qu’on emploie actuellement pour la garde des côtes à peu près 17,000 hommes qui ne remplissent pas bien leur destination, qu’ils ne servent que par moitié et qu’ils coûtent 3,750,000 francs. Le problème à résoudre est celui de leur remplacement :
1° Par de l’infanterie;
2° Par trois régiments d’artillerie de nouvelle création;
3° Par un bataillon d’artillerie ajouté à chacun des régiments actuellement existants;
4° Ou par des compagnies de bombardiers isolées.
Pour arriver à la solution de ce problème, il faut commencer par déterminer : 1° quel est le nombre d’hommes qu’occupe actuellement la défense des côtes depuis Lubeck jusqu’à Rome, division par division, en y comprenant les états-majors des garde-côtes actuels. 2° quel est le nombre d’hommes raisonnablement nécessaire pour ce service.
Les garde-côtes servent par moitié et sont remplacés tous les quatre jours. On serait peut-être trompé dans son calcul si l’on se flattait de faire faire le même service par un nombre d’hommes moindre de moitié; car il y aura des malades, et les soldats par lesquels on remplacerait les garde-côtes actuels pourraient difficilement être continuellement présents à la batterie; il est donc nécessaire de déterminer quel serait le nombre de troupes de ligne indispensable pour ce service.
Cela posé, il s’agit de savoir comment on y pourvoira.
La première chose à établir pour servir de terme de comparaison, c’est le calcul de la dépense des garde-côtes actuels, en y comprenant les états-majors et les troupes qui font ce service dans les pays nouvellement réunis.
S’il résulte des calculs des forces nécessaires qu’il faille 9,000 hommes, par exemple, pour remplacer les garde-côtes actuels, la seconde question qu’il faudrait examiner, c’est de savoir quelle est l’organisation qu’il faut donner à ces 9,000 hommes.
Si on les organise en infanterie, ils coûteront moins cher et seront plus aisés à recruter. Il faut établir le calcul de ce que coûterait cette nouvelle troupe d’infanterie, en la divisant en cinq régiments de trois bataillons. Ce calcul devra être établi en trois colonnes : solde, masses et vivres de campagne.
Si les 9,000 hommes doivent être organisés en troupes d’artillerie, la question se subdivise.
Faut-il former de nouveaux régiments, et combien faudrait-il en former ? Dans ce cas, serait-il préférable de confier spécialement à ces régiments la défense des côtes, ou d’y faire concourir les neuf régiments actuels ? Serait-il préférable d’augmenter les régiments d’artillerie actuels, et de combien faudrait-il les augmenter ?
Enfin vaudrait-il mieux former des compagnies isolées de bombardiers ? Quelle organisation faudrait-il leur donner et quel devrait en être le nombre ?
A coté de chacune de ces propositions il faut établir le calcul de ce que coûterait l’augmentation de troupes proposée, pour la solde, les masses et les vivres de campagne.
Trianon, 27 août 1811
Au maréchal Mortier, duc de Trévise, commandant la garde impériale, à Paris
Mon Cousin, je vous envoie trois chemises que me remet le ministre de l’administration de la guerre. Vous verrez quelles ne coûtent que 4 Francs 7 sous ; elles me paraissent beaucoup plus belles que celles des Hollandais, qui coûtent 6 francs 10 sous. Faites dresser un procès-verbal de la comparaison de ces chemises, tant avec celles des grenadiers hollandais qu’avec celles des pupilles; faites-moi un rapport là-dessus, et prenez des mesures pour empêcher toute espèce de dilapidation de la part des quartiers-maîtres.
Trianon, 27 août 1811
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, commandant l’armée d’Allemagne, à Hambourg
Mon Cousin, je reçois l’état de vos malades au 15 août. Le 7e de hussards en a 200; cela est énorme : il est donc cantonné, à Stettin, dans des pays bien malsains ? Mettez ordre à cela. Ce serait bien dommage de perdre ce beau régiment. Tous vos ordres du jour sont bons ; mais, ce qui est plus efficace, c’est de veiller à ce que pendant l’automne les troupes ne restent pas dans les pays malsains. Si n’aviez déplacé le 7e de hussards, il n’aurait pas tant de malades. Faites-le ôter d’où il est pour le mettre dans un pays sain.
Trianon, 28 août 1811
A M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur le Duc de Bassano, vous m’avez parlé ce matin d’instructions reçues par le chargé d’affaires d’Amérique sur l’affaire des Florides. Vous pourriez insinuer l’idée suivante, que moyennant quelques millions de piastres l’Espagne, dans la situation de pénurie où elle est, céderait les Florides. Insinuez cela en ajoutant que, tout en ne trouvant pas mauvais que l’Amérique prenne les Florides, je ne puis intervenir en rien, puisque ces pays ne m’appartiennent pas.
Trianon, 28 août 1811
Au comte de Montalivet, ministre de l’intérieur, à Paris
La route de Bruges à Breskens doit passer par l’Écluse. L’Écluse devenant une place forte de premier ordre, il devient important que les communications entre Bruges et Flessingue soient assurées en tout temps. Cela ne doit en rien empêcher la route d’Oostburg à Maldegem. En conséquence, j’accorde les 400,000 francs nécessaires pour terminer la route d’Oostburg à l’Écluse, afin d’avoir promptement la route de Bruges à l’Écluse. La route de Bruges est en bon état, du moins comparée au reste. Il ne faut rien défaire d’Oostburg à Maldegem, mon intention étant de la terminer après celle de Bruges à Breskens par l’Écluse.
Trianon, 28 août 1811
Au comte de Montalivet, ministre de l’intérieur, à Paris
Je crois qu’il y a beaucoup de blé le long du Weser et le long de l’Ems. Si l’on achète les blés dans la direction de ces rivières, on aura la plus grande facilité de les faire parvenir en Hollande par l’Ems, et l’on n’aura aucun portage. Ceux qu’on achètera dans le Mecklenburg, si l’on ne suit pas les Wadden (ce qui parait encore difficile), auront deux portages, un de cinq lieues et l’autre de sept et demie; ce portage peut se faire par les chevaux d’artillerie et les transports militaires. Il y a en Allemagne 5,000 chevaux d’artillerie, 1,200 chevaux de transports militaires et 2,000 chevaux de régiment : ce serait 8,000 chevaux qu’on pourrait destiner à ce portage. Je pourrai aussi donner des facilités pour le portage en France. J’ai à Commercy 1,200 chevaux du train militaire, 5,000 chevaux d’artillerie; je pense donc donner facilité avec 6,000 chevaux. Je puis de même donner facilité en Italie, où j’ai 1,200 chevaux des transports militaires et 3,000 chevaux d’artillerie. Cette quantité énorme de moyens de transport que je suis obligé d’entretenir à ne rien faire, il n’y aurait donc aucune difficulté, à moins de circonstances extraordinaires, de les employer aux transports des grains d’Allemagne aux bassins de la Somme et de la Seine, tout comme ceux d’Italie, du bassin du Pô à la Méditerranée. Quant au Nord, le maréchal Davout y pourvoira. Quant aux transports du bassin du Rhin dans la Somme ou dans la Seine, il faut faire connaître les lieux de transport et de portage; il y serait aussitôt établi les relais nécessaires.
Vous me ferez connaître quelle économie l’emploi de ces chevaux produirait, et en conséquence ce que vous ferez verser dans la caisse de la guerre. Mon intention est que l’on fasse ces expéditions par des marchés, et, au lieu de payer aux paysans, vous payeriez aux transports militaires ou aux équipages d’artillerie ; ce qui sera toujours un grand avantage.
Trianon, 28 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
La Prusse demande un cartel pour rendre les déserteurs. Ceci ne peut pas avoir lieu pour la France, c’est contre mes principes ; mais cela peut se faire avec la Saxe, la Bavière, le Wurtemberg et la Westphalie. Ce serait suffisant, car les troupes alliées désertent plus que les autres. Écrivez au duc de Bassano pour que cette conduite soit dans cette direction.
Trianon, 28 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Vous pouvez faire répondre à la lettre du Transport-Office que, voulant en tout agir comme agit l’Angleterre, l’intention du gouvernement français est de mettre la moitié des prisonniers anglais sur des pontons et la moitié dans des casernes, en suivant en tout point ce que fait l’Angleterre; qu’on n’a point voulu prendre cette mesure, cependant, sans en prévenir le Transport-Office ; qu’on a vu avec peine qu’on se livrait à des sarcasmes et à des injures dans une correspondance qui est de sa nature toute pacifique; qu’on n’imitera pas en cela le Transport-Office; qu’on regarderait comme un crime d’employer l’ironie et le sarcasme dans une correspondance toute de charité et d’humanité ; que les Français sont juges s’ils sont aussi bien au milieu de la mer que sur terre; que 100,000 lettres remplies de plaintes obligent le gouvernement français à prendre une mesure et à agir de représailles; que quant à ceux qui étant sur parole se sont sauvés, les Anglais en ont donné l’exemple; qu’un grand nombre de prisonniers anglais qui se sont échappés ont été accueillis chez eux ; que le gouvernement français est prêt à s’entendre là-dessus, si l’on veut reconnaître que tout prisonnier anglais sur parole qui s’échappera sera rendu ou sévèrement puni chez lui ; mais que le gouvernement français ne peut considérer comme prisonniers sur parole les prisonniers de l’affaire de Bailen, pas plus que ceux de la garnison de Saint-Domingue, qu’après six ans le gouvernement anglais a reconnu devoir rendre, et que le gouvernement français ne doit pas non plus considérer comme prisonniers des Anglais les prisonniers faits par les bandes ou par les guérillas, lorsque celles-ci les ont remis aux Anglais et que les Anglais refusent de les échanger contre des prisonniers espagnols ; que ceux-là sont prisonniers des Espagnols. Or les prisonniers sur parole ne se font pas faute de fausser leur parole. En comptant les Anglais, Hanovriens, Portugais, Espagnols qui ont faussé leur parole, le nombre se trouve être de 779.
Quant au projet de cartel, c’est une dérision que de proposer un projet sur une base que nous avons rejetée, en ce qu’elle supposait de la mauvaise foi dans l’exécution, et que le nombre des prisonniers anglais, portugais, espagnols que nous avons se monte à 87,600. Que nous ne faisons point de difficulté d’admettre la base de libération générale, homme par homme et grade par grade, en l’effectuant sans délai et en faisant intervenir dans l’échange les Portugais et Espagnols contre les Anglais, et les Anglais sur le même pied contre les Français ; mais vouloir libérer les Anglais qui sont en France pour ne pas continuer l’exécution du principe, pour laisser les deux tiers des prisonniers français sans garantie à Londres, c’est ce qui ne sera jamais. C’est donc à vous à faire connaître vos intentions là-dessus. Un traité qui tendrait à rendre 100,000 familles au bonheur est conforme aux principes de Sa Majesté et aussi à l’intérêt des deux nations ; car les Portugais et Espagnols que l’Angleterre recevra, elle pourra les armer, équiper, les former en légion pour alimenter la guerre, car nous ne faisons pas de difficulté de rendre les prisonniers espagnols et portugais en Angleterre ou sur tel point de l’Espagne que voudront les Anglais. Si donc on arrivait à une libération générale, nous ne ferions pas de difficulté d’envoyer un agent à Douvres ou sur tout autre point que déterminerait le gouvernement anglais, pour s’arranger sur cette question.
Trianon, 29 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
La rivière de la Gironde fixe toute mon attention. Les rades du Verdun et de Talmon sont excellentes pour des vaisseaux de guerre. Je vais bientôt avoir des frégates dans la rade du Verdon, et je compte réunir une escadre dans la Gironde. Il devient donc nécessaire d’asseoir ses idées et de faire faire des projets pour la défense de l’embouchure de cette rivière. Je vous ai mandé de faire faire un plan d’une citadelle au Verdon. Je désire également avoir le plan d’une citadelle au point opposé, pour enfermer les batteries de la rive droite, afin que l’ennemi ne puisse, en débarquant quelques milliers d’hommes, s’emparer de ces batteries et attaquer les vaisseaux qui se trouveraient au Verdon. Par l’établissement de ces citadelles, 3 ou 400 hommes suffiront sur chaque rive pour mettre ces points à l’abri d’un coup de main. La rade de Talmon est aussi d’un grand intérêt. Quelle est la situation du terrain environnant, à une lieue autour de ce point ? Que faut-il faire du côté de la mer pour empêcher l’ennemi de remonter, et du côté de la terre pour l’empêcher de s’emparer des batteries ? Faites étudier cette rivière, et faites des projets qui me seront soumis aux conseils de novembre.
Trianon, 29 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Je vous ai fait connaître mes intentions pour l’armement du pertuis de Maumusson et de l’embouchure de la Gironde ; le besoin est urgent: on doit profiter des marées d’équinoxe pour faire passer les frégates de la rade de l’île d’Aix dans la Gironde. Il est donc indispensable que, pour cette époque, les batteries soient armées.
Le fort Chapus a deux pièces de 24 et une de 8 non montées; il est nécessaire de tout disposer aussitôt, pour qu’au 10 ou 12 septembre elles soient montées. Il faut s’occuper également de celles qui doivent être placées au château d’Oléron, du côté de la mer. Sans ces précautions importantes mes frégates seraient prises. Maumusson n’a qu’un corps de garde; j’ai prescrit le nombre de pièces qu’il faut y placer. Faites également faire les changements à la batterie d’Arvert.
Il est important que la batterie de la pointe de Grave soit armée et approvisionnée et dans le cas de tirer, ainsi que celles de Royan et de Susac. Faites-moi connaître quelle sera l’exécution de mes ordres au 15 septembre. Le moindre retard peut nous mettre dans l’alternative de perdre la saison de l’équinoxe ou d’exposer mes frégates à des dangers pressants. Donnez aussi ordre au chef de bataillon qui commande la colonne mobile de l’embouchure de la Gironde de réunir son monde avec le détachement de Berg et de se porter pour renforcer les batteries, surtout celles de l’entrée de de la Gironde et d’Arvert, et de ne se porter cependant en avant que lorsqu’il saura que les frégates ont commencé leur mouvement. Quant à Maumusson, il y a beaucoup de troupes dans Oléron; on pourrait, s’il était ndispensable pour l’armer plus tôt, prendre des pièces dans les batteries de l’île autre que les Saumonards.
Le général se tiendra à Maumusson avec 5 ou 600 hommes, pour pouvoir porter aussitôt les secours nécessaires. Recommandez au colonel de la colonne mobile et au général commandant l’île d’Oléron de donner, s’il était nécessaire, toute espèce de secours en hommes aux frégates, au moment de leur passage. Vous préviendrez le ministre de la marine du résultat de ces ordres.
Compiègne, 30 août 1811
A M. Gaudin, duc de Gaète, ministre des finances, à Paris
Traitez avec le Sénat pour l’achat du château d’Eu et du château de Poppelsdorf, près Bonn. Le chef-lieu de la sénatorerie d’Eu ira à Rouen, celui de la sénatorerie de Poppelsdorf ira à Mayence. J’accorderai les fonds nécessaires pour cette transaction. Traitez avec les titulaires de ces deux sénatoreries. Le domaine extraordinaire fera les fonds pour ces acquisitions.
Quant aux chefs-lieux des autres sénatoreries, il faut savoir à quoi ces maisons sont bonnes, afin de voir quels ministres doivent les payer. Mais cela n’est pas pressé; ce sont des choses qui se font avec les siècles. Traitez toujours pour les deux premières sénatoreries que cet arrangement (… mots manquants) puisqu’il les placera l’une à Rouen et l’autre à Mayence, qui sont deux lieux fort importants.
Compiègne, 30 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Duc de Feltre, je vous envoie une lettre d’un de mes officiers d’ordonnance. Je ne puis croire qu’il n’y ait que 400 hommes à l’île de Port-Cros; si cela était, cette île serait exposée. Donnez l’ordre suivant.
Le bataillon du 23e léger et trois bataillons du régiment de la Méditerranée, formant quatre bataillons, tiendront garnison dans les trois îles, de manière qu’il y ait un bataillon de 1,000 à 800 hommes dans l’île du Levant, deux bataillons de 2,000 à 1,600hommes dans l’île de Port-Cros, enfin un bataillon dans l’île de Porquerolles.
Un colonel commandera dans l’île du Levant, le général Donnadieu dans l’île de Port-Cros, et un général de brigade dans l’île de Porquerolles.
Le bataillon destiné à l’île du Levant y descendra avec les pièces de campagne et de siège nécessaires pour faire une batterie qui défende la rade et croise son feu avec celui du cap des Mèdes, avec une escouade de sapeurs, un officier d’artillerie, un officier du génie, un détachement d’une trentaine de canonniers, soit de la marine, soit de la terre, des outils à pionniers et des vivres; tout cela sous les ordres d’un officier capable.
Le général La Riboisière et les directeurs de d’artillerie et du génie s’y rendront pour tracer les ouvrages ordonnés pour lier l’île du Levant à l’île de Port-Cros et pour que les 800 à 1,000 hommes de la garnison, après avoir défendu l’île, aient là un refuge et puissent recevoir des renforts.
Plusieurs péniches, bateaux de pêche et bâtiments légers doivent se tenir dans le port de Man, afin d’assurer les communications de l’île de Port-Cros avec l’île du Levant.
On augmentera le nombre des pièces de la batterie de Man, soit par des pièces de petit calibre, soit par des pièces qui défendent le coté de terre.
Compiègne, 30 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Monsieur le Comte Decrès, je suis instruit qu’il n’y a point de canonnières dans la rade de l’île d’Aix. Donnez ordre que deux canonnières soient attachées à chaque vaisseau ou frégate, pour être montées par les équipages des bâtiments. Indépendamment de ces canonnières et des chaloupes et canots des vaisseaux, il faut qu’il y ait deux bonnes péniches. Enfin organisez une flottille sous les ordres du commandant de la rade.
Compiègne, 30 août 1811.
DÉCISION.
Le comte Decrès, ministre de la marine, sollicite la décoration de la Légion d’honneur pour le capitaine d’artillerie de marine le Traon-Kerguidan, grièvement blessé à l’affaire de Lissa. | Il faut saisir une meilleure et moins malheureuse occasion. |
Compiègne, 30 août 1811
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major-général de l’armée d’Espagne, à Paris
Mon Cousin, le grand état de situation que vous m’avez remis contient des inexactitudes. Vous portez la garnison de Badajoz telle qu’elle doit être fournie en conséquence de mes derniers ordres, c’est-à-dire composée, savoir : de deux bataillons du premier corps, de deux bataillons du quatrième corps, de deux bataillons du cinquième corps, d’un bataillon de Hesse-Darmstadt et d’un bataillon de la division de Cordoue. Mais cet ordre peut n’avoir pas été exécuté, et cette manière de faire des états de situation n’est propre qu’à m’induire en erreur. Vous deviez faire mention de mon ordre en observation, mais porter l’état de la garnison de Badajoz tel que vous le trouvez dans vos derniers états de situation. Corrigez cela; il ne faut rien mettre d’hypothétique, si ce n’est en note. Les états que vous me remettez ne doivent être que les copies des états qui vous sont envoyés, sans quoi vos états ne sont bons qu’à m’induire en erreur. Demandez également l’état de situation de la garde royale et de toutes les troupes qui sont à la solde de l’Espagne : c’est le seul moyen de connaître les forces qui sont disponibles.
Compiègne, 31 août 1811
Au général Lacuée, comte de Cessac, ministre directeur de l’administration de la guerre, à Paris
Monsieur le Comte de Cessac, le pain qu’on distribue aux troupes à Boulogne est très mauvais. Prenez des mesures pour remédier à cet abus.
Compiègne, 31 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
On emploie beaucoup de marins comme domestiques dans les équipages de flottille. Ainsi, dans le 13e bataillon à Boulogne, 30 hommes sont employés comme domestiques; 41 sont en permission et 15 absents; cela est irrégulier. Cependant la solde et les vivres des hommes manquants sont faits comme s’ils étaient présents. On assure que les chefs prétendent les distribuer aux pauvres pères de famille. Faites faire une enquête là-dessus et un exemple qui puisse épouvanter sur de pareils abus. Il parait qu’il y a de grandes plaintes contre le préfet maritime.