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Pierre Daru (1767–1829)

Ministre Secrétaire d’État

« Il joint le travail du bœuf au courage du lion. » (Napoléon)

« Son nom est lié aux souvenirs les plus honorables de la littérature de son temps, comme il l’est au plus grands événements de notre histoire. » (Sainte-Beuve).


Pierre Daru nait en janvier 1767, à Montpellier, au sein d’une famille anciennement noble sous l’ancien régime. Son père, Noël Daru, avocat, 1er secrétaire de l’intendance de Languedoc, natif de Grenoble, lui fait donner une solide et brillante éducation et lui obtient une sous-lieutenance dans un régiment de cavalerie. Mais il trouve la vie de garnison ennuyeuse, et trop grandes les difficultés pour se livrer aux travaux littéraires, sa vraie passion. Il démissionne donc, entrer dans l’intendance militaire, carrière plus lucrative..

Il est commissaire des guerres en 1789. Partisan modéré de la Révolution française, cela lui vaut d’être mis sur la liste d’épuration comme suspect sous la Terreur, et écroué au mois de septembre 1793. Par chance, il reste oublié dans sa prison et libéré lors du 9 thermidor, sans pour autant retrouver son poste. Il obtient cependant, en 1796, celui de chef de la division des subsistances. En 1799, enfin, il est nommé (sans doute à sa demande) commissaire ordonnateur à l’Armée du Rhin. Lorsque Bonaparte, le 18 Brumaire, prend le pouvoir, il l’appelle à Paris pour remplir les fonctions de secrétaire général du ministre de la guerre avec le rang d’inspecteur aux revues.

Daru accompagne alors Bonaparte en Italie. Après Marengo[1], il entre au Tribunat en 1801. De l’an XII à 1806, il va être successivement nommé conseiller d’État, intendant général de la maison militaire de l’Empereur, et intendant général de la liste civile, sans oublier le titre de baron de l’Empire (le 23 mai 1809).

Commissaire général de la Grande Armée à l’ouverture de la campagne contre la Prusse, en 1806[2], il est nommé intendant général des pays conquis. La campagne de 1809, terminée par la bataille de Wagram, livre aux armées françaises les États héréditaires de l’empire d’Autriche et une grande partie de ses autres provinces. Daru est investi à Vienne des mêmes fonctions qu’il a remplies à Berlin.

En 1811, Jean-Baptiste Nompère de Champagny, alors ministre des relations extérieures, est démis de ses fonctions par Napoléon[3], et Daru, reçoit le titre de ministre secrétaire d’État. Il est nommé grand officier de la Légion d’honneur le 30 juin 1811.

Daru accompagne Napoléon en Russie, chargé de l’approvisionnement de la Grande Armée. . Après la bataille de Smolensk, Daru conseille à l’Empereur d’abandonner la poursuite d’un ennemi qui se dérobe par une fuite calculée, car il redoute que les approvisionnements ne suivront plus avec sécurité la marche de l’armée française et que les convois ne pourront s’aventurer dans un pays où manquent les lieux pouvant recevoir des magasins. L’incendie de Moscou justifie les craintes de Daru, qui conseille à l’empereur de rester dans la capitale russe, et d’y faire venir les magasins de Vilna.. Durant la retraite, il remplace le général Mathieu Dumas, malade et dans l’impossibilité de continuer ses fonctions d’intendant général.

En 1813, il est nommé grand aigle (grand croix) de la Légion d’honneur et ministre chargé de l’administration de la guerre.

Lors de la Première Restauration Daru se rallie aux Bourbons et Louis XVIII le nomme intendant général honoraire, le décorant de la croix de Saint-Louis.

Lorsque Napoléon revient en France, il le soutient et vient saluer Napoléon aux Tuileries, et l’Empereur lui serre affectueusement la main.

La bataille de Waterloo et la seconde Restauration forcent Daru à quitter définitivement la carrière administrative. Il perd toutes ses places, excepté celle qu’il occupait à l’Académie française, où il avait succédé, en 1806, à Collin d’Harleville. Il échappe aux épurations de l’ordonnance de 1816 et est nommé pair de France en 1819[4]. En 1828, il est élu membre libre de l’Académie des sciences.

Pierre Daru décède le 5 septembre 1829, victime d’une attaque d’apoplexie.

Il est inhumé au cimetière de Montmarte (21e division)

Tombe de Daru au cimetière du Père Lachaise
Tombe de Daru au cimetière du Père Lachaise

LIEUX DE MÉMOIRE

  • A Paris, au 79 rue de Grenelle : petit hôtel d’Estrée, où habita Daru (plaque commémorative)

NOTES

[1] C’est à cette époque qu’il commence également une carrière littéraire, que nous ne décrirons pas ici. Ses principaux ouvrages sont :

  • une Traduction en vers des Œuvres d’Horace, 1804, une des meilleures éditions signalée par le Dictionnaire Bouillet au XIXe siècle ;
  • l’Histoire de la république de Venise, 1819 et 1822, ouvrage devenu classique au XIXe siècle ;
  • Histoire des ducs de Bretagne, 1826, et l’Astronomie, poème en 6 chants, publié après sa mort, 1830.

[2] C’est également en 1806 que Daru est élu au fauteuil 7 de l’Académie Française, après la mort de Jean-François Collin d’Harleville (1755-1806). Son successeur à cette place sera Alphonse de Lamartine (1790-1869)

[3] Il reçoit en contrepartie l’intendance générale des domaines de la couronne

[4] Ordonnance du 5 mars 1819, la „fournée Decazes“