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Lettres de Joubert – 24 novembre 1792

Nice, le 24 novembre 1792

… Le 18, on donnait à Nice une fête aux commissaires de l’assemblée. Pendant cette fête arrivent des ordonnances qui apprennent que 6000 Piémontais ont attaqué le général Brunet, qui a été obligé de se replier sur Lescarena. Nous partons 1100 hommes, à 9 heures du soir… Des volontaires marseillais couraient comme des lièvres, sans savoir où cependant, criant à la trahison, comme s’ils n’avaient pas tout fait eux-mêmes par leur lâcheté. J’avais 40 hommes de mon régiment et un capitaine, nous descendons sans nous presser. Le feu de l’ennemi sur nous est vif et sûr. Au milieu de la déroute, oubliant que je ne suis que lieutenant, parce que je ne voyais aucun chef en état de se faire écouter, je m’écrie: « Cent hommes de bonne volonté avec moi, et je me charge de repousser l’ennemi!  » Je n’eus pas plutôt lâché ces mots que tous les soldats de ligne qui n’attendaient qu’un commandement se pressent autour de moi, et plus de 300 volontaires. Les autres fuyaient à toutes jambes. La multitude d’hommes m’embarrassait. Cependant je parvins à les diviser en plusieurs pelotons, et, avançant avec deux seulement sur le revers de la montagne, nous exécutons de sang-froid deux feux de pelotons et deux feux de file, qui font bientôt taire celui des ennemis… Ceux-ci – les fuyards – m’avaient fait passer pour mort avec le capitaine. Jugez de la joie de mes camarades en m’embrassant après m’avoir pleuré… Le lendemain, nos colonnes reprirent l’offensive, et l’ennemi décampa de Bera…