L’escadron sacré.
Léon Hennet
Carnet de la Sabretache – 1909
« Notre cavalerie était tellement démontée que l’on a dû réunir les officiers auxquels il restait un cheval pour en former quatre compagnies de 150 hommes chacune. Les généraux y faisaient les fonctions de capitaine, et les colonels celles de sous-officier. Cet Escadron sacré, commandé par le général Grouchy, et sous les ordres du roi de Naples, ne perdait pas de vue l’Empereur dans tous ses mouvements.»
Ainsi se termine le fameux 29e Bulletin, daté de Molodetschno, le 3 décembre 1812 et que l’Empereur aurait écrit lui-même.
La cavalerie était démontée depuis longtemps. Déjà à Smolensk existaient quatre divisions de cavalerie à pied. Ces cavaliers à pied des corps de réserve furent réunis le 13 novembre sur la route de Krasnoïé, à la hauteur du village de Loukerchtchino, dans la matinée à dix heures, pour être passés en revue par Murat et partir ensuite sous les ordres de Junot, qui en eut la conduite jusqu’au-delà de la Bérézina.
Au 8 novembre, le général Thielmann déclare que ses deux régiments de cuirassiers saxons n’ont plus que 40 chevaux. Enfin une situation du 20 novembre des 1er et 3e corps, qui étaient alors sous les ordres de Grouchy, donne l’état lamentable de la cavalerie. Au 1er corps, la 1e division de grosse cavalerie comptait 35 officiers montés; la 5e division, 46 ; la 1re division de cavalerie légère,21 ; soit : 100 officiers montés; 84 étaient démontés.
Au 3e corps, 74 montés et 73 démontés.
Au 1er corps, comme hommes de troupe, la 1e division de cavalerie légère en avait 41 montés, et la 5e division de cuirassiers, 43 ; la 1e division de cuirassiers, aucun. Au 3e corps, la 3e division légère, 59 ; la division de dragons, 14.
Depuis le départ de Smolensk, des officiers montés et devenus sans troupes, semblent s’être réunis au quartier général et l’escortaient. A Bobr, où l’Empereur arriva le 23 novembre, à quatre heures de l’après-midi, il fit appel aux officiers de cavalerie qui possédaient encore un cheval pour constituer auprès de lui une garde particulière.
L’ordre impérial n’a pu être retrouvé. Il semble avoir été donné verbalement.
Le 23 novembre, de suite, Junot sollicitait le commandement du corps projeté :
« Sire, il ne me reste pas un soldat d’infanterie du 8e corps, Je n’ai pas une pièce de canon, et ma cavalerie a à peine cent chevaux. Votre Majesté appelle à sa garde les officiera de cavalerie. Je les commande aujourd’hui, et, s’ils doivent être employés près de Votre Majesté Impériale, ne serai-je pas jugé digne de les commander aussi ? Qui pourra y mettre plus de dévouement ? Et quel officier général date d’aussi longtemps que moi l’honneur de garder Votre Majesté. C’est aujourd’hui, Sire, que je réclame le souvenir des bontés dont j’ai été comblé depuis vingt ans. Servir près de Votre Majesté dans cette époque difficile, lui consacrer mes veilles et exposer ma vie avec délices pour elle, voilà mes derniers vœux. Voilà, Sire la dernière grâce que je sollicite de Votre Majesté Impériale à qui je dois tout ce que je suis et que ma vie ne peut payer. »
Dans les papiers de Belliard figure le contrôle de la formation de la 1e compagnie. Elle est dite « organisée à Bobr ». Cette organisation se fît le 24 de très matin. Dans son cahier de correspondance, Belliard note : « Bobr, 24 novembre 1812 au général (commandant les 2e et 4e corps). — Donné l’ordre pour l’organisation des compagnies de gardes d’honneur. »
L’Escadron sacré formé, l’Empereur quitta la ville à huit heures dans la matinée du 24, se portant à moitié chemin de Bobr à Borisov.
Un certain nombre d’hommes de troupe se joignirent à l’escadron. « Il y a beaucoup de cavaliers suivant les officiers généraux, les officiers supérieurs et autres des compagnies d’officiers. » écrivait Junot à Berthier, de Borisov, le 26 novembre 1812, à huit heures du soir.
Voici le contrôle tiré des papiers de Belliard. Les noms ont été vérifiés et quelquefois rétablis ; les prénoms portés et plusieurs grades rectifiés :
GARDE D’HONNEUR DE SA MAJESTÉ
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Le 1er corps (général de Saint-Germain, commandant en chef) avait été constitué avec les 1e et 5e divisions de cuirassiers et la 1e division de cavalerie légère : 1e division de cuirassiers: 2e, 3e et 9e cuirassiers, 1er chevau-légers lanciers; — 5e division, 6e, 11e et 12e cuirassiers et 5e lanciers; — 1e légère: 7e hussards et 9e lanciers ; 8e hussards et 16e chasseurs; 6e et 8e lanciers polonais; 2e hussards prussiens.
Pour les autres compagnies, il n’existe pas de liste, et les contrôles, sauf pour deux régiments du 3e corps, ne signalent pas ceux de leurs officiers qui ont fait partie de l’Escadron sacré.
2e Compagnie
Le 2e corps, Horace Sébastiani, commandant en chef, était compose des 2e et 4e divisions de cuirassiers et de la 2e de cavalerie légère; —> 2e division de cuirassiers : 5e, 8e et 10e cuirassiers, 2e chevau-légers lanciers; — 4e division : 1er et 2e carabiniers, 1er cuirassiers, 4e lanciers ; — 2e division légère ; 5e et 9e hussards, 11e et 12e chasseurs; 1er lanciers prussiens, 3e chasseurs wurtembergeois, 2e hussards polonais.
3e Compagnie
Le 3e corps de cavalerie (général de La Houssaye, commandant en chef) comprenait la 3e division de cuirassiers, la 6e division de cavalerie (dragons) et la 3e division de cavalerie légère; — 3e division de cuirassiers : 4e, 7e et 11e cuirassiers, 3e chevau-légers lanciers ; — 6e division de cavalerie (dragons) : 7e, 2e, 28e et 30e dragons ; — 3e de cavalerie légère : 6e hussards et 8e chasseurs, 6e et 25e chasseurs; 1er et 2e lanciers bavarois, chevau-légers saxons.
4e Compagnie
Le 4e corps ne comportait que deux divisions : la 1e de grosse cavalerie et la 4e de cavalerie légère : — 7e division de grosse cavalerie : gardes du corps saxons, cuirassiers de Zastrow, cuirassiers polonais; 1er et 2e cuirassiers westphaliens ; — la 4e de cavalerie légère : 2e, 7e et 15e, 3e, 11e et 16e lanciers polonais.
Le général de Latour-Maubourg commandait le 4e corps de cavalerie.
Un ordre impérial du 9 novembre 1812 décida la formation d’un corps de 6.000 hommes de cavalerie composé d’une division de cavalerie légère et d’une division de cuirassiers et dragons, et destiné à couvrir les cantonnements de l’armée pendant l’hiver.
La division de cavalerie légère comprend quatre régiments formés de compagnies données par chacun des corps des quatre divisions de cavalerie légère, et portant le numéro de leur division ; 1, 2, 3 et 4 ; les régiments de chevau-légers numéros 1 à 5 fournissent à la division légère un 5e régiment, qui en compose la 4e brigade.
La division de cuirassiers et dragons est constituée de même, mais à quatre régiments seulement : les 1e et 2e divisions de cuirassiers sont réunies pour donner à elles deux un seul régiment; de même les 3e et 4e ; la division de dragons (6e) fournit un régiment, ainsi que la 7e de grosse cavalerie,
Ce sont les régiments-piquets. Le commandement du corps est donné à Latour-Maubourg, qui reçoit de Murat le 10 novembre l’ordre d’en prendre possession. Le général Bruyère commande la division légère; il a pour brigadiers Piré, le baron Gérard (François-Joseph) et Lefebvre (le comte de Dantzig, ou communément Coco) ; à la tête de la division de grosse cavalerie est placé le général Lorge avec Auguste Dejean et Carrière de Beaumont pour généraux de brigade.
Les régiments-piquets sont organisés le 13 à Loukerchtchino. Ils suivirent le quartier général jusqu’au 30 novembre. À cette date, ils passèrent auprès du Vice-Roi pour servir à l’avant-garde. Ils furent dissous le 11 décembre à Kowno, par ordre de Murat, Latour-Maubourg n’ayant conservé avec lui presque personne des régiments-piquets.
Par suite de la destination nouvelle donnée à Latour-Maubourg, par ordre du 10 novembre, Horace Sébastiani réunit le commandement du 4e corps à celui du 2e.
Le 4e corps étant composé de régiments étrangers : polonais et saxons, il n’a donc pu être trouvé aucun nom d’officier ayant fait partie de l’Escadron sacré.
Marco de Saint-Hilaire, dans son Histoire de la Campagne de Russie pendant l’année 1812, a consacré à l’Escadron sacré quelques pages (t. II, VIIe partie, chap. XIII, p. 372-376). Les documents qui existent confirment les points principaux du récit la partie anecdotique semble, par suite, avoir été recueillie de survivants de l’escadron.
Ainsi s’exprime Marco de Saint-Hilaire :
« C’est dans la journée du 17 novembre que fut organisé à Krasnoïé, sous la dénomination d’Escadron sacré, un corps uniquement composé d’officiers de cavalerie de tout grade qui avaient conservé leurs chevaux. Écoutons ce qu’en dit un témoin :
« Plusieurs auteurs ont écrit sur la désastreuse campagne de Russie, mais aucun n’a donné sur le rassemblement d’officiers que l’on désigne sous le nom d’Escadron sacré les renseignements que la curiosité publique en attendait, et que méritait le noble dévouement de ces militaires. »
« M. le général de Ségur dit seulement, dans son Histoire de la Grande Année : « L’Empereur rassembla autour de lui tous les officiers de cavalerie encore montés. Il appela cette troupe d’environ cinq cents maîtres, son Escadron sacré. Grouchy et Sébastiani en eurent le commandement; des généraux de division y servirent comme capitaines. »
Dans la réfutation que M. le général Gourgaud a publiée de l’ouvrage de M. le général de Ségur, on lit :
« M. de Ségur se contente de citer en passant l’Escadron sacré, qu’il dit composé d’environ cinq cents maîtres. En rapportant ce fait, il parait n’avoir eu en vue que de montrer la détresse de notre cavalerie. Cependant, le dévouement de ces officiers, qui se mirent dans les rangs, soignant leurs chevaux, allant en vedette, etc., etc., valait bien la peine d’être remarqué, »
« En effet, M. de Ségur ne présente pas cette réunion d’officiers sous son véritable aspect. Aussi beaucoup de personnes parlent de l’Escadron sacré, mais peu connaissent les causes de sa formation, sa composition et le but qu’on s’était proposé en formant. Nous entrerons donc à cet égard dans quelques détails; ils plairont, en rappelant un fait unique dans l’histoire, et en démontrant ce que peuvent produire dans le cœur des Français l’attachement à leur chef, l’amour de la patrie et le point d’honneur…
« Des officiers qui ont donné ce mémorable exemple… tous… diront avec un sentiment d’orgueil : J’étais aussi de l’Escadron sacré ! »
« Une des plus belles, des plus braves armées qui aient jamais existé, était, quoique invaincue, forcée par les privations et les frimas à céder aux Russes le territoire de leur patrie qu’ils n’avaient pas su défendre. La retraite fut pénible et dangereuse; les régiments n’existaient plus que dans quelques hommes; une rivière était à traverser, et l’armée russe de Moldavie, commandée par le général Tchitchagoff, arrivait à marches forcées des frontières de la Turquie pour en disputer le passage et couper aux Français leurs moyens de retraite. Tout paraissait donc désespéré ; tout devait l’être.
« On conçut alors l’idée de rassembler les officiers de cavalerie encore montés, de les former en escadron et de tenter, par ce moyen, à la dernière extrémité, un passage au milieu de l’armée russe pour sauver la personne du chef de l’Empire.
« Ce fut à Bobr que les officiers généraux rassemblèrent ceux les officiers de leurs brigades respectives.
«Messieurs, leur dirent-ils, que ceux d’entre vous qui sont encore à cheval, dont la santé n’est pas trop affaiblie et qui se sentent capables de faire auprès de l’Empereur un service actif et périlleux, s’inscrivent. »
« On se dit les uns aux autres : « C’est pour sauver l’Empereur, pour se faire jour à travers l’armée russe ! Beaucoup y périront sans doute; mais quelle gloire ! Quel honneur ! Comme la France applaudira à notre dévouement ! Signons… » Aussitôt la feuille de papier disposée à cet effet se couvrit de signatures… Tous les officiers en état de combattre s’enrôlèrent…
« Le lendemain on rassembla tous les officiers qui s’étaient inscrits. On en forma quatre compagnies, chaque corps d’armée en fournit une. La première était commandée par M. le général Grouchy ; la seconde, par M. le général Sébastiani; la troisième, par le général..- ; les officiers du corps commandé par M. le général Latour-Maubourg comptaient pour la quatrième. Le roi de Naples était le commandant supérieur.
« Des généraux de division étaient lieutenants ; des généraux de brigade, sous-lieutenants ou adjudants et sous-officiers ; le premier rang de chaque compagnie était en outre composé de colonels, de chefs d’escadron et de capitaines.
« La formation avait lieu dans un champ à gauche de la grande route de Bobr à Smolensk; l’appel fut fait; l’Empereur arriva, l’Escadron sacré le suivit et commença son service.
« Pour la première fois peut-être, depuis qu’il existe des armées, on vit un corps composé entièrement d’officiers, qui, descendus volontairement de leurs grades, remplissaient des fonctions subalternes ou faisaient le service de simples cavaliers.
« L’Escadron sacré, devant toujours servir auprès de l’Empereur, suivit la marche de l’état-major général; là on vit chaque fois les militaires qui en faisaient partie aller chercher eux-mêmes la paille des toits pour nourrir leurs chevaux, pratiquer dans la glace les trous pour se procurer un peu d’eau, et se nourrir de la chair des chevaux morts…
« Au pont de la Bérézina, les rangs ne pouvant être observés, chacun passa comme il lui fut possible ; mais, après avoir traversé les marais qui bordent la rivière, l’Escadron sacré se rassembla et se trouva au complet en bataille, en avant de la cavalerie de la Garde impériale.
« La victoire ayant rendu libre la route de Vilna, on la prit.
« L’Escadron sacré bivaquait toujours à proximité du quartier général. Les peines, les souffrances se renouvelaient chaque jour; beaucoup y succombaient.
« Enfin, Vilna paraît. Après un grand jour de repos dans celte ville, les officiers restant encore à l’Escadron furent mandés dans la nuit chez M. le général Sébastiani; il leur annonça que l’Empereur était parti pour la France, laissant le commandement de l’armée au roi de Naples…
« L’Escadron sacré continua d’exister jusqu’à Kowno. où chaque officier se rendit aux débris de son régiment. »
L’Escadron sacré, organisé à Bobr, quitta ce lieu avec l’Empereur le 24 novembre à huit heures du matin : huit heures du matin est l’heure fixée chaque jour pour le départ de l’Empereur. Il passa par Kroupi et était le soir à Lochnitsa : on avait fait 32 kilomètres. Dans l’après-midi du 25, à cinq heures. Il atteignait Borisov, et à onze heures du soir s’arrêtait à la ferme de Staroï-Borisov.
Napoléon monte à cheval à cinq heures du matin le 26, et, à sept heures, il s’installe à Studianka. Le lendemain, passant la Bérézina à deux heures, il gagne Zanivki, sur la rive droite. On y séjourne le 28, l’Empereur restant avec la Garde pendant la bataille à Brillowo [1]. Départ le 29 à sept heures du matin pour Zembin, où l’on arrive à dix heures ; remise en route à midi, arrivée à Kamen à cinq heures. La journée du 30 est passée à Plechtchenitsoui [2]; on en part le 1er décembre pour le château de Staïki: l’arrivée se fait à deux heures. Ce jour, le départ avait été fixé à six heures du matin. C’est également à six heures du matin que l’on dut se mettre en marche le 2 décembre sur Sélitché, que l’on quitte le 3, à sept heures, pour Molodetschno.
A Molodetchna, ce 3 décembre 1812, étaient arrivées, dans la matinée, les dix-huit estafettes dont le retard inquiétait tant l’Empereur et qui, par les nouvelles apportées, le décidèrent à regagner la France.
Le 4 décembre, à neuf heures du matin, Napoléon et l’Escadron sacré quittent Molodetschno pour atteindre, par Markovo, sur la route de Smorgoni, Benitsa, où l’on coucha.
C’est à Benitsa, où il était arrivé à trois heures et demie, que l’Empereur fit connaître ses intentions, ainsi que le raconte dans ses Mémoires le général van Hogendorp. Napoléon signe un décret instituant le roi de Naples son lieutenant général; il signe des promotions; accorde une double gratification d’entrée en campagne aux officiers généraux et d’état-major qui avaient fait la retraite de Moscou et celle de Smolensk. Sur la liste des ayants droit du 1er corps figurent ceux qui servirent dans l’Escadron sacré et les généraux des divisions de régiments-piquets.
L’Escadron sacré ne put aller plus loin que Benitsa. Déjà le 25 novembre, dit Bourgogne dans ses Mémoires (édition P. Cottin, p. 201)….
« j’aperçus la tête de la colonne. Les premiers que nous vîmes paraître étaient des généraux, dont quelques-uns étaient encore à cheval, mais la plus grande partie à pied, ainsi beaucoup d’autres officiers supérieurs, débris de l’Escadron et du Bataillon sacrés, que l’on avait formé le 22, et qui, au bout de trois jours, n’existaient pour ainsi plus,.. Après, quelques débris de la cavalerie de la Garde. L’Empereur venait ensuite. »
Et plus loin, p. 224 :
« Le 5 décembre, nous arrivâmes, lorsqu’il faisait encore jour, à Benitsa, où l’Empereur avait couché… Après avoir encore passé cette mauvaise nuit sans dormir…, nous parûmes pour nous rendre à Smorgoni. En suivant la route, nous la vîmes couverte d’officiers supérieurs des différents corps, ainsi que des nobles débris de l’Escadron et du Bataillon sacrés, couverts de mauvaises fourrures, de manteaux brûlés, même d’autres qui n’en avaient pas la moitié, l’ayant partagé avec un ami.., Une grande partie marchait appuyée sur un bâton de sapin, la barbe et les cheveux couverts de glaçons… Nous arrivâmes à Smorgoni… le 6. »
Le 5 décembre, à neuf heures, départ de Biénitsa, laissant la Garde impériale et l’Escadron sacré, qui n’aurait pu faire la dure route à allure rapide. On arrive à Smorgoni à la nuit tombante. Le soir lorsque Napoléon monte en voiture pour se rendre à Paris, il part escorté par des chasseurs de la Garde, relayés à Ochmiana par des chevau-légers polonais du 1er régiment de la Garde et à Rownopol par des vélites et gardes d’honneur napolitains. C’est donc de service auprès de Murat que l’Escadron sacré gagna Vilna.
Conformément aux ordres de Napoléon, trois jours après son départ, le 8 décembre, de Miédniki, Berthier notifie le décret du 4 qui nommait Murat lieutenant général de l’Empereur.
Le roi de Naples arriva le 8 décembre à Vilna : il gelait à 23 degrés, dit Berthier dans un rapport à l’Empereur.
« Mon cousin, écrivait Murat le jour même au prince de Neuchâtel, le régiment des gardes d’honneur est dissous, et le général Grouchy qui le commande se réunira de nouveau à la cavalerie démontée pour suivre sa destination. »
Et encore, le même jour :
« Mon cousin, dirigez toute la cavalerie démontée sur Olita, ainsi que le régiment des gardes d’honneur, qui est dissous dès ce moment. Les généraux et officiers qui le composaient rentreront à leurs divisions et à leurs régiments respectifs. Le général Grouchy aura le commandement de toute la cavalerie démontée; il sera chargé de la conduire à sa destination. »
L’Escadron sacré cesse d’exister à cette date du 8 décembre 1812. Mais comme chaque compagnie comprenait les généraux du même corps d’armée et les officiers des mêmes régiments, ils restèrent réunis. Après l’ordre de réorganisation des corps de cavalerie : 1er corps à Braunschweig; 2e à Dessau; 3e à Glogau, 4e à Varsovie, chaque compagnie se rendit au lieu fixé pour la reconstitution du corps auquel elle appartenait, et à son arrivée fut définitivement dissoute : « Admis dans la garde d’honneur », dit de lui le général de Jumilhac, « a soutenu la retraite avec force et n’a pas quitté un instant son corps [3e]. Il est arrivé avec lui à Glogau. »
[1] Bataille de la Bérézina
[2] Plechnitsié