Jean-Baptiste Éblé (1757-1812)
Jean-Baptiste Éblé est né sur le 22 décembre 1757 (le 21 selon Six) à Saint Jean Rohrbach, petite commune de l’est de la France, abritant alors environ 800 habitants, à environ 425 km à l’est de Paris, 80 km au Sud-ouest de Metz et à seulement 15km de la frontière allemande. La plus proche ville est Sarraguemines.
Au cours des âges, on rencontre différentes orthographes du nom d’Éblé : Eppele, Éblée, Eple et Appelee, pour n’en citer que quelques-unes.
Jean-Baptiste est le deuxième enfant de Jean Apelee (une autre variation) et de sa femme Marie Metrin. Le couple aura au total six enfants : un fils, Jean, né en septembre 1756, mais qui ne vécu que sept semaines; vient ensuite notre général, puis une fille, Elisabeth, née en août 1760, suivi par un autre garçon, Joseph, qui mourra à l’âge de trois ans et demi. Viendront encore deux filles, Laurence et finalement Anne-Nicole, née à Auxonne le 22 juin 1765.
Après une éducation primaire, le jeune Éblé, alors âgé de seulement dix ans, s’enrôle comme enfant de troupe le 31 décembre 1767, puis, six ans plus tard, entre au régiment d’artillerie d’Auxonne (décembre 1773). En 1791, le régiment devient le 6e régiment d’artillerie.
Intelligent et brillant, le jeune Éblé fait des progrès constants, et devient sergent en avril 1775 et, en août 1779, il est sergent-major à l’Armée des Cotes l’Armée de Bretagne, sous les ordres du général Marquis de Vaux. Il est nommé Capitaine le 18 mai 1792, après avoir servi durant le siége de Genève. Il est alors envoyé en mission à Naples.
De 1792 à 1795 il est à l’Armée des Ardennes, puis à l’Armée du Nord, période pendant laquelle il est promu d’abord Capitaine Commandant, sous les ordres de Dumouriez, qui va bientôt passer aux Autrichiens. Bientôt, Éblé est nommé Chef de Bataillon du 6eme régiment d’artillerie à pied au Camp de Madeleine (en août 1793).
Il participe à la bataille d’Hondschoote le 8 septembre 1793 , durant laquelle son commandant, le futur maréchal Jourdan, est atteint à la poitrine par un boulet.
Trois semaines plus tard, le 29 septembre Éblé est fait Général de brigade d’Artillerie, alors qu’il séjourne à Mauberge. Mais il est modeste et il écrit au Ministère de la Guerre, pour dire qu’il ne mérite pas une telle promotion et qu’elle devrait être donnée à son collègue, plus âgé que lui d’environ dix ans. De Bollemont recevra sa promotion quatre semaines plus tard, après la bataille de Wattignies.
Éblé est à Wattignies (16 octobre) et le 25 octobre 1793 il est élevé au rang de général de division et nommé Directeur du Parc d’Artillerie à l’Armée du Nord, de nouveau sous les ordres de Jourdan. Il a tout juste 34 ans.
Le jeune Général sert alors successivement au siège d’Ypres, à Nieuport, en juillet 1794, puis à ensuite à Bois le Duc, au forts de Crevecoeur et Nijmegen, avant devenir Inspecteur Général d’Artillerie en novembre.
Éblé rejoint bientôt l’Armée de Hollande en 1795 et est nommé Commandant l’Artillerie de l’Armée du Rhin et Moselle le 19 avril de l’année suivante. Il est à la défense de Kehl en novembre de cette même année, où il est remplacé, le 13 février 1797, par le vétéran (il a 65 ans !) général Jean Fabre de Lamartilliere.
En novembre 1798, Championnet, qui a succédé à Macdonald, à la tête de l’Armée de Rome, nomme Éblé commandant de son artillerie. C’est à ce poste qu’il participe à la prise de Capri, le 10 janvier 1799 et de Naples, les 22 et 23 du même mois.
En juillet 1799, Éblé quitte l’armée de Championnet (lequel va être arrêté, puis relâché, sur de fausses accusations, et mourra, victime d’une épidémie le 9 janvier 1800) et est nommé Commandant l’Artillerie de l’Armée des Grandes Alpes. Les postes importants vont se succéder, durant les dix années qui vont suivre, faisant de lui l’un des personnages de renom dans l’artillerie : Commandant de l’Artillerie du Corps Réserve à l’Armée du Rhin, Commandant l’Artillerie en Batavia, Commandant l’Artillerie au Camp d’Utrecht, Commandant l’Artillerie de l’Armée du Hanovre, puis Commandant en Chef l’Artillerie du ler Corps de la Grande Armée le 30 août 1805, sous les ordres de Bernadotte.
Il est à Halle le 17 octobre 1806 et présent à la prise de Lubeck, le 6 novembre de la même année. Il est alors nommé pour la première fois Gouverneur de Magdeburg. Durant cette période, il est plusieurs fois décoré plusieurs fois, et fait Grand Officier de la Légion d’Honneur le 14 juin 1804. En 1806 il reçoit la Grand Croix du Lion du Bavière.
Après la bataille de Friedland, le 14 juin 1807, et après le traité résultant de Tilsit, en juillet, Magdeburg, sur la rive gauche de l’Elbe, devient partie du royaume de Westphalie et Éblé est appelé à y servir de nouveau.
En janvier 1808, Éblé est rappelé en France et envoyé d’abord à Huningue, puis en Belgique, Anvers.
Pendant un court moment il est Commandant de la 3eme la division Westphalienne, à Magdeburg. Ses bons services lui valent , au moment de son départ, le 17 mars 1808, une pension annuelle de 10,000 francs versée par le royaume de Westphalie (décret du Ministre de la Guerre du Royaume de Westphalie.)
Le 26 octobre 1808 , il est fait Baron de l’Empire.
Peu de temps après il est de nouveau en poste à Magdeburg, au service de Jérôme, le nouveau roi de Westphalie.
Éblé est alors âgé de 51 ans, et il est temps pour lui de se marier. Il épouse, le 5 avril 1809, à Kassel, la jeune (elle a 20 ans !) Edeline-Louise-Helene Freteau (née à Vaux le Penil, Seine et Marne), fille cadette d’Emmanuel-Marie-Michel-Philipe Freteau.
En juin, Éblé est nommé Général-colonel des Gardes du Corps Westphaliens et, le 28 août, Chambellan du Roi Jérôme.
A peine une année après son mariage, il reprend du service en France, le 14 mars 1810, juste avant d’être nommé Grand Commandeur de l’Ordre de Westphalie. Le 24 mars, Edeline-Louise donne naissance à son premier enfant, une fille prénommée Catherine-Jeromia.
Le commandement suivant amène Éblé au Portugal où il est nommé commandant de l’artillerie de l’Armée du Portugal.
Trois mois plus tard, il est en Espagne, au siège de Cuidad Rodrigo (6 juin – 10 juillet), puis à celui d’Almeida (24 juillet – 28 août) où la forteresse est prise après l’explosion, le 26, des dépôts de munitions (en tuant environ 500 défenseurs).
Il est possible qu’Éblé ait été présent à la bataille de Fuentes d’Onoro (3 – 5 mai 1811), commandant l’artillerie de Masséna, sans que cela puisse être confirmé.
Dix jours après cette bataille, Éblé retourne à Paris, où il reçoit le commandement provisoire de l’Artillerie de l’Armée d’Allemagne.
Le 7 février 1812, il devient officiellement Commandant en Chef des équipages de pont de la Grande Armée, qui se prépare pour la prochaine Campagne de Russie.
Le deuxième enfant des Éblé est né le 3 avril 1812, encore une fille, qu’ils prénomment Marie Louise Laurence.
Le Grande Armée passe le Niémen le 23 juin. Ce sont des éléments de la division Morand (corps d’armée Davout) qui rejoignent les premiers la rive orientale. Aussitôt, les ingénieurs et soldats du génie d’Éblé commence à jeter les trois ponts qui, achevés à l’aube du jour suivant, vont permettre à l’armée de rapidement traverser le fleuve.
Éblé est à la prise de Smolensk, le 17 août, mais sa présence à Borodino, le 7 septembre, n’est pas certaine et même douteuse, car ses services ne semblent pas avoir été requis.
Et puis c’est la retraite de Russie et l’immortel épisode de la Bérézina.
Après le passage, les restes de la Grande Armée continuent leur retraite, perdant de plus en plus hommes chaque jour et laissant derrière eux une route remplie de morts et de blessés, d’armes abandonnées, de carcasses de chevaux épuisés.
L’Empereur, à Smorgoni, quitte l’armée, avec Caulaincourt, Duroc, Rapp et Lefebvre-Desnouettes. Éblé, épuisé, atteint Königsberg, où il va rester, jusqu’à sa mort, le 31 décembre 1812.
L’Empereur, sans rien connaître de la mort d’Éblé, l’a nommé commandant en chef l’Artillerie de la Grande Armée et le nommera même Comte de l’Empire. Lorsqu’il apprendra sa mort, il insistera pour que la Comtesse Éblé conserve son titre.
Jean-Baptiste Éblé fut enterré dans l’Église catholique de Königsberg.
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Le cœur de Jean-Baptiste Éblé se trouve aux Invalides (2e colombarium).
A Saint-Jean-Rohrbach (20 km au sud de Sarreguemines), son village natal, se trouve un buste du général.
Sa maison natale, rue Éblé, n’existe plus, mais une stèle a été apposée sur le mur d’un bâtiment qui occupe à peu prés le même emplacement.
Repères bibliographiques
- Eugénie Heiser. Jean-Baptiste Éblé.
- Georges Six. Dictionnaire Biographique des Généraux et Amiraux de la Révolution et de l’Empire.
- Alain Chappet, André Robe, Alain Pigeard et Roger Martin. Répertoire Mondial des Souvenirs Napoléoniens.
- Didier Ferrand. Le Général Éblé.
- John R Elting. Swords around a Throne.