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1805 – TRENTIÈME BULLETIN bis DE LA GRANDE ARMÉE

TRENTIÈME BULLETIN bis DE LA GRANDE ARMÉE [1].

 

Austerlitz, le 13 frimaire an 14[2].

En ce moment arrive au quartier général la capitulation envoyée par le maréchal Augereau du corps d’armée autrichienne, commandé par le général Jellachich[3]. L’Empereur eût préféré que l’on eût gardé les prisonniers en France, cela eût-il dû occasionner quelques jours de blocus de plus ; car l’expérience a prouvé que, renvoyés en Autriche, les soldats servent incontinent après.

Le général Wreden[4], commandant les bavarois, a eu différentes affaires en Bohême contre l’archiduc Ferdinand[5]. Il a fait quelques centaines de prisonniers.

Le prince de Rohan[6], à la tête d’un corps de six mille hommes, qui avait été coupé par le maréchal Ney & par le maréchal Augereau[7], s’est jeté sur Trente[8], a passé la gorge de Bonacio[9], & tenté de pénétrer à Venise. Il a été battu par le général Saint-Cyr[10], qui l’a fait prisonnier avec ses six mille hommes. Ci-joint la dépêche du maréchal Masséna, qui en rend compte au ministre de la guerre[11].

Capitulation de l’armée autrichienne, commandée par le lieutenant-général Jellachich.

LE général de division Maurice Mathieu[12], grand-officier de la légion d’honneur, commandant la seconde division du septième corps de la grande armée, autorisé par M. le maréchal d’empire Augereau, général en chef du septième corps de la grande armée ; & M. le général-major Wolffskel[13], au service de S.M.I. & R. l’Empereur d’Allemagne, autorisé par M. le général Jellachich, commandant en chef le corps d’armée autrichienne dans le Voralberg[14], sont convenus des articles suivants :

Art. Ier. Le corps d’armée aux ordres de M. le lieutenant-général Jellachich, sera prisonnier de guerre sur parole. Ce corps défilera avec tous les honneurs de la guerre ; il mettra bas les armes, & sera conduit en Bohême, aux avant-postes de l’armée autrichienne.

II. Les officiers garderont leurs armes, chevaux et bagages.

III. Tous les chevaux de troupes, les armes, toute l’artillerie, toutes les munitions & magasins militaires, tout ce qui n’est pas propriété particulière, sera remis à l’armée française.

IV. L’armée française prendra possession de tout le Voralberg, de Feldkirch[15], Rudentz[16], & de leur territoire jusqu’à Larlemberg[17].

V. Les trois bataillons du régiment de Beaulieu[18] sont compris dans la présente capitulation, si le 23 brumaire (14 novembre.) à 7 heures du soir, ils n’ont pas joint le corps du prince de Rohan, & s’ils sont sur Larlemberg.

VI. ous les officiers & toutes les troupes du corps d’armée de M. le lieutenant-général Jellachich, donneront leur parole d’honneur de ne point servir pendant un an, à compter de la date de la présente capitulation, contre les troupes de S.M. l’Empereur des français & Roi d’Italie, ou contre ses alliés.

VII. Les malades qui resteront dans les hôpitaux français, seront traités avec tous les égards & tous les soins prescrits par l’humanité, &  seront renvoyés après leur guérison, se trouvant compris dans l’article VI.

VIII. Le corps d’armée autrichienne sera conduit en Bohême par la route de Lindau[19], Tettuang[20], Biberach[21], Gunzbourg[22], Amberg[23] & Retz[24], il marchera sur trois colonnes, fera les journées ordinaires de troupes, & sera traité, pour les logemens, vivres & fourrages, comme les régimens français.

IX. Les troupes autrichiennes seront, pendant leur marche, pour leur police & discipline, sous les ordres de leurs officiers, qui seront responsables de tous les dégâts qui pourraient être commis, & elles seront conduites par une escorte française.

X. Un officier d’état-major d’artillerie & de génie, un inspecteur aux revues & un commissaire des guerres prendront possession des arsenaux & magasins de Feldkirch, demain 24 brumaire (15 novembre) à midi, & il y sera envoyé un bataillon.

XI. Le corps d’armée autrichienne défilera après-demain, 25 brumaire (16 novembre,) à huit heures du matin, devant l’armée française, déposera ensuite ses armes, & fera la remise de ses drapeaux.

Fait double, à Dornbern[25], le 23 brumaire an 14 (14 novembre 1805.)

Signé le général de division Maurice MATHIEU.

Le général-major WOLFFSKEL.

Approuvé par moi maréchal d’Empire, signé AUGEREAU.

JELLACHICH, F.M.L.[26]


NOTES

[1] In : Mémorial administratif du département de l’Ourte, n° 306 du 5 nivôse an XIV (26.12.1805), p. 306-308. Liège : J.F. Desoer, 1806. (Mémorial administratif du département de l’Ourte ; IX).

[2] 4 décembre 1805.

[3] Lire : Jelačić (Jellačić).

[4] Lire : Wrede.

[5] Ferdinand d’Autriche-Este.

[6] Louis de Rohan-Guéméné.

[7] Charles Pierre François Augereau (1757-1816). Général (1793), député de la Haute-Garonne au Conseil des Cinq Cents (1799), maréchal de l’Empire (1804, rayé aux Cent Jours 1815), duc de Castiglione (1808), pair de France (1814).

[8] Trento/Trient.

[9] Lire : Bassano.

[10] Lire : Gouvion Saint-Cyr.

[11] Il s’agit du 9e Bulletin de l’Armée d’Italie, publié par ailleurs.

[12] David Maurice Joseph Mathieu de Saint-Maurice (1768-1833). Général (1799), comte de l’Empire (1810), comte de La Redorte (1817).

[13] Christian, Baron Wolfskehl von Reichenberg (1761-1809). Général-major (1800), Lieutenant-feld-maréchal (1809).

[14] Lire : Vorarlberg.

[15] Ville du Vorarlberg, à 4 kms de la frontière de la principauté de Liechtenstein.

[16] Lire : Bludenz, ville au sud-est de Feldkirch, sur la route conduisant vers le centre et le sud du Vorarlberg.

[17] Lire : l’Arlberg, montagne et passe à 35 kms à l’est de Bludenz, avant la frontière du Tyrol.

[18] Le 58e Régiment d’infanterie de ligne appartient à Jean-Pierre, Baron de Beaulieu-Marconnay (1725-1819), d’origine wallonne, Général-major (1789), Lieutenant-feld-maréchal (1790), Général d’artillerie (1796), il quitte l’armée cette même année, après la défaite de Lodi. Le 58e est commandé par le colonel Lind.

[19] Île et ville à l’extrémité orientale du lac de Constance. La ville est alors la propriété des princes de Bretzenheim, auxquelles elle a été attribuée lors du recès d’Empire de 1803. Après la paix de Presbourg, elle sera cédée à la Bavière.

[20] Lire : Tettnang. Ville au nord-ouest de Lindau, sur la route d’Ulm. Alors partie de la Souabe autrichienne, elle va être cédée à la Bavière (qui elle-même la cédera au Wurtemberg en 1810).

[21] Biberach an der Riß, déjà citée. Ville au sud-ouest d’Ulm. Ville libre impériale, elle a été attribuée à l’électeur de Bade en 1803, qui la cède au Wurtemberg en 1806.

[22] Günzburg, déjà citée. Ville au nord-est d’Ulm, sur le Danube, en Bavière.

[23] Ville de Bavière, à l’est de Nuremberg, sur la route de Ratisbonne.

[24] Rötz, ville de Bavière, au sud-est d’Amberg, à une vingtaine de kms de la frontière tchèque, sur la route de Pilsen.

[25] Dornbirn, ville du Vorarlberg, au sud de Bregenz, sur la route conduisant à Feldkirch.

[26] i.e. Feldmarschalleutnant (Lieutenant-feld-maréchal).