Correspondance de Napoléon – Juin 1813

Juin 1813

 

Neumarkt, 1er juin 1813, dix heures du matin.

Au général Caulaincourt, duc de Vicence, ministre plénipotentiaire, à Eckersdorf

Monsieur le Duc de Vicence, je reçois votre lettre de trois heures du matin. Les assertions que vous tiennent les plénipotentiaires sont tout à fait ridicules, et j’ai peine à comprendre comment ils peuvent se laisser aller à de pareils propos. J’ai dix rapports sur l’affaire du duc de Reggio; et, ce qui répond à tout, c’est qu’il est à trois journées du champ de bataille. Le rapport qu’ils assiègent Wittenberg est absurde; j’ai des nouvelles de cette place du 31. La nouvelle qu’il y avait 2,000 hommes à Magdeburg est plaisante; il y a dans cette place 15.000 hommes. Quant à leur dire, que nous sommes dans une fausse position, je ne parle pas de la position où ils se trouvent, il est extraordinaire qu’ils veuillent connaître la mienne et en parler. Toutefois les principes que vous m’annoncez pour l’armistice ne me paraissent pas s’éloigner des instructions que je vous avais don­nées, puisque tous les États de Saxe seraient délivrés. Dans les États du roi de Saxe, je comprends ceux de Dessau, qui sont de petits fiefs enclavés. Ils font passer la ligne de manière que je ne pourrais occuper aucune ville, parce que, la rivière passant au milieu de Liegnitz, cette même ligne partagerait Lœwenberg et Goldberg; il serait donc convenable que la ligne passât à une lieue de chacune de ces villes; mais c’est un objet de peu d’importance. En parlant du thalweg de l’Elbe, il faudrait accorder une lieue sur la rive droite autour de Magdeburg. Quant à Wittenberg, il n’est besoin d’aucune stipulation de cette nature, puisque Wittenberg est enclavé dans la Saxe à plus d’une lieue des frontières.

La seule difficulté est Hambourg; tout me porte à penser qu’au moment où la nouvelle arrivera à Hambourg nous serons maîtres de cette place, ou du moins que nous la cernerons, puisque le prince d’Eckmühl a tenu, le 25, un conseil avec les officiers danois et M. le comte de Kaas, ministre de l’intérieur, que le roi de Danemark envoie auprès de moi; que d’ailleurs les batteries tirent à boulets rouges sur la ville, et que les Danois m’offrent 15,000 hommes. Mais ce point est si loin, qu’on pourrait se tirer d’embarras en ne faisant pas d’armistice sur ce point. Il y a un mois de marche d’ici là; il est donc évident que des renforts ne sauraient être dirigés de ce côté. On pourrait donc ne pas en parler, et faire finir l’armistice à Boitzenburg, sur la frontière de la 32e division, vu qu’il serait contraire à la Constitution que je fisse un acte quelconque comme Empereur qui laissât l’ennemi sur le territoire français. Ces messieurs doivent comprendre que le biais que je propose est dans des sentiments tout à fait conciliants. Il se passera de ce côté ce qu’on voudra ; cette partie est trop éloignée pour avoir aucune influence, et le mode qu’on propose aura d’autant plus d’avantages qu’il faudra vingt articles sur Hambourg, puisqu’il y aurait à prévoir le cas où les Français et les Danois cerneraient la ville, celui où ils y seraient entrés, etc.

Quant à mes convois, vous savez que je n’en ai pas encore perdu un seul, et que la route de l’armée depuis Mayence n’a pas encore été un moment interceptée, vu que tout marche réuni sous des es­cortes de 1,500 à 2,000 hommes. Il est vrai que des voitures d’ar­tillerie ayant pris la route de Bayreuth ont été interceptées par des partisans : le matériel a été repris. Mais ces discussions sont tout à fait vaines.

J’ai fait dresser les pouvoirs par le prince de Neuchâtel ; vous pouvez les échanger aujourd’hui, afin d’avoir le temps de discuter. Vous recevrez avec les pouvoirs des lettres du prince de Neuchâtel qui vous autorisent à suspendre tous les mouvements en avant que feraient les différents corps d’armée ; vous expédierez donc un officier français et un officier russe par le plus court chemin sur Breslau, pour arrêter la colonne où elle se trouvera, et, si on se battait, pour suspendre les hostilités ; vous en ferez autant du côté de Jauer et du duc de Raguse. Vous remarquerez que dans vos pouvoirs il est dit : le statu quo, chacun devant conserver ce qu’il a dans ce moment.

Aussitôt que vous aurez pris toutes les mesures de concert avec les plénipotentiaires russe et prussien pour faire cesser les hostilités, il sera convenable que vous choisissiez une maison à mi-chemin des avant-postes, où il y aura garnison française et russe, et que le ter­rain à un quart de lieue autour soit déclaré neutre. Cette petite cir­constance n’ayant aucune importance et pouvant se faire facilement, une compagnie de cavalerie qu’enverra le général Latour-Maubourg et une compagnie de voltigeurs seront suffisantes.

Voici actuellement ce qui se passe du côté de Breslau. Hier, le prince de la Moskova est arrivé à une lieue de cette ville, à sept heures du soir, sur la petite rivière de Lohe, et y a trouvé un corps de 10 à 12,000 hommes avec lequel il a tiré quelques coups de fusil et de canon. Il l’aura probablement attaqué ce matin à quatre heures, à moins que ce corps ne se soit retiré. Il est inutile de parler de cette circonstance, mais seulement vous ferez expédier d’abord l’ordre dans la direction de Breslau, afin que, si l’on se battait, on sus­pendît le différend.

L’avantage qu’aurait remporté le général Saint-Priest est sans doute l’escarmouche qu’il a eue hier avec les Wurtembergeois, où chacun cependant a gardé ses postes. Le duc de Tarente, ayant eu pour instruction de ne pas avancer et de garder sa position, n’a pas voulu s’engager davantage. Tout est avantage pour ces messieurs; il paraît qu’ils ont l’esprit singulièrement tourné.

Vous sentez que vous ne pouvez pas vous départir de la base que chacun garde ce qu’il a : aussitôt que la suspension d’armes pour trente-six heures sera arrêtée, que les ordres seront envoyés sur Breslau et Jauer, vous ferez connaître aux plénipotentiaires que la négociation de l’armistice doit avoir lieu sur cette base, et vous leur ferez admettre cette base. Ce principe une fois admis, vous diviserez l’armistice en trois parties :

1° L’armée qui est ici, pour laquelle je demande à conserver tout ce que j’ai, en prenant une ligne qui passe par tous les postes que j’occuperai au moment de la suspension d’armes, c’est-à-dire la ligne qu’indiquent vos pleins pouvoirs;

2° L’armée du général Bülow et du duc de Reggio : ils traceront une ligne selon la position où ils se trouveront au moment où leur arrivera la notification de la signature de l’armistice ; on ne peut pas les comprendre dans la première suspension d’armes, parce qu’ils sont trop loin ;

3° Enfin les partis sur la rive droite de l’Elbe et de l’Oder, car j’ai de forts partis qui poursuivent sur la rive droite de l’Oder un batail­lon qui s’était réfugié sur Posen ; il sera convenable que les uns re­passent l’Elbe et les autres l’Oder. Je ne parle pas des partisans et des patrouilles, parce qu’ils seraient exposés, mais des corps qui auraient leurs communications : chacun pourrait garder la position où il se trouvera au moment de la signature de l’armistice.

Quant à la 32e division militaire, c’est un point de délicatesse et d’honneur dans lequel l’empereur Alexandre doit entrer plus que per­sonne. Vous leur représenterez que, s’ils veulent véritablement la paix, aucune paix ne peut être faisable aux dépens du territoire con­stitutionnel de l’Empire. C’est en vain qu’ils pourraient dire que l’empereur Alexandre n’a pas reconnu la réunion de Hambourg. Je n’avais pas reconnu la réunion de la Lithuanie, et cependant l’em­pereur Alexandre n’aurait pas voulu entendre à la cession de quelques points de ce territoire lorsque je l’occupais. Pourquoi me croirait-il ici moins de délicatesse et d’énergie? En nous donnant Hambourg, etc., par l’armistice, on arracherait ces malheureuses villes aux angoisses auxquelles elles sont en proie, et ce serait même une manière fort honorable de s’en tirer, si toutefois ces villes ne sont pas déjà occu­pées par nous.

Je vous envoie le dernier paquet que je reçois du prince d’Eckmühl ; vous y verrez l’état des choses de ce côté. Une batterie de mortiers était établie dans les îles. Le prince d’Eckmühl avait trois divisions d’infanterie, et, le 25, un conseil s’est tenu chez le prince, où se sont trouvés M. de Kaas, ministre de l’intérieur, qui vient auprès de moi comme envoyé extraordinaire, et les officiers danois. On avait déjà les ordres de la cour de Danemark pour que toute l’armée da­noise qui était dans le Holstein marchât avec l’armée française. Il est donc probable que Hambourg est pris ou assiégé. Je ne puis donc pas stipuler pour la rive gauche de l’Elbe : 1° parce que je sais maître de Hambourg; 2° parce qu’il serait déshonorant et contraire aux prin­cipes de nos constitutions de stipuler aucun armistice qui laisse l’ennemi sur notre territoire, tandis que nous nous trouvons sur le territoire étranger. Mais un biais tout simple, c’est de faire finir l’armistice aux limites de la 32e division, entre Lüneburg et Boitzenburg, et de laisser aller les choses sur le bas Elbe. Comme il y a un mois de marche d’ici là pour l’une et l’autre armée, on ne peut pas craindre qu’on fasse des détachements de ce côté; c’est donc réellement un autre théâtre.

Quant à la durée de l’armistice, vous ferez remarquer qu’il est difficile en un mois de négocier la paix ; que deux mois paraissent nécessaires, d’autant plus que depuis la signature de l’armistice il se passera au moins cinq à six jours avant qu’on ait nommé les plénipo­tentiaires. Vous devez donc proposer de mettre deux mois. S’ils ne veulent pas, il faudrait accorder six jours comme ils le proposent pour dénoncer l’armistice et quinze jours pour commencer les hos­tilités. Vous ferez connaître que les quinze jours permettront de disséminer les troupes, et par là d’être moins à charge au pays, puisque l’on aura toujours le temps de les réunir. Il faudra stipuler que les quinze jours devront compter du moment où la notification en aura été faite au quartier général du général commandant l’armée, et où on en aura tiré reçu.

Ainsi donc, je désire que vous rédigiez l’armistice en trois parties :

1° L’armée ici où nous nous trouvons, dont la ligne sera déter­minée par les points qu’occuperont les avant-postes au moment de l’échange des pleins pouvoirs;

2° L’armée qui couvre Berlin, où l’armistice sera déterminé par la ligne qu’occuperont les deux armées au moment de la signature de l’armistice;

3° La rive gauche de l’Elbe, qu’on évacuera en même temps que la rive droite de l’Oder;

4° Enfin le territoire français ou la 32e division, où on laissera continuer les choses comme elles sont.

Il sera convenable qu’après avoir bien expliqué cela vous le met­tiez par écrit, afin que les plénipotentiaires l’envoient à leur quartier général et qu’on en délibère. La justice de ces propositions est trop évidente pour que l’empereur Alexandre n’y consente pas. Si on ne veut pas accorder le léger avantage d’envoyer des lettres tous les dix jours aux garnisons, renoncez-y. Mettez seulement qu’on ne fera aucun ouvrage à la portée du canon, et qu’il y aura un commissaire français près l’armée de blocus pour l’approvisionnement de la garnison.

Je n’ai pas besoin de vous dire que, s’ils veulent stipuler pour la deuxième partie de l’armistice, j’adopte les bases que vous proposez, c’est-à-dire l’évacuation de la Saxe, y compris celle du pays de Dessau ; mais ceci doit être le résultat. Le moyen d’y arriver doit être d’en faire un article à part.

Vous direz un mot de la Norvège; vous ferez connaître que le prince héréditaire de Danemark s’est rendu dans ce pays, et vous de­manderez si l’empereur Alexandre ne jugerait pas de sa générosité, pour une nation qui lui a été toujours attachée, que l’armistice s’é­tendît à la Norvège; mais cette question accidentelle est tout à fait hors de ligne.

Neumarkt, 1er juin 1813, trois heures après midi.

Au général Caulaincourt, duc de Vicence, ministre plénipotentiaire, à Eckersdorf.

Monsieur le Duc de Vicence, je n’ai point de lettres de vous de­puis celle de trois heures après minuit. Je vous ai réexpédié le même officier pour vous annoncer les pleins pouvoirs du prince de Neuchâtel. Le prince de Neuchâtel vous a envoyé ses pleins pouvoirs par un de ses officiers et peu de temps après je vous ai expédié mon officier d’ordonnance Desaix, avec une longue lettre de moi. Comme je vais monter à cheval pour me porter sur la route d’Eisendorf, j’espère y trouver de vos nouvelles. Je désire être instruit sur-le-champ, aussitôt que vous aurez échangé vos pleins pouvoirs et qu’on aura donné de part et d’autre l’ordre de cesser les hostilités.

Vous sentez l’importance que je sois instruit de cela, parce que, s’il n’y avait pas suspension des hostilités, il y aurait des dispositions militaires à faire pour la journée de demain. Je suppose aussi que, si vous entendiez le canon du côté de Jauer, vous m’en instruiriez.

Actuellement que nous sommes bien en possession de Breslau, si l’on pouvait admettre Breslau en compensation de Hambourg, il me semble que cela finirait tous les différends et tout se trouverait ar­rangé. Il faudrait avoir soin alors que la ligne de démarcation passât sur le couvent de Liegnitz, pour former une position militaire, et passât à une lieue des deux petites villes de Goldberg et de Lœwenberg. Il me semble que j’évacuerais un bien grand espace de pays depuis Breslau jusqu’à une lieue de Liegnitz pour compensation de Hambourg, qui peut-être, dans ce moment même, est dans ma pos­session. D’après les renseignements que j’ai reçus, il parait que ce sont les Suédois qui doivent se rendre du côté de Hambourg.

Je vous recommande toujours de préparer quelque ouverture di­recte. Je désire la paix, je la désire solide, mais il faut qu’elle soit négociée et honorable. C’est spécialement sous ce point de vue que j’attache de l’importance à un armistice. Je n’ai rien à vous répéter sur la longueur de l’armistice : je le voudrais de deux mois, afin d’avoir un temps raisonnable pour discuter et signer la paix.

  1. S. Je viens de recevoir les députés de Breslau ; le bourgmestre était à leur tête. Il paraît que les autorités principales sont restées dans la ville; elles en ont obtenu la permission du roi. Il serait fâ­cheux de perdre par l’armistice cette ville, à moins que ce ne fût pour terminer les affaires de Hambourg.

 

Neumarkt, 1er juin 1813.

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan.

On négocie dans ce moment une suspension d’armes de six semaines ; je vous ferai connaître demain si elle a réussi ; j’ai débloqué Glogau; je suis à Breslau.

Bubna est arrivé à Liegnitz ; il a eu une conférence avec le duc de Bassano. La maison d’Autriche parait fort exigeante; il faut s’attendre à la guerre avec elle. Retenez les conscrits qui devaient venir ici.

Faites rejoindre en Italie les cadres des six bataillons qui sont à Augsburg. Retenez l’artillerie, les chevaux, les cavaliers; retenez tout en Italie. Sortez de Milan ; voyez vous-même vos troupes et or­ganisez-vous. Approvisionnez Palmanova, Osoppo, Raguse, Zara, et mettez-vous en état. Retenez le 19e de chasseurs. Laissez passer le 13e et le 14e de hussards, parce que ce sont des Italiens qu’il est bon de dépayser. Faites comme si vous deviez être attaqué à la fin de juin par l’Autriche. Écrivez secrètement au roi de Naples dans ce sens. Aussitôt que vous aurez votre armée à Vérone, vous serez en mesure de la porter sur Laybach. Combien d’hommes pensez-vous avoir à la fin de juin? Aurez-vous à cette époque cent vingt pièces d’artillerie attelées?

Cette lettre contient tout. Agissez en conséquence. Ne perdez pas un moment.

 

Neumarkt, 2 juin 1813.

Au général Caulaincourt, duc de Vicence, ministre plénipotentiaire, à Fleischwitz

Monsieur le Duc de Vicence, le prince de Neuchâtel a été chargé de vous faire connaître mes intentions. J’espère que vous finirez enfin cette nuit. Faites en sorte que le pays neutre comprenne non-seule­ment ce que nous occupons, mais aussi quelque chose de ce qu’oc­cupent les armées russes. Il faut stipuler que l’on nommera des commissaires de part et d’autre pour veiller à l’exécution des stipu­lations. Ayez soin de comprendre bien mes principes et de vous montrer très-scrupuleux dans la rédaction de ce qui est relatif à Hambourg. Cela a pour but de faire sentir l’importance que j’attache à ce qui est constitutionnellement réuni à l’Empire.

Faites aussi en sorte que la notification de l’armistice aux places de Danzig, Modlin, Zamość, Stettin et Küstrin soit envoyée par un of­ficier français et un officier russe ; que l’officier puisse entrer dans la place, y donner des nouvelles, en recevoir qui me mettent bien au fait de la situation de la place, et veiller à l’exécution des stipulations. Faites connaître que les vivres doivent être donnés par l’ennemi, sauf le compte de payement qui en sera fait, par liquidation, au quartier général français. Ne stipulez point qu’on ne fera pas de travaux dans les places; cela serait absurde et nous obligerait à re­cevoir dans nos places un inspecteur russe, ce qui est impossible. Il est fort simple qu’une place fasse ce qu’elle peut pour se mettre en état; il est tout simple également que, pendant l’armistice, on ne fasse pont de travaux sous le canon des places. Il vaudrait mieux ne pas parler de cette circonstance de faire des travaux, s’il devait en résulter qu’on  n’en ferait pas dans les places.

N’oubliez pas qu’il soit nommé une commission pour veiller à l’exécution de l’armistice. Cette commission pourrait se tenir à Breslau ; on y enverrait de part et d’autre les plaintes qu’on pourrait avoir à former sur la non-exécution des articles convenus et sur tous les différends qui seraient survenus.

Surtout soignez bien la ligne de démarcation aux environs de Liegnitz.

  1. S. Je vous ai mandé de rectifier la ligne en conservant Jauer, et de manière à nous donner Hirschberg, qui est une bonne ville; faites comprendre Striegau dans le pays neutre. Faites en sorte qu’avant minuit je sache à quoi m’en tenir. La suspension d’armes en ce moment est tout en faveur de l’ennemi.

 

Neumarkt, 2 juin 1813

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Vous verrez, par les nouvelles du Moniteur, qu’on négocie pour un armistice. Il serait possible qu’il fût signé aujourd’hui ou demain. Cet armistice arrête le cours de mes victoires. Je m’y suis décidé par des raisons : mon défaut de cavalerie, qui m’empêche de frapper de grands coups, et la position hostile de l’Autriche. Cette cour, sous les couleurs les plus aimables, les plus tendres, je dirais même les plus sentimentales, ne veut rien moins que me forcer, par la crainte de son armée réunie à Prague, à lui restituer la Dalmatie et l’Istrie, et même au-delà de l’Isonzo. Elle veut de plus la vive gauche de l’Inn et le pays de Salzburg, et enfin la moitié du Grand-duché de Varsovie, en donnant l’autre moitié à la Prusse et à la Russie. Elle espère arriver à ces avantages par la seule présence d’une centaine de mille hommes et sans hostilités réelles.

L’armistice sera, je pense, pour tous les mois de juin et de juillet, et j’espère que, dans les premiers jours de juillet, le vice-roi pourra camper à Laybach avec 60,000 hommes et cent pièces d’artillerie, et que les cinq divisions du corps d’observation de Mayence, avec les deux divisions de la jeune Garde, ce qui fait sept divisions, pourront se porter sur la Regnitz et au camp de Pirna, et qu’ainsi l’Autriche verra que j’ai 150,000 hommes à lui opposer.

Je compte porter d’abord mon quartier général à Glogau, et ensuite je me rendrai de ma personne à Dresde, afin d’être plus près de la France et de l’Italie, et pouvoir, avant que de jeter le gant, réunir mes troupes sur la Regnitz, au camp de Pirna et au camp de Laybach.

Communiquer la substance de cette lettre au ministre de l’admi­nistration de la guerre, et redoublez d’efforts pour que l’artillerie, la cavalerie et l’infanterie marchent dans les diverses directions que j’ai ordonnées. Si je le puis, j’attendrai le mois de septembre pour frapper de grands coups. Je veux être alors en position d’écraser mes ennemis, quoiqu’il soit possible que, lorsqu’elle me verra en état de le faire, l’Autriche se serve de son style pathétique et sentimental pour reconnaître la chimère et le ridicule de ses prétentions. J’ai voulu vous écrire cette lettre pour que vous connaissiez bien ma pensée une fois pour toutes, et que vous vous entendiez avec le ministre de l’administration de la guerre pour bien organiser mon armée d’Italie et celle de Mayence. Si vous avez à me parler de ces matières dans votre correspondance, il faut que ce soit en chiffre.

Faites-vous rendre compte par le général Caffarelli de tout ce qui est prêt à partir dans la Garde ; et que tout parte à mesure que cela sera habillé, cavalerie, infanterie et artillerie : l’artillerie surtout, car c’est l’artillerie de ma Garde qui décide la plupart des batailles, parce que, l’ayant toujours sous la main, je puis la porter partout où il est nécessaire.

 

Neumarkt, 3 juin 1813

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, À Milan :

Je vous ai envoyé hier un courrier extraordinaire. Je vous en envoie un second aujourd’hui, et je vous en enverrai un troisième dès que l’armistice sera signé.

Je ne dois pas vous dissimuler que ce qui me porte à arrêter le cours de mes victoires, ce sont les armements de l’Autriche et le désir de gagner du temps pour que votre armée paisse être campée à Laybach, et avoir deux armées, l’une campée sur la Regnitz et l’autre au camp de Pirna. L’insolence de l’Autriche n’a pas de terme: avec un style mielleux, je dirais même sentimental, elle voudrait m’ôter la Dalmatie, l’Istrie et peut-être même plus que jusqu’à l’Isonzo ; elle voudrait démembrer la frontière de Bavière, reprendre la rive gauche de l’Inn, recouvrer la partie de la Galicie qu’elle a cédée par la paix de Vienne. Ce sont des insensés, et ils sont bien loin de leur compte. Il est impossible d’être plus perfide que cette cour. Si on lui cédait ce qu’elle demande maintenant, elle voudrait ensuite l’Italie et l’Allemagne. Certainement elle n’aura rien de moi. Après la signature de l’armistice, je porterai mon quartier général à Glogau; immédiatement ensuite je me rapprocherai, de ma per­sonne, de Dresde pour être plus à la portée de mes États d’Italie et de France. Il sera alors convenable d’établir une estafette par Vérone, de Milan à Dresde, pour que vous puissiez communiquer avec moi et recevoir mes ordres avec la plus grande promptitude. J’espère que l’armistice se tiendra jusqu’au 1er août, et j’espère aussi que, dans les premiers jours de juillet, vous pourrez être campé à Laybach avec 50,000 hommes et cent pièces d’artillerie. Cela est nécessaire pour influer sur les négociations, si toutefois elles doivent aller à bien, ce dont je doute; mais ce qui ne sera possible que moyennant la position de votre armée menaçant de marcher sur Vienne, et la position de l’armée de Mayence sur la Regnitz et au camp de Pirna, que je compte aller reconnaître moi-même. Lorsque l’Autriche verra ainsi trois armées prêtes à lui être opposées, elle commencera à ouvrir les yeux sur la folie et le ridicule de ses prétentions.

 

Neumarkt, 3 juin 1813, six heures et demie du matin.

Au général Caulaincourt, duc de Vicence, ministre plénipotentiaire, à Fleischwitz

Monsieur le Duc de Vicence, le major général vous a fait connaître mes intentions ; j’espère donc, à neuf ou dix heures, savoir à quoi m’en tenir. Il ne faut pas se dissimuler que cet armistice, tel que je le propose dans mon ultimatum, n’est pas honorable pour moi. Pour­quoi, en effet, abandonner pour un armistice de six semaines un pays de l’importance de Breslau ? C’est moi qui abandonne tout, l’ennemi rien. Le duc de Reggio couvre la Saxe; l’ennemi n’y a que des patrouilles; occuperait-il quelques villages de la Saxe, cela peut-il entrer en comparaison avec les plus beaux pays du monde et la ville la plus grande de ce pays ? L’ennemi voudrait-il m’humilier en me chassant, par un armistice, d’une ville dans laquelle je suis entré par le résultat de la bataille ? Lorsque je consens à l’abandonner, et que je neutralise cette ville, j’accorde tout ce que l’honneur peut accorder, et ce qui est contraire au statu quo.

Quant à ce que les plénipotentiaires disent que l’ennemi a sur la rive gauche de l’Elbe : le duc de Padoue est à Leipzig avec 30,000 hommes.

Il faudrait donc que l’ennemi fût absurde pour cacher de l’autre côté de l’Elbe autre chose que des partisans et des corps francs.

Dites-leur donc, en rompant, que c’est dans le seul désir de la paix que j’ai consenti à un armistice aussi désavantageux, et par pure cajolerie j’ai consenti à abandonner la capitale de la Silésie; dites-leur qu’avant huit jours je serai à Berlin ; qu’ils ne seront pas plus heureux dans la bataille qui va avoir lieu que dans les deux précé­dentes, et qu’enfin ils auront montré, au lieu de dispositions paci­fiques , qu’ils ne voulaient que m’amuser et gagner quelques jours, puisque aucun intérêt qu’un intérêt de vanité ne peut les porter à de­mander Breslau. En effet, si la paix ne se fait pas, et si l’armistice vient à se rompre, les armées alliées se trouvent à une demi-marche de Breslau, et l’armée française à deux marches ; il est clair par-là que, militairement parlant, Breslau leur appartient.

Quant au délai de l’armistice, le terme proposé est une insulte. Ne dirait-on pas que je suis dans une place assiégée, et comment souf­frez-vous qu’on emploie de pareils termes vis-à-vis de vous ? Je veux un armistice, mais je le veux en homme d’État et en souverain ; je vou­lais l’armistice avant la bataille de Wurschen comme je le veux après. Mais veut-on y mettre un terme ? Il faut que ce terme donne le temps de commencer et de finir la négociation. Nous sommes aujourd’hui au 3 juin, l’armistice ne sera pas ratifié avant le 5; avant le 10 on ne sera pas d’accord sur la manière de négocier; du 10 juin au 20 juillet il n’y a que quarante jours pour négocier et conclure. Nous avons employé dix-huit jours à Tilsit; les souverains étaient en pré­sence; ils se voyaient trois fois par jour; ici les souverains sont éloignés, et la négociation est bien autrement compliquée. Je veux négocier la paix et non la recevoir comme une capitulation. Les en­nemis se trompent s’ils espèrent qu’il en sera différemment que par le passé. L’expérience leur a prouvé qu’ils s’étaient trompés con­stamment. Prévenez-les qu’ils seront battus à la prochaine bataille; que je resterai maître de Breslau, où j’aurai de bons cantonnements ; que je resterai maître de Berlin ; que j’ai avec moi et derrière moi des forces telles que rien ne peut m’empêcher d’arriver de tous les côtés sur l’Oder; que je ne fais aucun cas de tout le terrain qu’ils me donnent, et que je comprends très bien que c’est moi qui donne tout; qu’enfin j’ai été jusqu’aux limites de ce que l’honneur ne permettait de faire.

 

Neumarkt, 3 juin 1813,

A M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Paris

Nous sommes en discordance pour l’armistice. Les Ruses veulent se placer à Breslau, et moi je veux que Breslau soit neutre. Je vou­drais que l’armistice durât jusqu’au 20 juillet eux tondraient qu’il expirât le 5, la différence se réduit là. Signera-t-on ? c’est un pro­blème.

Faites part de cette négociation à M. de Bubna. Faites-lui connaître l’incertitude et la différence où nous sommes : qu’après que j’ai consenti à évacuer Breslau par amour de la paix, les Russes veulent l’occuper, et que,  comme on en fait au quartier général fran­çais une affaire d’amour-propre et d’honneur, il est douteux que nous l’accordions ; que dans tous les cas il est convenable que vous et M. de Bubna vous vous rendiez à Dresde, parce que, si les hostilités devaient recommencer, je changerais ma ligne d’opération. Je désire donc que vous partiez ce soir; vous marcherez toute la nuit avec une escorte que vous donnera le général Marchand et vous continuerez, pareillement escorté, jusqu’à Dresde. C’est là votre place; c’est là que vous traiterez avec M. de Bubna; c’est là que vous me serez utile comme centre de correspondance, et c’est là que vous devez arrêter tous les ministres et agents diplomatiques qui voudraient se rendre auprès de moi. Si l’armistice se conclut, je me rendrai de ma personne à Dresde, pour être plus rapproché, laissant l’armée dans les cantonnements. Je pense donc que vous partirez aujourd’hui à six heures du soir pour Bunzlau.

Ayez un air de confiance en disant tout cela à M. de Bubna. Il comprendra très bien ce qu’est le changement de ligne d’opération que je me propose. Je veux me rapprocher de Breslau, en prenant cette ville pour base d’opération, et en prenant ma ligne de communication par la rive droite sur Glogau, où j’ai beaucoup de munitions. Vous demanderez, à Bunzlau, la moitié du bataillon qui s’y trouve pour vous escorter, et ainsi de suite jusqu’à Dresde.

Vous mènerez avec vous M. de Bubna. Prévenez de cela le général Marchand, qui recevra demain, à la pointe du jour des ordres, et dîtes-lui qu’il se tienne très militairement.

Si vous avez des nouvelles du duc de Reggio, qui était le 29 à Hoyerswerda, communiquez-les-moi ; il y a plusieurs jours que je n’en ai reçu. Le duc de Bellune marche sur Sagan, d’où il manœu­vrera entre Berlin et l’Oder. Je réunis une réserve à Leipzig, sous les ordres du duc de Padou, afin de réprimer les courses des par­tisans ennemis, ainsi que celles des corps- francs dans le genre de celui de Schill. Le duc de Bellune mène avec lui une division de cavalerie légère, et le général Sébastiani vient les rejoindre avec ses trois autres divisions. Voilà la situation des affaires.

Écrivez-moi de tous les points où vous passerez, et arrivez le plus promptement possible à Dresde.

Vous ferez facilement comprendre à M. de Bubna que, si l’armistice n’est pas signé et que l’ennemi n’évacue pas Schweidnitz, en se retirant sur Glatz et Neisse il y aura bientôt une affaire et que nous marcherons demain.

Arrangez-vous de manière que l’estafette qui partira ce soir d’ici ne vous passe point; elle vous portera des lettres, qui vous feront connaître l’état définitif des choses.

 

Neumarkt, 3 juin 1813.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Neumarkt

Mon Cousin, vous écrirez au duc de Vicence que ce que je lui ai mandé hier est mon ultimatum, et qu’en conséquence il rompra la négociation si on n’accorde pas l’armistice jusqu’au 20 juillet, avec six jours pour le dénoncer en sorte que les hostilités ne puissent recommencer avant le 26 juillet; il la rompra également si la ligne de neutralité ne passe pas par la ville de Breslau, cette ville restant neutre, c’est-à-dire qu’elle ne soit occupée par aucun quartier général ni troupes françaises, ni par aucun quartier général, troupes, landwehr ou landsturm des troupes alliées. J’espère que tout cela sera terminé à huit ou neuf heures ce matin, et que je saurai à dix heures à quoi m’en tenir. Le duc de Vicence leur dira que, quant au pays qu’ils préfèrent céder ailleurs, ils ne cèdent rien ; c’est moi qui cède tout ; mais, en supposant que les alités occupent deux ou trois villages en Saxe ou du côté de l’Elbe, il m’est indifférent que ces villages soient neutres.

Si la négociation était rompue, il serait nécessaire que des officiers russes et français partissent en même temps, expédiés par les pléni­potentiaires , pour parcourir ensemble et de concert le front de la ligne afin de faire connaître la rupture de la suspension d’armes, et convenir de l’heure de la reprise des hostilités afin qu’il ne puisse y avoir ni malentendu ni louche là-dessus. Le duc de Vicence fera sen­tir combien cela est important, afin que la confiance réciproque reste entière pour d’autres circonstances.

 

Neumarkt, 3 juin 1813, deux heures et demie après midi.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Neumarkt.

Mon Cousin, donnez ordre au duc de Bellune de partir avec son corps d’armée le plus tôt possible et de se diriger en grande marche sur Sagan, d’où il manœuvrera pour se réunir au duc de Reggio pour tomber sur le flanc gauche du général Bülow, qui doit être vis-à-vis le duc de Reggio, entre Hoyerswerda et Luckau. Il semblerait que le duc de Bellune pourrait venir de Sagan sur Forste, et manœu­vrer alors selon les circonstances. Le duc de Bellune aura avec lui une des divisions légères du général Sébastiani, de manière qu’il ait un millier de chevaux.

Donnez ordre au général Sébastiani de se porter avec le reste de sa cavalerie demain par Parchwitz sur le chemin de Neumarkt à Schweidnitz, du côté d’Eisendorf ou de Moys. Vous lui donnerez ordre de donner une division de cavalerie légère de 1,000 chevaux au duc de Bellune.

Faites part de ces dispositions au général Durosnel. Écrivez-les en chiffre au duc de Bellune et au duc de Reggio par deux ou trois exprès. Recommandez au duc de Bellune et au duc de Reggio, une fois qu’ils seront réunis, de tâcher de se diriger sur Berlin. Recom­mandez au duc de Bellune de tenir toujours la droite du duc de Reggio du côté de l’Oder.

 

Neumarkt, 3 juin 1813.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Neumarkt.

Mon Cousin, donnez ordre au général Durosnel de former quatre colonnes, chacune de 150 hommes d’infanterie et 100 de cavalerie, pour poursuivre les partisans ennemis qui se trouvent en Saxe. Il atta­chera à chacune de ces colonnes des officiers saxons pour la diriger. Des fonds seront fournis aux commandants des colonnes pour les dépenses secrètes. On aura soin de ne pas y employer de Westphaliens, à moins qu’on ne puisse être assuré qu’ils ne déserteront pas.

 

Neumarkt, 3 juin 1813.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Neumarkt.

Mon Cousin, le commandement du duc de Castiglione s’étendra sur Bamberg, Bayreuth et toute la Regnitz. Ce maréchal aura l’in­spection de Kronach, de Forchheim et des autres places de celte ri­vière. Les duchés de Saxe-Cobourg et de Saxe-Meiningen seront dans son commandement. Le corps d’observation de Mayence sera sous ses ordres.

Le général Pernety commandera son artillerie.

Le ministre de l’administration de la guerre lui nommera un ordon­nateur, et le ministre de la guerre un commandant du génie.

Il se concertera avec la cour de Bavière par l’intermédiaire de mon ministre, et aussitôt qu’il aura 6,000 hommes réunis à Francfort il portera son quartier général à Würzburg. Le roi de Bavière mettra sous ses ordres la portion des troupes qu’il destine à observer ses frontières, sur la rive gauche du Danube.

Toutes ces dispositions resteront secrètes.

Vous en écrirez au roi de Bavière. Je pense qu’il sera nécessaire qu’il forme également sur l’Inn, à Passau, un corps d’observation, de manière qu’il soit vu, mais cependant qu’il ne soit pas trop me­naçant.

 

Neumarkt, 3 juin 1813.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Neumarkt.

Mon Cousin, faites connaître au duc de Castiglione que mon intention est qu’on travaille avec activité à la forteresse de Würzburg; qu’elle soit fortement approvisionnée, et que les portes de la ville soient organisées de manière que la garnison y soit à l’abri des troupes légères.

Il faut que le duc de Castiglione se fasse rendre compte de la situation de Kronach et des forts de la Regnitz, Tout cela doit être armé et approvisionné.

Qu’il corresponde activement avec le ministre de la guerre pour faire arriver ses généraux de division et de brigade et ses comman­dants d’artillerie et du génie, afin d’organiser promptement son corps.

Je désirerais qu’il pût porter son quartier général à Würzburg du 15 au 20 juin, et commencer d’avoir autour de lui la tête de quatre divisions, qui, selon ce que m’annonce le ministre de La guerre, seront tout à fait arrivées à Mayence dans le courant de juin.

Comme je suppose que le roi de Bavière mettra sous les ordres du duc de Castiglione la division qu’il destine à garder sa gauche, ce sera en tout cinq divisions, et au moins 50,000 hommes.

 

Neumarkt, 3 juin 1813.

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

La bataille de Lützen et celle de Wurschen nous ont coûté 40,000 fusils; j’estime que nous en avons besoin au moins de 30,000; il faut en diriger 15,000 sur Erfurt et 15,000 sur Dresde.