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Combats d’Essling – Histoire du Consulat et du Premier empire

21 mai 1809

Essling en 1809
Essling en 1809

L’échec de la cavalerie française au centre de la ligne autrichienne est l’occasion de la première attaque autrichienne sur Essling. Il est 5 heures de l’après-midi. Trois attaques vont se succéder, qui, mal coordonnées, sont vouées à l’échec. Cobourg, au nord, Dedovitch et Klenau au nord-ouest, Reuß au niveau du cimetière: les trois échouent face au feu de la grange, qui s’avère, déjà, une défense pratiquement imprenable.

Girault:

« J’étais monté au grenier d’un bâtiment fort élevé, qui servait de magasin de grains. De là je découvrais tout le champ de bataille. Je pus constater que l’ennemi avait des forces bien plus considérables que les nôtres…….Comme les boulets menaçaient de venir me trouver dans mon observatoire, je m’empressai de descendre. Je trouvai, en sortant, un bataillon qui venait occuper la maison. Il se livra là un terrible combat qui ne fût pas à notre avantage. Au bout de deux heures, le bataillon fut obligé d’abandonner sa position après avoir fait des pertes considérables… »

Lannes lance alors, entre les maisons en flammes, la cavalerie (Espagne, Bessières – lequel, placé par Napoléon sous les ordres de Lannes, n’appréciera pas l’ordre de « charger à fond », considérant que personne n’avait le droit de lui donner un tel ordre.) à la poursuite des Autrichiens. Ces derniers se regroupent bien, et, attendant le dernier moment pour faire feu, repoussent l’attaque française. Leur cavalerie les soutient et bientôt c’est une formidable mêlée, au cours de laquelle Espagne est mortellement blessé, Bessières manquant d’être fait prisonnier par des uhlans.

Les cavaliers d'Espagne chargeant.
Les cavaliers d’Espagne chargeant.

La contre-attaque des chevau-légers du prince Henri de Württemberg permet de le dégager, mais, malgré 9 attaques successives ne parvient pas à disperser les fantassins, notamment ceux du régiment Reuß-Greitz, qui, à la tombée de la nuit, restent maîtres du cimetière.

Pourtant, à 21 h 30, nouvelles attaques des Autrichiens, à chaque fois repoussées par Lannes, dans un va-et-vient impressionnant, chaque côté prenant à tour de rôle l’avantage. Seule la nuit, aux alentours de 23 heures, interrompt les combats, les belligérants occupant des positions très voisines (dans le même temps, une attaque autrichienne le long du Stadler Arm est repoussée, avec l’aide des batteries situées dans la Lobau.)

Les Français, grâce à la maîtrise de Lannes, sont restés maîtres du terrain, et ont ébranlé des autrichiens agissant sans grande concertation.

22 mai 1809

Bataille d'Essling - 22 mai 1809
Bataille d’Essling – 22 mai 1809

Ici aussi, la nuit a été courte. Dès 3 h 30, Lannes passe de nouveau à l’attaque, sous la protection de l’artillerie qu’il a fait avancer, et en profitant du brouillard. Les autrichiens reculent, mais réagissent aussitôt et reprennent une partie du village. L’infanterie de Reuß-Greitz, qui s’était retirée du cimetière, est assaillie sous une pluie de boulets qui font d’énormes ravages dans ses rangs. Après une série d’attaques et de contre-attaques, Lannes réussi à faire reculer la gauche autrichienne jusqu’à Groß-Enzersdorf.

Il est 7 heures. Napoléon, qui à cet instant est informé que les ponts sont de nouveau prêts à faire passer des renforts, et voyant la gauche autrichienne fortement étirée, se décide à ce qui doit, selon lui, décider de la bataille: l’attaque massive du centre autrichien, entre Aspern et Essling (là où se trouvent aujourd’hui les usines Opel) .

C’est l’infanterie de Saint-Hilaire, à droite, et les grenadiers d’Oudinot à gauche, appuyés par 150 canons et les cuirassiers de Bessières, qui en sont chargés. Mais la ligne autrichienne n’est pas rompue. Au contraire, avec une extrême bravoure, les autrichiens contiennent les français, qui sont obligés de s’arrêter, sous le feu des batteries autrichiennes.

Pour faire la décision, Lannes ordonne une charge de cavalerie, qui réunie pas moins de 5000 cavaliers. Le centre autrichien plie, la ligne autrichienne est sur le point de se rompre. Pourtant, la bravoure de l’archiduc Charles, arrivé sur les lieux, ravive le courage de ses soldats, qui ramènent leur infanterie sur le flanc des français.

Il est 9h. Lannes envoie un aide de camp (le chef d’escadron César de Laville) réclamer du renfort. Celui-ci arrive auprès de Napoléon juste au moment où ce dernier est informé d’une nouvelle rupture des ponts (le général Pernetty et de nombreux sapeurs ont été emportés par les flots). Ordre est donné d’interrompre l’attaque du centre autrichien, réservant l’effort sur la gauche, à Aspern.

Vers midi, une nouvelle attaque des Autrichiens est lancée sur Essling, par les grenadiers d’Aspre. Les combats sont très violents, causant de nombreuses pertes de part et d’autre (les généraux Pouzet et Saint-Hilaire sont mortellement touchés). A trois heures, en dépit de cinq attaques successives, seule la grange (où le 93 e de ligne tient bon) est encore aux mains des français

Une contre-attaque menée par les généraux Mouton et Rapp, à la tête de deux bataillons de la Jeune Garde, permet l’impossible: les autrichiens, pris également sous le feu des occupants de la grange, sont repoussés d’Essling et reculent jusqu’à Groß-Enzersdorf, subissant de très lourdes pertes (le bataillon Kirchenbetter, sur ses 600 hommes, n’en a plus que 46 de valide ! ).

Savary:

« L’Empereur donna l’ordre à son aide de camp, le général Mouton, de prendre la brigade des fusiliers de la Garde et d’attaquer sur le champ. Le général Mouton, qui avait bien jugé de l’importance de son succès, ne perd pas un moment, se met lui-même à la tête des fusiliers et les fait entrer au pas de charge dans le village d’Essling, sans s’occuper du nombre de troupes auquel il avait à faire, et il importe le village où l’on se maintint jusqu’à ce qu’on eut l’ordre de l’évacuer. Ce coup de vigueur nous donna les moyens de faire notre retraite. Ce brave général Mouton, grièvement blessé, fut forcé de quitter le champ de bataille, mais ne le voulut pas faire avant que la retraite de toute la gauche ne fût assurée. »

de Castellane:

« Le général Mouton fut envoyé à trois heures dans Essling. Il repoussa sept fois, avec 2 000 fusiliers de la Garde, le choc de dix-sept bataillons hongrois; blessé d’une balle à la main, cet officier général fit retirer les fusiliers après avoir reconnu l’impossibilité de se maintenir dans ce village. »

Rapp:

« Je fus chargé de prendre deux autres bataillons de la jeune garde et de voler au secours des nôtres; je devais les dégager, faire retraite avec eux (..) Je me mis à la tête de mes deux bataillons et j’entrai dans le village: je disposai mes troupes en arrière du général Mouton, et fus lui porter les ordres de l’empereur: mais toute la réserve ennemie, conduite par l’archiduc Charles, se déployait à quelques pas. < Vous avez > dis-je au comte Lobau, < étonné ces masses par votre résistance; abordons-les à la baïonnette, rejetons-les sur les colonnes qui s’avancent: si nous réussissons, l’empereur et l’armée nous sauront gré du succès; si nous sommes malheureux, la responsabilité reposera sur moi. – Sur nous deux > reprend le général. Nos cinq bataillons s’ébranlent, culbutent, dispersent tout à coups de baïonnettes: nous sommes maîtres du village. L’archiduc cherche en vain à le reprendre: cinq fois il ramène ses troupes à la charge, cinq fois il est défait; nous lui fîmes éprouver une perte immense (..) Napoléon fut enchanté de cette affaire; il me dit des choses flatteuses, et ajouta: < Si jamais tu as bien fait de ne pas exécuter mes ordres, c’est aujourd’hui; car le salut de l’armée dépendait de la prise d’Esslingen >. »

A 4 heures de l’après-midi, les combats s’arrêtent sur l’aile droite française, l’archiduc Charles ayant donné l’ordre à Bellegarde et Hohenzollern de se retirer. C’est à peu près à cette heure là que Lannes, qui se rendait vers le pont de la Lobau, est touché par un boulet qui lui brise les deux genoux. Il sera transporté à Kaiser-Ebersdorf, mais mourra de ses blessures le 31 mai.

Napoléon peut respirer, et surveiller le retrait de son armée dans l’île de la Lobau.

De Castellane:

« A quatre heures, Sa Majesté repassa le premier bras du Danube »

Savary:

« L’Empereur ordonna la retraite et la dirigea lui-même en restant au milieu d’une canonnade à laquelle nous ne répondions plus; elle devenait plus incommode à mesure que nous nous retirions sur le pont qui communiquait à l’île de Lobau, lequel faisait le centre d’un cercle dont l’artillerie ennemie occupait la circonférence. »

Au maréchal Davout, duc d’Auerstaedt, commandant le 3e corps de l’armée d’Allemagne – Vienne

Au bivouac sur le Danube, 21 mai 1809, neuf heures du soir.

Les ponts s’étant rompus, on a perdu du temps. L’ennemi a attaqué avec toutes ses forces, et nous n’avions que 20000 hommes de passés. L’affaire a été chaude. Le champ de bataille nous est resté.

Il faut nous envoyer ici tout votre parc, le plus de munitions possible, Envoyez ici le plus de troupes que vous pourrez, en gardant celles qui sont nécessaires pour garder Vienne. Envoyez nous aussi des vivres.

Faîtes venir, en échelons, de Saint-Pölten, ce qu’il faudra pour garder Vienne.

Le prince de Neuchâtel, major général.

Ce n’est que le soir, après s’être assuré que le repli dans la Lobau s’est effectivement achevé, que Napoléon va rejoindre la rive droite du Danube.

Lejeune:

« A dix heures du soir, le prince major-général me chargea d’aller au grand bras du Danube, faire préparer une barque pour assurer le passage de l’Empereur jusqu’à la rive droite…..

Le meilleur des bateaux fut en peu de temps armé de quatorze rameurs, d’un ou deux pilotes et de quelques bons nageurs pour le cas d’accident et je revins chercher le prince pour lui annoncer que tout était prêt. Dans cette nuit, l’une des plus noires que j’ai vues, je marchais à tâtons et portant les mains en avant de peur de heurter un arbre lorsque, arrivé peut-être à la moitié du trajet, je touchai quelqu’un qui usait des mêmes précautions en s’avançant vers moi. Aussitôt une voix un peu rauque et fatiguée me dit brusquement <Qui est là ? – C’est moi, Sire, répondis je; je vous cherchais. – Et bien ! me dit à vois basse le prince, qui suivait l’Empereur, le bâteau est-il prêt ? – Oui, je vais vous y conduire>.

En arrivant au bord de l’eau, l’Empereur fit sonner sa montre, qui marquait onze heures et dit au prince Berthier de me dicter l’ordre de la retraite….. Le prince mit sa signature au billet et l’Empereur me dit; <Allez porter cet ordre !>, et aussitôt, sans s’inquiéter de l’affreuse obscurité ni de la tempête qui semblait augmenter le mugissement du vent et des flots, il monta dans la barque avec les trois personnes qui le suivaient, on leva les amarres et le bateau, lancé comme une flèche, disparut à l’instant… »

Aux cotés de Napoléon, Berthier et Savary, mais également le colonel russe Tchernitchef, le feldmarschal autrichien Weber (grièvement blessé, il va mourir peu de temps après auprès de sa sœur, à Vienne: « je meurs volontiers, car, avant, j’ai vu le maître du monde trembler » aurait-il dit) et Roustan.

Le retour de Napléon le soir du 22 mai
Le retour de Napléon le soir du 22 mai

Le 23 mai, venant de Wolkersdorf, où il avait établi son quartier-général, l’empereur François passe son armée en revue. Là, devant les troupes en ordre de bataille, il embrasse son frère Charles et le prince Jean de Liechtenstein, provoquant l’enthousiasme des soldats.